Ex Eye

Ex Eye

Relapse Records

*** 1/2

Ex_Eye

La nouvelle formation Ex Eye, menée par l’incroyablement productif saxophoniste Colin Stetson, nous a pondu un intrigant premier album. Une sortie loud que l’on retiendra surtout pour sa capacité à nous étonner constamment. Si la collaboration entre Stetson et Greg Fox, le batteur de Liturgy, n’aura étonné absolument personne, Fox ayant participé au dernier album du premier en plus de travailler avec lui sur le dernier de Sarah Neufeld, il n’en reste pas moins que l’ajout de Shahzad Ismaily et Toby Summerfield, que l’on connaît moins, tient de l’événement. Parti en surprise et annoncé juste à temps pour la tenue de l’édition montréalaise de la Red Bull Music Academy, le projet aura finalement porté fruit et nous aura légué au moins un album homonyme.

Combinant des influences free jazz, évidemment, et un background métal, la proposition nous offre une musique résolument post et près de l’esthétique que Montréal aura contribué à faire connaître internationalement depuis le milieu des années 1990 avec l’avènement de Godspeed You! Black Emperor (et de l’entourage de Constellation Records). Ex Eye s’y intègre à merveille, créant sa voie vers des territoires arides et inconnus, mais confortables pour l’auditeur averti. Entre les tourbillons incessants du génie Stetson, les autres membres s’effacent juste assez, dans un souci de cohésion optimale.

L’ouverture, Xenolith; The Anvil, nous tient en haleine. Une pièce puissante, violente, qui surprend d’emblée. Sur la seconde pièce, Opposition; Perihelion; The Coil, c’est le jeu de guitare de Summerfield qui marque. Implacable dès la troisième minute, il mène l’ensemble vers une montée en puissance sans aucune hésitation. La chute sera ensuite longue et profonde, comme on les aime. Plus calme, Anaitis; Hymnal; The Arkose Disc nous berce tout d’abord avec ses drones plaintifs avant de nous assommer sous une pluie de percussions. La seconde moitié de la composition flottera plus loin, avec nostalgie et épuisement. Finalement, Form; Constant; The Grid semble la plus rassurante. Plus près du son post-métal vaguement prog que l’on connaît déjà, elle navigue vers un cap attendu, mais tout de même bien réussi. Le résultat final: quatre morceaux un peu décousus, mais liés par leur audace et leurs interprètes virtuoses.

La seule question qu’il nous reste à la suite de l’écoute est la suivante: où survient la limite entre un jam semi-contrôlé et un jeu maîtrisé? Avec des musiciens de génie comme Stetson sur un projet, il est toujours difficile d’établir une réelle limite fixe. La présentation live du projet nous présentera-t-elle un copié-collé de l’album, ou tout simplement l’univers d’un groupe sans limites? Ceux qui ont déjà vu la formation sauront me répondre, mais d’ici là, je me plais tout de même à entretenir le doute: Ex Eye tient-il plus de la captation que de l’album?

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