Un nouveau record du monde a été battu hier lors du show de Metallica alors que rien de moins que 130 000 toebats se sont réunis sur les Plaines d’Abraham. On nageait dans le royaume du mononcle saoul et du quarantenaire de la classe moyenne ayant momentanément oublié la notion de respect dans son pick-up: le rêve quoi. Retour sur une soirée qui a donné raison à tous mes préjugés de Montréalais.

Je quitte mon chez-moi d’accueil vers 14 h, question d’aller rejoindre un ami qui avait dormi devant la gate des Plaines pour s’assurer d’être dans les premiers entrés sur le site. Je suis alors déjà conscient que je me lance dans une mission plus que périlleuse, digne d’un véritable Bear Grylls urbain. Il fait en effet particulièrement chaud et ensoleillé, et si je me suis muni d’un agréable lunch composé de salade de pâte, j’ai oublié de partir avec la source de vie par excellence: de l’eau.

Rendu sur le site, je suis évidemment trop pauvre pour en acheter et commence à sécher tout en cherchant mon téméraire chum. J’apprends finalement qu’en grand génie, il a oublié sa passe à Montréal et est en train de se taper un aller-retour à ce moment précis. Si je me fie à Garou, je serai au moins enfin en mesure d’aimer. Je réussis finalement à repérer un autre ami, et on va s’installer dans l’inconfortable moton de colons pour un bon deux heures. #livingthedream

On assiste alors à des scènes surréalistes: un paquet de dudes entre 30 et 50 ans sont installés sur des chaises de camping en chest partout, calant de la Coors Light et de la Molson Ex à la tonne, écoutant du Metallica trop fort sur des speakers et s’envoyant chier l’un l’autre parce que c’est comme ça que les vrais mâles agissent.

Régulièrement, on voit des gens trop saouls et/ou déshydratés qui doivent quitter pour éviter l’hospitalisation et d’autres qui passent près de se battre parce qu’un groupe plus en avant a invité du monde à se joindre. Question de combattre l’insanité ambiante, des jeunes ont apporté un jeu d’anneaux qu’ils lancent dans la foule. Autre rare moment de bonheur collectif: un hélicoptère passe pas loin et tout le monde se met à crier comme des Mongols, comme dirait Jean-Sébastien Girard. À ce moment-là, la file s’étend jusqu’à Sao Paulo.

Camion gris / Crédit capture d'écran : Romain Thibaud
Camion gris/Capture d’écran: Romain Thibaud

L’organisation ouvre finalement les portes un peu plus tôt que prévu, soit vers 17 h 30, et l’on doit alors se frayer un chemin à travers un véritable dépotoir. Les gens situés à l’avant n’ont en effet pas pris le temps de se débarrasser proprement de leurs déchets et on retrouve même des bouteilles remplies d’urine un peu partout.

Je vous laisse imaginer l’odeur, surtout lorsque tout a macéré depuis quelques heures à 27 degrés. Personnellement, je tombe éventuellement sur une glacière dans laquelle je trouve deux canettes de Pepsi encore intactes. Le nectar est doux, et je suis heureux de pouvoir m’abreuver sans avoir à pisser dans un serpent, comme dans la vidéo ci-dessous. Un autre, plus aventureux, décide de boire les fonds de bouteilles de bière qu’il trouve. Je reste persuadé qu’il est mort moins d’une heure plus tard, quand l’équipe d’urgence évacuera en ambulance une personne pas trop loin de moi. Je réussis finalement à entrer en terre promise vers 17 h 50.

Après deux heures debout, je décide d’aller m’asseoir dans la section colline du site et on tombe finalement sur un spot juste à côté d’un Beauceron bien en forme et jasant. Pas de problème, je me dis, ça va faire passer le temps. Après 30 minutes, il se lance sur le glissant sujet de «je me demande ce qui se passerait si y’avait un attentat terroriste en ce moment». Prévoyant, un dude juste à côté décide de lui offrir un joint pour changer subtilement de sujet. Je lui lance un regard reconnaissant. Et au moment où le premier allait reparler, Metalord monte sur scène. Sauvé par le gong!

Le groupe que j’avais découvert au Rockfest joue aujourd’hui sans le Petit Jérémy, un avantage notable côté crédibilité. Dans le même ordre d’idée, le fait que 70 % de leur répertoire sonne comme du vieux Metallica viendra leur promettre un succès inégalé devant une foule venue témoigner de son adoration sans bornes aux idoles trash.

