C’est avec une cage thoracique en guise de lustre que Klô Pelgag soulignait la naissance de L’étoile thoracique, vendredi dernier au Club Soda. Dans un décor qui ressemblait à s’y méprendre à une salle d’opération du CHUM, l’auteure-compositrice-interprète a fait preuve d’une minutie chirurgicale dans le choix des pièces interprétées: une alternance mesurée entre le nouveau matériel et les désormais classiques chansons de L’alchimie des monstres.
D’entrée de jeu, Klô Pelgag démontre son soutient au SPVM avec un statement très clair: c’est pas parce que vous ne courrez pas après les corrupteurs qu’on vous aura pas à l’œil. Le staff de la sécurité est prêt à intervenir, que tu veuilles démystifier ce qui fait en sorte que Denis Coderre fait encore confiance à son chef de police ou que tu veuilles t’allumer un petit joint discrètement pendant ta toune pref.
C’est la voix de la «grand-mom» de Klô Pelgag, Desneiges Mercier, qui ouvre le spectacle avec L’apparition de la Sainte-Étoile thoracique, chanson où l’on entend Klô jaser des saisons avec sa grand-maman maintenant partie au ciel.
Vêtue d’un attirail incitant à la contemplation dubitative, la chanteuse s’exécute avec la pièce Insomnie, une chanson qui raconte comment on a envie de péter des yeules quand on dort pas, mais c’est dit plus joliment.
«Je suis vraiment impressionnée que vous ayez répondu aussi nombreux», dira l’excentrique jeune femme devant la soldoutitude du Club Soda. C’est après avoir interprété J’arrive en retard que Klô annonce que la soirée sera parsemée de blagues. «Nous sommes en rodage pour Juste pour rire», confie-t-elle avant d’enchaîner avec la pièce Le musée Grévin.
Assise au piano derrière une montagne de déguisements tous plus encombrants les uns que les autres, Klô se sent dans son élément, contrairement à un homme dans la salle qui ne se gêne pas pour faire part de son mécontentement: «La grosse tête nous bloque la vue», hurle-t-il à la principale intéressée. «Heye c’est la tête d’Éric Lapointe», rétorque la déguisée, vexée par tant de haine devant une reproduction géante de la tronche de ti-cuir.
Echaînant avec Au bonheur d’Édelweiss elle partage son excitation d’avoir un technicien qui lui apporte son attirail musical. Et pas n’importe quel technicien: un personnage poilu multicolore. «Je l’ai trouvé sur Kijiji, en bon état. Il avait travaillé dix ans à la même place, mais il a été mis dehors parce que ça commençait à sentir vu que ça fait dix ans qu’il porte ça. Mais moi, je trouve que ce n’est pas grave. C’est sa signature», déclare l’artiste satisfaite de son acquisition.
Avant de poursuivre avec Incendie, elle annonce que c’est une pièce pour les amoureux «ou ceux pour qui c’est en devenir». «On a tous ce potentiel-là», dira-t-elle, rassurante pour les âmes célibataires.
Si Klô Pelgag a déjà affirmé que l’un de ses rêves scéniques serait des descendre sur scène en téléphérique, c’est, cette fois, une chaudière de peinture fluorescente qui arrive du plafond avant que Klô s’en étende de grandes coulisses au visage.
Son succès Rayon X, datant de L’alchimie des monstres, retentit, incluant un nouveau solo de clavier décidément dans l’air du temps. Nicaragua, également déjà connue du public, entraîne ceux et celles qui ne se seraient pas déjà laissé porter par son énergie communicative entre autres due à une reproduction géante en toutou du logo de Metallica.
Le premier single du nouvel album, Samedi soir à la violence résonne ensuite devant les disciples enthousiastes.
Avant d’aborder Les animaux, Klô Pelgag raconte un moment pour le moins sordide vécu dans un concert: «Je suis déjà allée voir un spectacle où les gens tapaient des mains des fois et ils répétaient ce que le chanteur disait, c’était la frénésie, affirme-t-elle, troublée. Peut-être que le musicien avait mis quelque chose dans leur verre, méfiez-vous des artistes», conseille-t-elle.
Elle propose néanmoins de trouver une méthode plus originale de témoigner notre entrain: «Vous pourriez faire une galette par terre. Vous êtes assez pour que ça soit assez intéressant au niveau pictural», suggère-t-elle.
C’est une foule très obéissante qui tapissera le sol durant presque toute la chanson, jusqu’à ce qu’un gars qui cherche visiblement le trouble se lève debout au milieu de l’œuvre d’art humaine. «Ça a été l’fun 17 secondes», dira un autre jeune homme grognon, difficilement happé par l’effet artistique du gros biscuit fait de personnes.
Alors que Klô et ses comparses lanceront des bonbons d’Halloween dans la foule en délire, on entendra des insatisfaits: «c’est pas du mush!», diront les détracteurs.
Les instants d’équilibre suit avant que Klô Pelgag énonce quelques remerciements qui débutent par une énumération de ses plus récents passe-temps: «J’ai suivi des cours de danse, comme vous avez vu, dit-elle en faisant un mouvement hautement recherché. Comme vous avez vu, ça a l’air de rien, mais c’est une technique très spéciale que j’ai apprise à Athènes. Je sais même pas ce que je faisais là-bas!», s’exclame la soudainement érudite de la danse.
Elle remercie d’abord le deuxième Pelgag, Mathieu de son prénom, responsable des arrangements et aussi responsable d’être le frère de Klô. Le réalisateur de l’album, Sylvain Deschamps est remercié ainsi: «vous ne pouvez pas saisir son importance». On se sent très cons. Elle remercie le trio de cordes présent sur scène : Fany, Lana et Elyzabeth. Puis elle remercie sa grand-mère pour sa voix et son horloge : «Mais elle morte!», s’exclame-t-elle pour éviter toute confusion.
«Merci à mon technicien qui voulait vraiment m’amener ma guitare, je me suis sentie comme Damien Robitaille. Merci à Baz qui a réalisé le show et il m’a payé un café une fois.», ajoute-t-elle. Après avoir nommé l’intégralité de tous les joueurs d’instruments qui ont joué sur l’album, elle lit son papier à nouveau et remercie un certain Tony: «Je sais pas c’est qui ça, Tony, dit-elle, perplexe. Je crois que c’est un grand blond, mais ça fait pas longtemps que le connais.» Nous restons suspendus à ses lèvres. Nous ne saurons jamais ce que fait Tony…
Klô, de retour dans son costume d’intérieur de corps humain, nous suggère d’imaginer des visages à tous les noms nommés ce soir-là, pour nous aider à trouver le sommeil.
Et puis elle conclut avec une version quasi-remix-dance de Taxidermie, puis la grande chanson Comme des rames.
En guise de rappel, on nous offre une version lascive de La fièvre des fleurs doublée d’une performance du batteur, en tenue sportive, qui chapeaute une version française adaptée de Zombie des Cranberries.
Le tout se termine comme dans mon plus grand rêve: avec une pluie de messages de biscuits chinois conçus spécialement pour l’occasion. Les confettis standards ne soupçonnent même pas à quel point ils ont été détrônés.
Le nouvel album de Klô Pelgag, L’étoile thoracique, est disponible partout. C’est un bon investissement que tu feras dans ta vie.
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