Cette année, Feu à volonté n’a pas reçu d’invitation média de la part de l’équipe d’Osheaga. Suspectant que c’est parce que nous sommes trop drôles, Mathieu a décidé d’y aller quand même, mais sans payer, en se lançant le défi de trouver une façon différente chaque jour pour accéder au site. Son récit vous est ici livré.
J’arrive sur le site d’Osheaga en cette première journée à 6 h 30 du matin. En effet, pour réussir à avoir ma première passe, j’ai décidé de travailler comme technicien pour Evenko et de participer au montage des installations de commanditaires pendant deux jours. Un total de 17 h de job réparties en moins de 24 h me permettra d’obtenir une passe all access pour la soirée du vendredi. On pourra pas dire que je me suis pas donné, comme en témoignent les 12 ampoules que j’aurai plus tard sur les pieds et la tendinite que j’ai développée.
Finissant mon shift à midi pile, je prends le temps de me changer pour aller m’installer à l’avance sur le faux gazon brûlant près de la Scène des Arbres, aka la scène avec le moins d’arbres. Au passage, je prends également quelques photos d’installations qui tiennent de façon louche et sur lesquelles j’ai parfois moi-même travaillé. Vous ne les verrez toutefois jamais puisqu’elles étaient sur mon cellulaire. (Vous allez comprendre pourquoi plus bas, continuez la lecture! #suspense)
À 13 h, c’est à Vulvets d’ouvrir officiellement mon premier Osheaga. Vêtues de leurs habituelles robes colorées, les filles se présentent avec un grand sourire devant le public encore intimiste. La palme du meilleur suit revient cette fois à Dorothée, parce que j’aime bien les flamands roses, qui sont en parfaite harmonie, à ce moment-là, avec la température encore estivale de Montréal. Bien en énergie, le quatuor nous présente un show sans anicroche, parfait pour bien amorcer le tout.
Je me déplace ensuite tranquillement pas vite vers la Scène Verte où était normalement programmé BadBadNotGood pour 14 h 45. En y allant, je fais une pause sur la Scène de l’Île, le temps d’anticiper avec plaisir le bout où je devrai tanguer sur la brosse pour aller voir un show.
Je me rends ensuite sur le terrain gazonné de ma destination et profite de la prestation de Blaenavon, un jeune band anglais qui doit ben triper sur New Order, pour faire une sieste. Oubliez pas que je suis magané d’avoir fait un 9 h AM – 1 H AM et 7 h AM – midi de job… En tout cas, moi je m’en souviens!
Et c’est à ce moment que le déluge survient. Une pluie magistrale, de type 43 sur l’échelle de Richter, vient arroser allègrement le site d’Osheaga et son public légèrement vêtu. Alors que tous tentent tant bien que mal de se protéger de l’averse, moi je me sors une Four Loko de mon sac de technicien et je marche tranquillement dans les allées pour aller me bencher sur un divan gonflable tout en criant non-stop «Osheaga tabarnak». Oui, je suis déjà un peu affecté à ce moment de la journée. Finalement, des gens viennent me jaser et prendre des photos, signe que je suis un excellent remplacement aux shows qui sont annulés les uns après les autres.
Heureux de ne pas être mort noyé, où écrasé durant la chute d’une quelconque installation instable comme le gars dans la vidéo ci-dessus, je retourne à la Scène Verte, où BadBadNotGood rejoue en remplacement de De La Soul, qui a laissé tomber Montréal.
Seule déception: avoir manqué Noname à cause de la météo. Sinon, trois minutes après le début du show des quatre Torontois, la pluie reprend. Pas chanceux, les jazzmen: ils avaient eu droit au même traitement lors de leur show extérieur à OUMF en 2015. Ne se laissant pas impressionner, le drummer décide de continuer le show tout seul, en jouant des rythmes et en invitant le monde à chanter par-dessus. On aura droit à Thunderstruck pis Seven Nation Army, deux chansons très jazz, vous en conviendrez. Les gars reprennent finalement le show pour quelques minutes de soleil à mon plus grand bonheur. Reste qu’au final, je donne un A pour l’effort, mais pas pour la qualité du show. Dommage!
