Avec pas d’casque y allait d’un doublé en deux soirs à La Sala Rossa cette semaine. Pour le premier soir des deux, c’est Olivier Bélisle qui venait nous chanter la pomme Une fois par jamais en ouverture. Retour sur une soirée où les chaises n’étaient pas à l’honneur.

Olivier Bélisle/Photo: Élise Jetté
Olivier Bélisle/Photo: Élise Jetté

Même si Olivier Bélisle est resté assis durant toute sa prestation, il ne fallait pas s’habituer à cette position parce que, non, Avec pas d’casque ne jouerait pas assis ensuite. Une première qui aurait pu en décontenancer plusieurs!

Après avoir fait une première chanson qui, je crois, est la chanson-titre de l’album (difficile à dire parce que je cherchais ma monnaie pour le vestiaire à ce moment-là pis j’ai ben de la misère à faire deux choses en même temps), Bélisle annonce que «les six prochaines tounes sont en ré». Merci. On est prévenus. Personne va être déstabilisé ce soir. Sauf devant Stéphane Lafleur debout, mais ça, c’est pas tout de suite.

Hormis l’ambiance de proximité qu’il réussit à installer rapidement malgré la propension des gens près du bar à jaser autant qu’Éric Salvail, on remarque également une forte tendance chez l’artiste à s’exprimer au sujet de la nourriture.

La thématique alimentaire revient régulièrement, notamment pour traiter du sujet controversé qu’est la coleslaw. On entend également une toune d’amour sur le spaghetti. La salade et la croustade seront également des rimes qui surviendront durant la perfo.

L’intimité très pure que l’on entend sur les albums d’Olivier Bélisle demeure intacte sur scène. Ça fait du bien.

Avec pas d’casque arrive sur scène dix minutes plus tard avec Autour et La peur de perdre. Comme ce sont les deux premières tounes d’Effets spéciaux, on comprend que le groupe souhaite installer la confiance et ne pas nous déstabiliser. On saisit immédiatement ce désir de rassurer les gens parce que, oui, tout le monde capote dans La Sala Rossa: Stéphane Lafleur n’est pas assis. Très saugrenue que cette position debout pour le chanteur que l’on imagine constamment assis sur une chaise de bois dans toutes ses tâches quotidiennes.

«Je découvre avec vous la position verticale», nous dit Lafleur, lui-même éberlué de ne point trouver de chaise ou se poser. Après nous avoir expliqué qu’il fait un test en se séparant de sa chaise de bois qui craque autant que lui, il nous annonce ce que nous avions déjà remarqué: «Simon (Trottier) aussi a décidé de jouer debout. Il était ben inquiet de la symétrie. On s’est demandé si ça marcherait pareil…» Rarement aura-t-on assisté à autant d’audace.

Encore soucieux du bien-être de chacun, Lafleur demande: «Est-ce qui en a qui sont ici contre leur gré? Ok, y’en a un dans le fond. D’habitude, ils sont en avant parce qu’ils accompagnent quelqu’un de trop motivé. Bonne chance, j’espère que ça va bien se passer.»

Toujours préoccupé par le fait de ne pas brusquer sont audience, Lafleur enchaîne avec les chansons de l’album dans l’ordre: Il fait noir de bonne heure et Derviches tourneurs.

Consternation: petit saut ensuite sur l’album Astronomie avec Défrichage et Talent durant lesquelles l’homme debout s’inquiète de sa strap de guitare normalement superflue. «Je sais pas comment gérer ça. Je sais pas comment ça va se passer.»

Avec pas d'casque/Photo: Élise Jetté
Avec pas d’casque/Photo: Élise Jetté

Revenant dans le passé en jasant de l’album Trois chaudières de sang, on entend La pire journée au monde et En attendant que ça paye. Stéphane Lafleur se rappelle les bons souvenirs des débuts du groupe: «Avec le nom du band, tout le monde pensait qu’on faisait du hip-hop, avec le titre de l’album, les gens ont cru qu’on faisait du métal et sur la pochette, il y avait un chien pas clair. Personne a compris, mais au moins tout le monde a été déçu, ma mère, particulièrement.»

Devant les deux straps de guitares (des deux hommes debout) qui pètent en même temps, Joël Vaudreuil, batteur qui est pour sa part assis, rassure tout le monde: «C’est de la mise en scène. Robert Lepage avait prévu ça avant la toune précédente par contre.»

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Avec pas d’casque/Photo: Élise Jetté

Après les élans nostalgiques, on revient dans le moment présent avec Loup-garou et Les gloires du matin. Brève incursion ensuite dans l’album Dans la nature jusqu’au cou avec Si on change les équipes ce n’est plus une revanche (je crois qu’Antoine Corriveau a consulté APC sur la longueur des titres avant de nommer son plus récent album) avant un retour sur Astronomie avec La journée qui s’en vient est flambant neuve et Intuition #1, qui permet à la foule d’obtenir son moment de gloire: Stéphane laisse les gens chanter ben fort. La courte et belle Boire.manger.dormir précèdera le karaoké.

Cinq ans exactement après la grève étudiante, Intuition #1 me fait un petit frisson:

Casseroles – Montréal, 24 Mai 2012 from Jeremie Battaglia on Vimeo.

Positionnée devant Nicolas Moussette qui n’a qu’une chaussure durant tout le spectacle, je m’inquiète de le voir oublier l’autre soulier lorsqu’il quittera la scène.

Un manque de soulier/Photo: Élise Jetté
Un manque de soulier/Photo: Élise Jetté

«J’ai pas fait de sondage, mais on a passé une belle soirée», nous dit Lafleur avant de faire la dernière chanson officielle de la soirée, Nos corps (en ré bémol). Très bonne soundtrack pour être nu avec un autre humain de votre choix. Essayez ça si ce n’est déjà fait.

Le rappel nous permet d’entendre Spirographe et Dans les bras de la femme bionique. Et pour ceux qui n’auraient pas écouté mon conseil ci-haut (être nu), on poursuit avec L’amour passe à travers le linge. Comme quoi il y a toujours une alternative. Un rappel final nous permet d’avoir «une toune pour la route»: Les oiseaux faussent aussi.

Cette soirée marquée par les chaises peu nombreuses demeurera dans l’histoire: rares seront ceux qui pourront affirmer avoir vu les jambes de Stéphane Lafleur complètement déployées. Nous oui.

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