Pour cette première soirée de Montréal en Lumière, le Club Soda accueillait Matt Holubowski dans une salle littéralement pleine. Pour avoir assisté à beaucoup de concerts à guichet fermé là-bas, il semblerait qu’il soit toujours possible de faire rentrer un peu plus de monde dans la salle! Peut-être qu’un jour on va découvrir qu’il y a un double-fond quelque part ou un tout autre élément magique…
Pour cette ouverture de festival, la mise en scène nous frappe d’abord par sa sobriété. On aurait pu s’attendre à un accent porté sur l’éclairage, mais à l’inverse la mise en scène est très intimiste pour ne pas dire inexistante, à un point tel qu’il est difficile de discerner qui est sur scène.
Avec aussi peu de lumière et autant de personnes dans la salle, le défi photographique qui s’offre à moi est de taille! Mais avant tout, la musique est à l’honneur ce soir et, sur ce point, nul doute que le public est gâté.
Peu après 20 h, le groupe suédo-montréalais imprononçable Thus Owls (à prononcer «Scott Towel» selon Simon Angell, moitié du duo) brise la glace et nous entraîne dans son univers à travers la voix angélique d’Erika.
La salle reste envoûtée par le timbre de sa voix, et même si j’aimerais faire preuve d’originalité et éviter la comparaison tant la ressemblance a déjà dû être mentionnée à maintes reprises, difficile de ne pas y entendre la parenté avec Kate Bush.
La prestation est tellement solide que l’on se demande si l’on assiste bien à une première partie. Matt Holubowski fait une apparition le temps d’une chanson et les voix opposées des deux artistes se fondent dans un bel équilibre, accompagné du jeu de guitare impeccable de Simon.
Après seulement quelques chansons, le duo termine sur une reprise magistrale de Wicked Game de Chris Isaak. On en voudrait encore, mais on se console en se disant que les occasions ne manqueront pas de les revoir à Montréal.
Matt Holubowski
Vers 21 h, Matt entre en scène dans une atmosphère feutrée, accompagné de sa violoniste. Il nous démontre dans cette introduction son habileté à la guitare dans un déluge harmonique, le temps d’échauffer sa voix pour le reste du show. La foule reste silencieuse et très respectueuse sans pour autant cacher son réel enthousiasme.
Il alterne ensuite successivement entre des apparitions seul sur scène et des passages plus dynamiques accompagné de tous ses musiciens qui, cachés dans l’ombre, font un travail remarquable pour le mettre en valeur.
Après un bref aparté sur les problèmes d’immigration actuels, il nous rappelle ses origines polonaises, et interprète A Home That Won’t Explode. Pour l’occasion il dégaine son ukulélé, histoire d’ajouter une touche de légèreté aux paroles et de ne pas trop plomber l’ambiance.
Il enchaînera ensuite une quinzaine de chansons issues de ses albums Solitudes et Ogen, old man, dans un concert généreux et avec une belle complicité avec son public. Il nous explique se sentir enfin jeune dans sa tête après avoir commencé sa carrière en suivant les stéréotypes de vieux chanteur folk. Le résultat est ironiquement plus mature que dans le passé et les prestations de ce soir sont beaucoup plus riches et puissantes que les versions enregistrées.
Avant d’entamer sa dernière chanson, l’éclairagiste semble nous avoir réservé une surprise: un beat lourd résonne doucement avec l’apparition d’effets stroboscopiques qui se font de plus en plus intenses. Matt entre ensuite en scène, un prisme lumineux à la main, et interprète une version aérienne et profonde de The Year I Was Undone. La révélation de cette soirée: un passage à travers l’obscurité, avec des ampoules suspendues, d’abord symboliquement éteintes et finalement allumées.
Chansons jouées
The Warden & The Hangman
Exhale/Inhale
The King
The Folly of Pretending
A Home That Won’t Explode
La Mer/Mon Père
Old Man
Face to Face
Opprobrium
Dawn, She Woke Me
L’imposteur
The Year I Was Undone
Rappel
Wild Drums
Sweet Surreal (maybe)
Solitudes