Je me retourne et Sampha prend d’assaut la scène d’en face, audacieusement vêtu d’un genre d’imper à bretelles/sac. Je suis pas sûr de tout comprendre, mais je suis pas très deep dans le #modegame non plus, faut dire. Sa musique reste toutefois plus accessible que son linge, et il nous présente le contenu de son excellent album Process dans une formule assez statique et mellow. Pas mon show préféré, mais reste que le gars est solide dans ces interprétations.
Encore une fois, je n’ai qu’à me revirer de bord pour pogner le prochain show, et c’est en l’occurrence celui de Car Seat Headrest qui débute. Voulant visiblement que les gens le comparent encore plus à Rivers Cuomo de Weezer, Will Toledo porte pour l’occasion des grosses barniques, du linge preppy et un toupet qui ferait rougir d’envie n’importe quel jeune emo. Très fort.
Sinon, côté musical, les gars font dans l’assez épique, ouvrant le show sur Vincent, version allongée avec plus de solos. Je reste pas mal bouche bée pendant les 40 minutes du show, où ne seront d’ailleurs jouées que six tounes tellement les gars se gâtent. Pourquoi faire un pacing de show à l’avance quand tes tounes durent toutes 7-8 minutes, hein! Le résultat final est pas mal un de mes shows préférés de 2017.
Étant maintenant avec pas mal de chums de d’autres médias qui se sacrent assez ouvertement de Milky Chance, on décide d’aller manger et de visiter la section VIP, aka l’autre caliss de bout du monde. Après une marche d’une dizaine de minutes, on arrive dans un bar sec – potentiellement le seul endroit pas mouillé sur le Circuit Gilles-Villeneuve –, et je mange une poutine avec des tater tots à la place des frites. #osheagras2017
Le temps de finir de me mettre chaud à faible coût, il faut déjà repartir pour aller pogner la fin de MGMT. Je vais me placer habilement dans la zone VIP près de la scène de la Montagne. La terrasse, qui accueillera Justice plus tard, semble être un bon endroit pour sniffer du Ritalin en mâchant du mush, si j’en crois les dires de deux dudes assis à côté de moi.
On finit par jaser un peu en écoutant les trois tounes de Oracular Spectacular connues du band, laissant de côté tout ce qu’il a fait d’autre depuis et à quoi personne ne semble jamais s’être intéressé. Pas grave, tu peux rider sur un méchant bon bout de temps avec une toune comme Kids.
Il est rendu 20 h 30, il pleut toujours et Justice monte sur scène. Pis là, le fun commence après une journée correcte, tout au plus. Les deux gars se placent entre un mur d’amplis Marshall qui flashent et jouent quasiment dos au public, probablement pour se protéger les yeux de l’orgie d’éclairage qui les accompagne et éviter de se faire rôtir comme un délicieux poulet Piri Piri par les projecteurs.
Remixant eux-mêmes leurs chansons, mais dans une formule live, le duo français a juste l’air vraiment de deux rockeurs bad-ass en coat de cuir, ce qu’ils sont visiblement devenus à coup de tounes toutes plus grasses et violentes les unes que les autres. Le rappel sera d’ailleurs constitué de Chorus, un moment très fort de musique.
Pour bien finir ma soirée, quoi de mieux qu’un show de Lorde. Moment confession ici: je tripe vraiment beaucoup beaucoup et sans ironie sur la musique de la fille. Faque je suis vraiment heureux de pouvoir assister à son show en sol montréalais, surtout de la bien située terrasse VIP Virgin Mobile, à laquelle j’ai accédé en déclarant être Marc-André Mongrain de Sors-tu.ca; un habile stratagème que je compte répéter de plus en plus souvent.
La Néo-Zélandaise commence avec un bunch de tracks de son premier album, que je chante avec un peu trop de plaisir, et un cover de Magnets, sa chanson avec Disclosure. Je danse pas mal sur tout ce qui se passe, mais à ce moment-là je sais plus trop si c’est parce que c’est bon ou si c’est à cause des trois Monster que je viens de boire en moins de 15 minutes pour rester réveiller.
