Dans un bar connu de bières microbrassées, je m’installe au bar en attendant des membres mystères du groupe Canailles qui viendront me rejoindre pour une série de questions. À huit membres, je ne connais pas le nom de tout le monde, mais j’aime dire fièrement que je peux identifier par un nom quatre d’entre eux. On garde en secret que je connais les deux premiers albums par coeur, la mémoire sélective me direz-vous? C’est donc Daphné Brissette et Erik Evans qui se prêtent au jeu des questions. On m’a envoyé les plus faciles; j’apprendrai le nom des autres en écrivant ce texte.

Montage par Cath Guay
Montage par Cath Guay

1- Troisième album. Ça fait depuis 2010 que vous travaillez ensemble. On a déjà vu des duos durer moins longtemps que ça. Y’a-tu quelque chose de magique?

Daphné: Ouais, j’pense qu’il y a plusieurs affaires. Des fois, y’a des périodes un peu plus rough où on sait pas si ça va continuer ou pas. C’est tough, avoir un band de huit, mais ça a beaucoup d’avantages. Ça fait que les shows se passent vraiment bien, on a vraiment une proximité et une réponse du public, c’est énergisant. J’pense que tout le monde s’entend pour dire que c’est avec ça que ça fonctionne. On a travaillé fort pour avoir du monde à nos spectacles et que le party lève. J’pense qu’on aime vraiment ça être ensemble et faire de la musique, c’est pas mal la base des affaires. Pendant notre période rough on s’est remis à composer et c’était pas mal évident qu’on allait refaire un nouvel album.

Erik: Depuis le début, on n’a pas une grosse ambition pour le projet. Ça fait qu’à chaque étape on a pris ça de plus en plus au sérieux pis ça toujours juste continué. Si on essayait de projeter dans l’avenir ce qu’on va faire, on ne le saurait pas, ce n’est pas important pour nous. Là, on a fait le troisième album et c’est notre récompense pour le travail qu’on a fait.

Canailles/Photo: Flamme
Canailles/Photo: Flamme

2- On peut lire dans le communiqué de presse que «Backflips a été enregistré tout le monde live, pas de métronomes, pas d’écouteurs, au Breakglass Studios dans le giron des Fêtes passées». À huit, ça doit déjà être difficile de vous entendre par moments, comment ça s’est passé en studio?

Daphné: Ah ben là, tellement bien.

Erik: Ça s’est vraiment bien passé.

Daphné: Je trouve que c’est notre plus belle expérience.

Erik: Là-bas, le studio est débile, c’est super beau et super bien fait. La façon que ça fonctionnait, vu qu’on tapait tout live, si certains devaient pratiquer ou faire un arrangement, ils travaillaient en mini-groupe pendant que les autres jouaient au Nintendo. Il y avait un sofa-lit aussi et plein de bouffe.

Daphné: On avait même un traiteur! Y’avait plein de bouffe partout.

3- Avec la collaboration avec Les Deuxluxes, avez-vous l’impression d’avoir ajouté un lustre que vous n’auriez pas eu autrement?

Erik: J’pense que oui. Par exemple, la dernière chanson de l’album a un style hawaïen avec des vibraphones et les huit vocals en même temps. On l’avait jammée un couple de fois et on avait quand même réussi à faire des arrangements de voix qui se tenaient, mais on a amené Anna France Meyer des Deuxluxes pour qu’elle prenne ce qu’on a fait, qu’elle le mette sur papier et qu’elle replace un peu les voix. Finalement, c’est devenu orchestral, son apport a vraiment été important là-dessus. Elle a aussi fait une ligne de voix sur la chanson, c’est du bijou. Sinon, Étienne Barry à ajouté du piano sur Backflips et c’est un sacré musicien.

Daphné: J’pense aussi qu’on aime beaucoup travailler avec nos amis. Ça commence à faire plusieurs années qu’on fait des shows avec Les Deuxluxes et c’est vraiment une belle collaboration. Ça nous prenait vraiment quelqu’un pour diriger les voix.

4- De quoi parle le single Backflips?

