S’il Fallait qu’il commence à pleuvoir pendant ma marche printanière me menant au tant attendu lancement de l’album 5 d’Annie Villeneuve, je continuerais à marcher sous la pluie en me disant que C’est ça la vie. Pour rien au monde je ne rebrousserais Le chemin. Les portes du National devant ouvrir à 17 h (concept avec le nom de son CD, sûrement), je m’y rends accompagnée d’une grande fan d’Annie Villeneuve (et grande amie à moi), Ariane Zita. Retour sur ce lancement qui fera encore rêver le Québécois blanc moyen dans dix ans! Un rêve à la fois, gang!
Ariane et moi nous demandions vraiment qui allait faire sa première partie, sachant qu’un être quelconque courait la chance de gagner cet honneur en contribuant à hauteur de 500$ à la production de son album. Payer cinq fois 100 $ pour faire une première partie d’un show d’une vraie star: j’aurais vraiment dû m’essayer. En réfléchissant bien, toutefois, je me dis que ça va sûrement être Suzie qui va être choisie. C’est payant les Tupperware.
Sachant que le spectacle (ouvert gratuitement à tous) va commencer à 18 h, on arrive à 17 h 25 tapant. Nous pénétrons l’endroit sacré communément appelé Le National. Je Lève les yeux et je remarque une foule extrêmement dense au bar. Je vois aussi plusieurs personnalités publiques: deux acteurs de Ramdam, une chanteuse québécoise brunette, une autre chanteuse québécoise brunette avec des mèches châtaines, un gars de mon cégep, un chanteur québécois aux sourcils fournis et moult autres Québécois châtains âgés entre 30 et 40 ans. Juste du monde d’actualité. Une fois de plus dans ma vie, je me sens au top de la jet-settitude.
On se fraie un Chemin dans la salle après s’être commandé un Perrier-Canneberge-Concombre-Menthe-Coriandre-Pomme-Grenade-[Vodka Montréalaise]-Lime. On remarque Annie (ou Suzie, qu’en sait-on!) en entrevue amicale et souriante avec TVA. Que d’émotions fortes. Cette ambiance de l’Hollywood PQ m’apporte définitivement beaucoup d’adrénaline. Ariane en ressent davantage puisqu’elle est une fan déjà établie dans ce monde du show-biz québécois.
Sur ce plancher bancal et inquiétant, on se dirige vers le devant de la scène après avoir remarqué une grande toile blanche et un gars barbu avec casquette et un jean un peu troué (pas trop quand même, faut pas exagérer) qui commence à faire une peinture live. On se tient tous sur nos aguets quand on se rend compte qu’il dessine un gros colibri en plein vol. Ou devrais-je dire un oiseau-mouche? Cet animal dans la famille des trochilidés laisse la foule s’emporter dans un monde rempli de fées, d’étoiles magiques, de douceur, d’allégresse et d’amidon doux. Les maîtres du National ont la brillante idée de mettre 5 comme musique de fond, question de nous donner envie d’acheter un poster ou même une tasse à café à l’effigie de la star. Lorsque le peintre finit sa toile, on peut réellement sentir la sincérité du public à travers ces applaudissements. En fait, on sent autant cette sincérité qu’on sent le parfum de qualité du gars debout à côté de nous.
Du haut de mes 6 pieds 7, je remarque une salle assez pleine ainsi que 301 caméras dans la foule qui suivent les stars présentent. Vous irez voir les photos qui ont été prises lors de l’évènement. Y’a environ dix-huit photos des cinq mêmes stars qui étaient sur place à la soirée. «Vive la diversité!», comme disent les Services d’immigrations de Sudbury!
18 h 02. Le spectacle n’est toujours pas commencé, mais on sent que les 301 caméras se rapprochent de la scène, toujours en suivant les stars québécoises présentes au lancement. Quatre musiciens montent sur scène. Vais-je assister à la prestation d’un artiste musical qui a payé 500 $ pour jouer devant toute cette foule? J’aurais voulu voir Suzie, mais elle est probablement trop occupée à vendre les deux nouveaux produits Tupperware: les gobelets l’art du printemps et le mini-contenant à salade. A businesswoman gotta do what a businesswoman gotta do!
Un gars d’une trentaine d’années ayant un look fringuant de type New Look 2e lunette à 50 % monte sur scène et nous mentionne qu’il est l’une des 469 personnes ayant contribué à cet album. «Ce fut un privilège de passer la journée avec elle, aujourd’hui», dit-il. On n’en doute pas une seconde, mon chum.
Annie arrive sur scène. Elle performe C’est ça la vie et une autre toune. À la fin de la deuxième toune, on entend le public en délire crier le prénom de la star. Se sentant sans doute très choyée et entourée, elle remercie tous les contribuables qui ont pu donner succès au lancement de ce disque. Ariane Zita me mentionne qu’elle se sent très fière et chanceuse d’avoir aidé la star en offrant 350 $ en grâce à sa propre campagne de sociofinancement. À sa place, je me sentirais pareil. Je me dis aussitôt que j’aurais dû donner mon 350 $ à Annie au lieu de le mettre dans mon prochain voyage humanitaire.
C’est dans une ambiance Québéco-Belle et Bum qu’elle performe la cinquième et dernière chanson de ce généreux lancement. Juste avant, on peut entendre une fan crier de tout son pouvoir poumonique «ON T’AIME». Annie ne peut pas répondre tout de suite puisqu’elle se met dans le mood pour la prochaine track: I Want To Know What Love Is. Ou comme mon autocorrect l’a si bien corrigé dans ma prise de notes de journaliste: I want to know what Lynne Thinks. Un bel adon, puisque je me demande vraiment ce que les Lynne dans la salle pensent du show.
Ariane et moi attendions avec impatience le moment où les gentils choristes qui ont payé 350 $ pour participer à l’album allaient entrer sur scène et chanter avec elle. Ceci dit, les chants des choristes ont été ajoutés en playbacks, tout comme le violon. En effet, j’ai cherché longtemps les violonistes sur scène. Le playback midi fait vraiment bien la job anyway. Pourquoi se compliquer la vie en invitant un ou plusieurs artistes ayant travaillé des années pour apprendre un instrument de musique à cordes frottées quand on peut juste mettre un playback?
18 h 45 et nous sommes déjà sorties de la salle. Émues et confortables, nous retournons chez nous manger un bon pâté au poulet décongelé de la veille avec des petits pois comme accompagnement. Quoi de mieux pour finir cette soirée canadienne. C’est ÇA la vie!
Entouca elle avait une belle robe.