C’est avec beaucoup de détermination qu’on s’est trompé de sortie deux fois pour se rendre à Sainte-Thérèse, jeudi soir, pour le début du Festival Santa Teresa. Retour 1 de 3 sur un Festival qui se déroule sur la Rive-Nord de Montréal. Le dépaysement, quoi.
Par Élise Jetté et Mathieu Aubre
Lydia Képinski et Les Louanges
C’est dans un petit bar nommé le Saint Graal que Vincent Roberge (Les Louanges) joue en solo juste avant Lydia Képinski. S’il y avait eu un jury, une limite de temps de 30 minutes de perfo et Laurence-Anne, on se serait cru au Club Soda le 8 mai #Francouvertes, mais avec moins d’espace pour faire des chorégraphies.
Les Louanges réussit à nous proposer une recette solo qui fonctionne. Celui que nous avons l’habitude de voir en formule band remplace à maintes reprises les autres instruments par les moyens du bord: du beatbox pour le drum, d’habiles onomatopées de bouches pour la guitare et un solo de coco de Lydia pour remplacer le piano. Aussi débrouillard que Gregory Charles en 1998, ce Vincent!
Lydia entre ensuite en scène en demandant «vous avez ça, vous autres, à Sainte-Thérèse, des autos?» «C’est quoi, elle vient-tu du Plateau, cette fille-là?», de rétorquer un disciple du Graal. Elle entame ensuite Toronto, une toune qui parle de crever les pneus de char de quelqu’un.
En mentionnant que Sainte-Thérèse, c’est la ville du vice, elle annonce qu’elle va faire une reprise non autorisée et donc illégale. Et c’est ainsi qu’elle entame Les temps sont fous de Daniel Bélanger. Un moment fort. On appréciera le set list plus long que celui qu’on a entendu deux fois (préliminaires, demi-finales) aux Francouvertes. Elle a joué 10 CHANSONS!
Si les deux artistes démontrent une solide agilité à jouer devant des gens qui n’écoutent pas, le bar où nous nous trouvons, quant à lui, ne semble pas conçu pour recevoir dans ce genre de circonstances. Les tables occupant presque tout le parterre se trouvant derrière la minuscule zone de chilling-devant-le-stage, il advient que seulement les dix personnes qui réussissent à s’entasser dans ladite zone peuvent voir le show. Les autres, lassés, sont distraits et ne peuvent s’empêcher de ne jamais fermer leur yeule. (É.J.)
Rencontrer les Mêmes-Cacaïstes et leur œuvre
C’est devant le Saint Graal que déambulent les Mêmes-Cacaïstes avec une œuvre mobile poussée sur un diable. Conçue avec des buches de bois garnies de billes ainsi que des grosses cordes qui, poétiquement, deviennent des moyennes, puis, des petites cordes (et de la soie dentaire à la toute fin), la structure est également agrémentée de deux avocats (les légumes (fruits?), pas les gens de droit) aux poignées. Après discussion avec les artistes, il a été dit qu’un navet avait jadis fait partie du monument d’art (jadis: vers 17 h environ), mais qu’une voiture a roulé dessus après sa chute dudit monument. On a promis de garder un œil sur l’évolution du projet artistique en mouvance durant tout le week-end! (É.J.)
Passer proche de voir Corridor
En remontant un peu la rue vers là où les choses se passent, j’entre au Montecristo pour voir Corridor. J’attends que le show commence pour entendre quelques nouveaux trucs du groupe qui sort son nouvel album au mois de mai, mais près d’une demi-heure après l’heure de début supposée, le show n’est toujours pas commencé. Les jeux à notre disposition ne réussissent pas à satisfaire mon TDAH donc je traverse la rue pour visiter le bar HB, le night club de Sainte-Thérèse.
Le HB est bondé de gens en camisoles (il a fait chaud aujourd’hui!) et de personnes que j’aurais sûrement cartées. Il y a foule. C’est normal. C’est là que l’ambassadeur du festival Lou-Pascal Tremblay, idole des jeunes cools et branchés, se tient avec ses amis. (É.J.)