Daphné: C’est un blues de filles et c’était vraiment tought écrire une toune sur ce sujet-là. On voulait pas tomber dans les sujets quétaines de gars et on tenait à ce que ça ne sonne pas copié. On s’est inspirés de nos amis, parce qu’on a beaucoup d’amis qui tournent autour du band. Ça parle de quand on prend des mauvaises décisions, mais qu’on aime vraiment ça. C’est comme notre petit côté maso qui nous montre qu’on aime ça être dans marde et flirter avec le mal des fois. C’est pas nécessairement des trucs qui nous apportent du bien, je sais pas pourquoi, mais ça défoule. Au final, on reste toujours dans nos vieux patterns pi on aime ça.

Erik: Quand on fait la toune en show, j’arrive pour chanter le refrain et je me rappelle que je ne suis pas une fille.

Daphné: C’est au féminin, mais ça rejoint pas mal tout le monde.

4.1 Pensez-vous que ça donne le ton pour l’album au complet?

Daphné: Je pense que oui. Le laisser-aller et l’envie de se déconnecter de son mode de vie, c’est quelque chose d’assez présent dans l’album. Y’a beaucoup de folie parce qu’on est dans nos vies d’adultes pis on essaye de devenir des gens droits. Canailles, c’est un peu ça, on essaie d’offrir un laisser-aller aux gens.

5- Est-ce que c’est de ce laisser-aller que vient l’esthétique du carnaval qui est assez présente dans l’album, autant sur la pochette que dans les chansons?

Daphné: Ben ouais.

Erik: Quand même. L’esthétique de l’album c’est Daphné qui l’a faite et ce sont quatre illustrations qui représentent les thématiques de l’album.

Daphné: La piñata, y’a quelque chose de festif, mais destructeur. C’est un peu comme nous, ce métier-là a quelque chose de contradictoire. On est toujours entre la passion et l’incompréhension de ce qui nous arrive.

Illustration par Daphné Brissette
Illustration par Daphné Brissette

6- Dans la chanson Margarita, vous dites que vous avez fait «52 h pour une Margarita»… Savez-vous qu’il y en a des bons à Montréal aussi?

Daphné: Check ben. Cette anecdote-là est malade. On avait pas les permis de travail pour aller aux États-Unis.

Erik: On pouvait pas partir 9 personnes (Canailles et leur gérante) en avion avec des instruments de musique, c’était un peu trop sketch. Alors on a décidé de se diviser. Y’en avait qui partaient en train, d’autres en avion et d’autres en autobus. Comme j’avais manqué l’avion pour le Texas un mois avant parce que j’avais perdu mon passeport, y’a fallu que je le refasse faire. Daphné m’a convaincu de partir avec elle en autobus en disant «ça va être drôle». Alors on est partis en autobus pour Lafayette. Trois jours de transport.

Daphné: C’était pas confortable, on faisait juste dormir et manger.

Erik: Notre rêve c’était d’arriver là-bas au soleil et de se commander une grosse Margarita et c’est ça qu’on a fait.

Daphné: C’était vraiment bon.

Cath: Est-ce que c’était la meilleure de vos vies?

Erik: En tout cas la plus attendue.

7- Peut-être que c’est moi qui a l’oreille sensible à ça, mais j’ai senti une passe de rap dans la chanson Chu brûlé. Après avoir exploré plusieurs styles dans les trois premiers albums, est-ce que c’est une éventuelle avenue pour vous?

Erik: Le quatrième album sera exclusivement hip-hop.

Cath: J’suis vraiment contente, j’attends ça depuis le début.

Erik: Haha parfait. Non sérieux, je sais pas trop, on a plein d’influences et plein de styles. Ça a tout le temps été un mix de n’importe quoi ce qu’on fait. Je pense que ce qui est le liant dans tout ça, ce sont les instruments de musique qu’on a parce que si c’était une basse normale, une guitare électrique et un drum, on ne ferait pas du folk. Dans cette chanson-là, c’est Olivier et moi qui chantons et la petite passe à la fin c’est qu’on a décidé d’aligner les mots un peu trop vite et ça donne ça!

L’album sort aujourd’hui, 28 avril. Allez donc l’acheter!

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