Elle sera accompagnée de danseurs, et éventuellement de Tove Lo et même de Martha Wainwright, qui viendra ne pas dire un criss de mot pendant un cover de sa chanson Bloody Mother Fucking Asshole. Le public semble emporté par la prestation, que je quitte finalement avant la fin pour éviter d’attendre une heure et demie en file pour me rendre jusqu’au métro. Je raterai donc Green Light, ce qui anéantira un peu ma fin de soirée. Pis once again: aucune ironie ici. Les gens ont jamais l’air trop sûrs quand je dis aimer Lorde dans la vie…
Après avoir finalement dormi comme un très gros bébé, selon les dires de ma blonde, je me prépare pour ma journée de samedi comme le pire des cons. Ne voyant pas de pluie dehors, je décide en effet de me rendre à Osheaga en vélo. Il commencera à pleuvoir après seulement 8 minutes de pédalage et je reste dans Villeray, je vous laisse donc imaginer l’ampleur de mon imbécillité notoire. Mon cellulaire y laissera d’ailleurs sa peau par ma faute. Dieu ait son âme.
C’est donc bien humide, mais au très gros soleil, sorti seulement à mon arrivée sur l’île Sainte-Hélène, que je vais voir Le Couleur, sans toutefois participer au show. C’est d’ailleurs à eux que je dois mon entrée gratuite du jour, alors que j’ai réussi à me tailler une place sur leur guestlist pour la journée. Donc, pour éviter tout conflit éthique, je dirai seulement de leur show que je suis bien heureux de les voir performer avec un gros système de son professionnel et que la participation de Paul Hammer de Savoir Adore a quelques chansons est très efficace.
Je me déplace ensuite pour voir Heat et je commence enfin à apprécier mon Osheaga. Je m’assois stratégiquement loin du stage, mais près des fontaines d’eau de l’entrée, me rafraîchissant ainsi un peu tout en chillant sur une trame sonore parfaite pour ce faire. Les gars sont en forme, Susil Sharma s’assure d’être aimé du public et moi, je mange plein de jerky de bœuf donnés gratis à une tente pas loin. Qu’est-ce que tu peux vouloir de plus pour passer un bel après-midi, hein? De la bière, oui. Mais comme elle est fucking 9 $, je reste sobre.
De retour à la Scène de la Vallée, je vais voir le show de Beach Slang. Le public assiste ici d’ailleurs à un festival d’incongruités qui me fait sentir bien à ma place. Le fun commence en effet quand James Alex achète une demi-bière tablette 20 $ à un dude du public entre 2 tounes.
On aura ensuite droit à 4 fois l’intro de Smooth de Santana pis Rob Thomas (une inspiration pour le groupe), à pas mal d’interventions pas rapport, pis à un correct cover de Where Is My Mind des Pixies. Un show assez bien rempli, mettons. Pis qui confirme aussi que la bière est vraiment hors de prix à Osheaga.
N’ayant plus de cellulaire, je me retrouve aussi sans horaire et je commence à avoir un peu de misère à me souvenir des bands que je veux voir. En entendant les premières notes du show de Peter Peter en face, je me souviens toutefois que je veux sacrer mon camp ailleurs, et je tombe finalement sur le show de River Tiber à la scène qui flotte.
Si les douches ne semblent pas trop catcher pourquoi trois hipsters torontois avec des guitares ont pris possession de leur QG, la partie réellement mélomane du public pogne agréablement de quoi. Le chant R&B de Tommy Paxton-Beesley est encore plus efficace en live que sur album et on espère au final qu’il déménage à Montréal, comme il affirme l’envisager.
Je quitte un peu avant la fin pour ne pas manquer Temples. À ce moment-là, vu la chaleur, je décide d’adopter un look d’inspiration hippie: je déboutonne ma chemise et je noue autour de ma tête un bandana, qui m’a été donné gratis par une compagnie de pot plus tôt dans la journée. Quatre personnes me demanderont si je vends de la drogue dans les quinze minutes suivantes. Le côté psych efficace de Temples doit d’ailleurs aider le phénomène. J’imagine que, ben gelé, tu dois comprendre pas mal d’affaires de leur musique, contrairement à quand ils parlent avec un insane accent anglais. Moi, je fais plutôt une sieste dans le faux gazon, again.