City and Colour
Dallas Green se présente devant la foule massée dans l’Église Sainte-Thérèse-d’Avila. Celui qui a choisi Santa Teresa pour lancer sa nouvelle tournée solo semble assez calme, mais tout de même heureux de venir visiter pour la première fois la Rive-Nord montréalaise et ça paraît dans ses interventions. Drôle et sympathique dès le début, il profite des pauses entre ses nostalgiques chansons pour faire rire un peu le public. Pour vous donner une idée du mood, je retiens principalement l’intro de la chanson Friends, ici traduite, par respect pour PKP: «Est-ce qu’il y a du monde ici qui sont venus avec des amis ce soir? Parce que la prochaine chanson parle de ma relation avec mes amis. Elle s’appelle Friends. On peut pas toujours être créatif en tant qu’artiste, tsé. Y’a des limites des fois à ce que tu peux faire…» Assez cool!
Le son aussi est très bien (étonnamment, vu le potentiel de résonance d’une église), et se prête bien aux subtils éclairages qui accompagnent l’artiste. Au final, Green passera la moitié de son set accompagné par un multi-instrumentiste qui alterne entre lapsteel, orgue et guitare pour ajouter au produit. Une bonne décision à mon avis parce que le show de 1 h 45 qu’il nous a offert aurait pu sembler long en véritable solo. Disons que l’artiste n’offre pas la musique la plus entraînante ever, même s’il reste toujours efficace dans sa propre production ainsi que dans le cover de Twilight d’Elliott Smith. Un bien joli spectacle au final, même si je suis déçu de ne pas avoir entendu de reprise acoustique d’Alexisonfire. (M.A.)
Dubé
Pour le show de Dubé, je me présente au Cha-Cha, établissement particulièrement pooky, mais bien sympathique selon les organisateurs du festival. C’est donc au doux son des machines à sous toutes occupées que le trio d’Ottawa se présente à nous en saluant Montréal. Visiblement perdu dans sa géographie québécoise, le chanteur saluera la métropole à cinq reprises au cours de son set.
Faisant dans le punk-rock assez loud, le groupe nous offre une succession de pièces souvent assez simples, mais il se permet quelques cool solos à l’occasion, notamment sur OK. Si les Ottaviens sonnent bien, ce n’est toutefois pas tellement le cas pour la sortie de son de la salle qui est vraiment trop forte. Presque la moitié de l’auditoire se promène avec des bouchons d’oreilles ou des écouteurs, dont moi, ce qui est vraiment, mais vraiment rare. C’est donc à mi-oreille que j’écoute le chanteur de la formation pratiquer son français pendant la première moitié du set, une belle initiative, quand même. Le trio termine sur un flou pas trop clair en jouant une dernière toune avant de décider de continuer «parce que personne leur a dit d’arrêter», tout en se faisant crier de façon vraiment insistante par un dude dans le public de jouer du Rage Against the Machine. Pas trop sûr d’avoir tout compris perso… (M.A.)
Zen Bamboo
Mon dernier show de la soirée sera celui de Zen Bamboo, quatuor montréalais masculin mené par le charismatique Simon Larose (affublé d’un gros boa). Dans un rock juvénile clairement marqué par les Strokes, les gars nous livrent des textes assez pertinents pour ce que l’on réussit à capter des paroles. Ma préférée: celle qui parle de la masculinité et du genre, mais dont je ne connais malheureusement pas le titre… Je pense qu’au final, le moment le plus marquant du set restera l’introduction en force de Larose: «Salut! On est Zen Bamboo pis on est à chier.» Je la placerais à égalité avec son «C’est une cool place, Montréal. Les loyers sont abordables…», dit sur le ton le plus sérieux. Un set drôle et bien livré. Je quitte finalement la salle alors que du July Talk se met à jouer sur le jukebox du bar. On aura au moins entendu le groupe une fois à Sainte-Thérèse durant la fin de semaine… (M.A.)
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