Camille Poliquin est la moitié la plus sombre de Milk and Bone, mais elle est aussi son propre maître sur un projet solo esthétique et léché pour lequel on l’appelle KROY. Elle lançait son premier album, Scavenger, au Artgang dans le cadre de Pop Montréal vendredi dernier. On a jasé avec elle.

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Lancement de KROY/Photo: Élise Jetté

1 Tu avais fait paraître un premier EP en juin 2014 et l’album arrive plus de deux ans après. Avais-tu mis KROY sur la glace pour aller de l’avant avec Milk and Bone?

Le EP, c’était pour me positionner en tant qu’artiste solo. Je voulais prendre le temps de trouver les meilleures équipes. Je peux maintenant profiter d’un booking partout au Canada, d’un label aux États-Unis. Je voulais m’assurer que j’allais avoir une équipe pour me backer, avant de me lancer officiellement.

2 Qu’est-ce que tu te permets de faire en solo et que tu ne te permets pas de faire avec Milk and Bone?

Je pense que c’est pas une affaire de permission. J’ai pas de compromis à faire. Je me suis tout permis avec Milk and Bone aussi. C’est sûr que je devais prendre en considération l’autre personne et le résultat est le fruit de notre rencontre créative, mais j’ai vraiment l’impression que ma créativité est mise à profit dans les deux projets.

3 Milk and Bone et KROY ont-ils le même public?

À date, non; c’est étrange! Beaucoup de personnes ne connaissent pas du tout Milk and Bone. En ce moment, les gens accrochent en écoutant ma musique et après ils vont aller découvrir Milk and Bone. C’est quand même une trame électro dans les deux cas. Oui, c’est pas mal plus sombre que Milk and Bone, mais normalement, les gens finissent par aimer les deux projets.

4 Ta musique est en anglais et ton son très exportable. Est-ce que c’était une priorité pour toi?

Pas nécessairement. Je savais depuis que j’ai fondé KROY que ça serait en anglais, c’est comme ça que j’écris. J’envisageais daller à l’étranger, oui. Dans les discussions qu’on a avec la maison de disques, on vise partout: Europe, États-Unis, Asie, Australie…

5 Tu cultives un personnage assez noir; il y a des rumeurs qui courent comme quoi tu serais une sorcière. Est-ce que c’est le cas?

Non (rire)! Je pourrais peut-être creuser le dossier. C’est peut-être mon cas et je ne l’ai pas encore découvert. J’ai un personnage un peu sombre, mais dans la vie, je suis assez enjouée et de bonne humeur. La musique est une échappatoire pour évacuer ce qui est sombre. Ça serait plus difficile de canaliser mes émotions noires sans la musique. C’est en écrivant des chansons sombres que je vis mon côté dark.

6 On remarque une esthétique vraiment peaufinée pour l’ensemble de ton projet, de la pochette au clip. C’est important pour toi que KROY ait une identité visuelle forte?

J’en suis pas maniaque et je vais pas devenir rushante avec ça, mais c’est un aspect qui, pour moi, est super important. De nos jours, la présence web est super importante. C’est une bonne manière de faire découvrir notre musique. Le cover de l’album, ça peut faire en sorte que quelqu’un ait envie de savoir comment ça sonne.

7 Comment c’est possible de mener deux grands projets musicaux de front comme tu le fais actuellement?

J’ai des équipes très talentueuses et aptes à gérer ça (rire)! J’ai des compromis à faire, mais en même temps tout se fait naturellement. Comme il nous reste peu de shows à la tournée de Milk and Bone, on va pouvoir commencer à préparer notre prochain album pendant que je tâte le terrain sur scène avec KROY. Idéalement, ça continuera à bien s’emboîter. Organiquement, les choses devraient finir par être très fluides. Par exemple, on pourrait se rendre dans un seul festival et on bookerait les deux shows.

8 KROY, c’est tu une fusion entre le prénom de Roy Dupuis et un autre mot qui commence par K?

(Rire). C’est un mot inventé! Je voulais pas nommer ça avec mon nom. KROY, c’est pas un personnage, mais une facette de ma vie. Je voulais pas que les gens se disent «elle est ben triste dans ses shows». Je voulais un nom qui n’était pas associé à un style musical ou à un sexe. Je voulais que le nom, à l’oreille, ça puisse être un band de métal ou de comptines pour enfants…

9 Quand on tape Scavenger sur Google Images, on voit des gros oiseaux dégueulasses. C’est quand même audacieux comme nom d’album…

Oui! Ce sont des charognards en fait! Ils se nourrissent de carcasses. Je suis pas de même dans la vraie vie, mais j’aimais l’autre facette du mot… d’être quelqu’un qui ramasse des objets chez les antiquaires et trouve des trésors qui vont servir plus tard. Après avoir choisi les tounes, j’ai réalisé que le thème commun c’était la mort, donc le lien avec l’animal solitaire était aussi vrai. C’est comme ça que j’ai écrit mon album. Écrire un album, c’est une solitude, un genre de désespoir imposé. Ce que j’aime beaucoup de cet oiseau, c’est qu’il représente la mort et la solitude, mais aussi la force parce qu’il ne dépend de personne pour se nourrir.

10 Pour ceux qui n’auraient pas pu entrer à ton lancement sold out, décris-moi KROY sur scène.

Pour le lancement, je voulais préparer un vrai spectacle. C’est une scénographie où l’on joue beaucoup avec la lumière et l’éclairage crée des genres de portraits. C’est plutôt statique, mais le mouvement est dans la lumière.

KROY part en tournée au Canada. Son album et ses dates de shows sont disponibles ici.

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