As-tu déjà vu un solo bluesy de 5 minutes de sitar? Ben j’ai vu ça samedi avec une quantité assez infinie de bonnes tracks de guitare pendant le show des Japonais Kikagaku Moyo au Ritz PDB. Une soirée où ils étaient accompagnés des très bons Whitney K et des étranges Year of Glad.

Crédits : Jamie Wdziekonski
Kikagaku Moyo / Photo: Jamie Wdziekonski

Dès son annonce, le show a commencé à susciter des émotions assez variées. Faut dire que de placer un band à 8 h du soir, c’est assez inhabituel pour Blue Skies Turn Black, mais je vais vous avouer ben franchement que je suis assez down avec l’idée. Rentrer chez moi à 23 h au lieu de minuit ou 1 h, j’haïs pas ça à l’occasion pis ça devrait se faire plus souvent. #éditodouverture!

La soirée s’ouvre avec les Vancouvérois d’origine Whitney K, une sorte de réincarnation parfaite de Lou Reed, mais avec un côté troll assumé vraiment plus présent. Très slacker dans son attitude, Konner Whitney, avec ses deux musiciens, ne parle que peu au public, ne signale pas les fins de ses chansons, provoque de longs silences malaisants et écourte inutilement son set. Ça pourrait honnêtement en choquer plusieurs, mais il faut vraiment considérer le tout comme une provocation volontaire et assez efficace. Tout ça jumelé avec la musique très 60’s inspired et les solos avant-pop du projet, on obtient un résultat fort convaincant qui est intéressant à voir et à revoir. Les quelques personnes déjà arrivées semblent de mon avis dans tous les cas, même si les applaudissements se font relativement sobres.

La salle se remplit un peu plus pour l’arrivée de Year of Glad, un choix qui me semble un peu étrange. On parle de deux bands très rock’n’roll dans l’essence et amateurs de gros solos qui se retrouvent à jouer en sandwich avec un band indie-post. J’ai un peu de difficulté sur le coup, surtout que l’attitude des musiciens me sidère. Alors que le claviériste, la violoniste et l’un des guitaristes sont statiques comme c’est pas possible, les trois autres membres headbang comme si leur vie en dépendait sur un genre de loud Sigur Rós. À un moment, je me demande même si le chanteur ne serait pas en train de faire une crise d’épilepsie pis de mourir devant nous… Pas mon band préféré, mettons, mais je vais au moins leur donner un peu de points pour l’énergie. Et le public semble aussi triper fort. C’est peut-être juste moi qui ai pas compris… Dans tout les cas, je commence à avoir hâte à l’arrivée des Japonais sur le stage, même si la perfo ne dure que quatre chansons.

Et le quintette nippon se présente enfin sur scène aux alentours de 22 h, alors que tout va vraiment décoller. Si plusieurs chansons sont vraiment planantes et calmes sur album, en show, le groupe ne sélectionne pas mal que ses tracks psych de House in Tall Grass et du récent Stone Garden avec des solos. Si tout le monde tripe sur King Gizzard and the Gizzard Lizard, ben honnêtement, faudrait écouter plus de Kikagaku Moyo pour leur côté encore plus complexe en matière de compositions et pour la variété des ambiances. Avec deux guitares pis un sitar, ben ça t’en fait des possibilités de jams concluants et c’est exactement ce qu’on a eu. Parlant peu, la barrière de la langue faisant malheureusement sa job, le groupe laisse toute la place à sa musique et j’ai rarement vu le Ritz triper autant sur un set. Au final, la perfo reste relativement courte, parce que ponctuée principalement de pièces avoisinant les sept ou huit minutes, mais le rappel vient conforter tout le monde. Une toune de dix minutes qui laisse son moment de gloire à chacun des membres sur un rythme en dents de scie réussit à convaincre les rares qui ne l’étaient pas déjà. Les gars quittent finalement en nous assurant vouloir revenir bientôt et personnellement, j’ai déjà vraiment hâte.

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