Je passe ensuite l’heure suivante à tenter, comme la veille, de m’infiltrer dans les VIP, où chillent pas mal tous mes amis, et je décide d’arrêter et de faire du jogging quand un dude veut caller la sécurité. Ma petite course de santé m’amène finalement au show du très dad-rock Liam Gallagher. Malgré la température de 28 000 degrés Celsius, le gars porte un coupe-vent sur scène, et on craint qu’il ne parte après 20 minutes comme il l’avait fait deux jours avant à Lollapalooza. Finalement, il ne le fait pas, mais ça reste assez plate comme prestation, surtout que le tout se conclura sur Wonderwall, qui reste quant à moi la toune la moins intéressante de tout le mouvement Madchester.
Plus efficace, Danny Brown enchaîne sur la Scène Verte. Avec un dj qui a l’air gelé comme une balle et un suit qui ressemble à un pyjama de Godzilla, le rappeur frappe fort. Tellement fort que je me fais éventuellement crisser à terre par le dude de la sécurité qui voulait me sortir plus tôt au VIP parce qu’il est trop sur le party. On se réconciliera finalement à force de crier «pussy» et «molly» sans arrêt. Je suis sûr que si Jésus avait utilisé cette technique-là, dans le temps, il serait jamais mort crucifié. Au final, je pense que c’est ce show aura été celui avec la crowd la plus intense et la plus motivée du festival.
Commençant à être affamé, je décide de visiter la section bouffe non-VIP du site et de me prendre une poutine. Grave erreur: 9 $ plus tard, je me retrouve avec un poutine au mozzarella râpé à saveur de sel. Une chance que je peux aller voler du beef jerky non-stop pas loin pour le reste de la journée!
Ce sera d’ailleurs ce que je ferai durant l’excellente performance des légendaires Broken Social Scene sur la Scène de la Montagne. Avec la formation originale au grand complet, y compris Emily Haines, le band fait plaisir à voir. On passe surtout par des nouvelles tracks, mais Texico Bitches me met ben de bonne humeur, plus que les filles devant moi qui passeront l’entièreté du show à se photographier duckfaces et underboobs et sirotant des bouteilles de vodka format mini-bar.
Dans ce show-là, tout est trop gros: plein de guitares, des cuivres partout. C’est rendu tellement too much que tu peux juste trouver ça beau à entendre comme prestation! On aura finalement droit, pour mon plus grand plaisir, à une prolongation de 15 minutes du show, Tory Lanez ayant visiblement de la misère à partir en face.
Et question de continuer dans l’épique et la qualité, je me rends au show de Father John Misty tout de suite après pour avoir une bonne place. Je dois par contre endurer le show d’Arkells en face, qui n’arrête pas de chanter des tounes qui parlent de pluie. Pour une fois qu’on a du soleil, tsé…
Josh Tillman embarque finalement sur scène, commençant directement sur Pure Comedy, et ça me prendra juste trois minutes avant de me mettre à pleurer un petit peu parce que c’est beau. Très théâtral dans ses interprétations, Tillman fait l’inverse de ce qu’il fait d’habitude et ne perd pas une seule seconde à parler au public.
Il faudra attendre qu’il se coupe avec son pied de micro, pour qu’il ne s’adresse à nous. Ce sera pour nous dire qu’il est déçu de ne pas pratiquer un style musical qui lui permet de s’étaler plein de sang dans la face, avant de tenter de s’étaler plein de sang dans la face, sans succès. Finalement, probablement à cause des appels incessants de l’autre con à Max Kerman, la pluie re-kick-in pendant Nancy From Now On, juste pour ajouter au côté dramatique de la chose. Le show se termine finalement après douze chansons, quatre pieds de micro remplacés et sur I Love You Honeybear, moment où je me remettrai d’ailleurs à pleurer un ti-peu. #mâlealpha
Pis vu qu’après ça, tout a l’air un peu plate, comme sur lendemain de MDMA, je reste pas trop longtemps à Nicolas Jaar et je décide d’aller faire dodo. Je profiterai quand même de ma marche vers le métro pour crier en mongol Resistance de Muse, qui joue en background. Une belle fin de soirée!
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