Le set se déroule bien, les gars étant assez talentueux, et le public se laisse embarquer par le groupe local dans une aventure bien métallique. Seul le conglomérat de matantes dans lequel je suis installé ne semble pas voir d’un aussi bon œil le groupe, et je ne comprends pas l’intérêt de venir voir un show de métal si tu n’aimes pas le genre. Encore une fois, je suis étonné par la relation quasi-malsaine qu’entretient Québec avec le band de LA.

C’est ensuite au tour de Voivod, band mythique au Québec ayant également bénéficié d’un succès international dans les années 80-90, ne l’oublions pas. D’ailleurs, pour poursuivre dans la minute geek, Wikipédia nous apprend ceci: «Le Voivod est un chevalier-vampire-androïde de l’ère post-nucléaire. Inspiré d’une légende transylvanienne, cet antihéros est sorti tout droit de l’imaginaire de Away, le batteur, auteur et illustrateur du groupe.» Merci, Wikipédia.

Le band n’a pas vraiment besoin de travailler pour aller chercher le public, déjà conquis. Même sans Denis D’amour, décédé en 2009, le groupe réussit à rendre justice à sa gloire d’antan. Seul Snake semble avoir perdu un peu de sa voix, mais on se console en écoutant le drum, toujours aussi solide et incompréhensible à la fois. Naviguant dans leur vaste catalogue, les gars en profitent pour jouer un mélange de trash, de chansons un peu plus prog et même d’un vieux rock’n’roll pour l’occasion. Un show qui vient au final presque concurrencer ce qui suivra!

À ce moment, je décide d’aller rejoindre du monde dans la foule. Grave erreur, puisque je perdrai non seulement ma place assise, mais je ne retrouverai jamais qui que ce soit. C’est beaucoup de gens 125 000 personnes, quand même! C’est donc seul et me fiant principalement sur un écran de projection que j’aborde le concert de Metallica.

Avant même la traditionnelle intro d’Ennio Morricone, les fans sont déjà too much. Le Messie est en ville et, l’espace d’un instant, on pourra oublier toutes ces histoires de Troisième lien et d’enverdeurs montréalais. Au moment de leur entrée sur scène, je me dis que les gars du band sont aussi laids en vrai que sur photo et n’ont vraiment pas l’air plus intelligents non plus. Mais qui se ressemble s’assemble, qu’on dit, hein! Enchaînant les hits dès le départ, le groupe s’assure déjà une réponse dithyrambique de la foule. Après une heure de show, Hetfield annonce que le groupe va maintenant commencer à jouer des tounes heavy, comme si le show ne l’était pas encore assez.

Personnellement, je garde quelques réserves par rapport à tout cela. Les interventions manquent de mordant et le rythme du show laisse un peu à désirer. De plus, des séquences instrumentales, bien souvent inutiles, viennent ponctuer les changements de costumes ou certaines chansons. Je pense ici par exemple à un moment où les gars jouent laborieusement sur de très gros tambours sans que ça soit impressionnant pour deux cennes, ou encore à la séquence où Kirk jouera de la guitare rythmique funk pendant une minute pour aucune raison…

Je vous avouerai toutefois que j’ai manqué l’orgie pyrotechnique finale, préférant quitter pour aller écouter Jacques Greene, un artiste qui entre un peu plus dans le mandat de FAV. Par contre, si je me garde quelques réserves, spécifions que le public ne semblait en avoir aucune.

Le temps de me rendre au Cercle, je tombe sur un show de Tintamarre. On m’explique que Greene ne jouera pas avant 24 h 30, et que j’aurais donc pu rester sur les Plaines et voir du feu autrement que sur de très laides projections.

Je décide tout de même d’entrer voir un peu le groupe et je tombe sur une foule de hippies et de rastas en sueur et qui sentent à mon humble avis pire que le dépotoir de l’après-midi. Les moshpits, ça fait travailler l’odorat. Le groupe ne m’intéressant pas particulièrement, je rentre plutôt chez moi. Minuit et demi, c’est l’heure de mon dernier autobus, je vous le rappelle…

Citation de la soirée: «J’espère qu’il nous fera pas un Bob Bissonnette!» – Un dude en voyant l’hélicoptère passer.

Programme de demain: Mauves, Kelala, Danny Brown, Gorillaz, DJ Laurentia.

2 réponses

  1. « Retour sur une soirée qui a donné raison à tous mes préjugés de Montréalais. »

    Une chance que j’ai habité Montréal, pcq tu serais parfait pour alimenter une caricature de préjugés sur les Montréalais.

  2. C’est ça le but du gag,  »Mon nom ». Thanks pour ta compréhension.

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