Le journalisme gonzo a ses avantages et ses inconvénients, comme vous avez pu le constater assez rapidement si vous suivez régulièrement mes chroniques. Pour la troisième journée du festival, j’ai décidé de me plonger entièrement dans l’esprit de Pop Montréal. Le résultat ci-dessous.
Ma journée commence un peu après 15h alors que je me rends au Empire Exchange, un très cool magasin de vêtements usagés vintage du Mile End, pour y voir quelques performances en coprésentation avec le collectif Oh Hi dont je vous avais déjà parlé ici. Le résultat est pas mal moins trash que la dernière fois alors que j’arrive au magasin durant la performance de Tim Crabtree, un guitariste qui utilise un système de pédales et de loops pour jouer une musique un peu à la Tashi Dorji. Les cinq personnes qui composent le public semblent beaucoup apprécier, restant dans un calme évident. Moi j’arrive un peu trop tard pour vraiment juger.
Je passe ensuite une bonne vingtaine de minutes seul au magasin, rejoint parfois par des clients curieux et en attente d’un spectacle gratuit à se mettre sous le tympan. C’est que le prochain artiste à prendre place, MJ Farrell, est à ce moment plus ou moins au courant si ses musiciens avec qui il n’avait pratiquement jamais joué auparavant se présenteront à temps. Ils n’avaient finalement pas oublié et arrivent une dizaine de minutes avant l’heure prévue et on se retrouve avec un trio guitare, violoncelle et violon. Le résultat est très beau, surtout accompagné de projections de vidéos de paysages d’Afrique du Sud filmés par Farrell lui-même en arrière-plan. Le public a augmenté à presque vingt personnes et l’on parle un peu avec les musiciens entre les chansons pour un spectacle rassembleur. Surtout les bouts où les musiciens doivent se tasser et attendre lorsque les employés du magasin tentent d’accéder au backstore…
Je me déplace ensuite jusqu’aux quartiers généraux du festival pour le BBQ Pop où une amie m’attend. En la cherchant, je prends le temps d’écouter quelques pièces du show bluegrass des Montréalais de Moonshine Tex Buckeye. Le show commence par ce qui me semble être un cover de la chanson Ahead By a Century des Tragically Hips, mais je suis plus ou moins sûr. Le band confirmera ou pas s’il décide de lire mon review. Le groupe est assez sympathique et réussit à rassembler un bon public, plus que les jours précédents à ce que je peux en juger. Pas mal pour un événement country, disons-le. Moi, je retrouve mon amie, accompagnée d’un photographe de Détroit, Noah Morrison, avec qui on passera pas mal le reste de la soirée. Le gars est plutôt cool, surtout lorsqu’il nous annonce d’entrée de jeu qu’il y a un 5 à 7 de l’industrie présenté par Arbustus Records au Rialto avec des drinks gratuits. L’appel de l’alcool se révélant inévitable, on quitte le BBQ.
La partie la plus cool du 5 à 7? Il n’y avait pas énormément de gens vu l’avis tardif par courriel et ça laissait pas mal plus de consommations à ceux qui s’étaient présentés. Les drinks s’accumulant, on devient de plus en plus sociables et je finis par jaser pendant un bon 45 minutes avec Mon Doux Saigneur pendant que le reste de mon groupe monte sur le toit voir Leif Vollebekk. À leur retour, on forme une gang d’une dizaine de personnes regroupant qui compte deux gars de Vesuvio Solo et une groupe d’Ontariens dont je me souviens plus ou moins des noms et des fonctions. Vers 19h30, on décide de quitter pour se rendre au Tachido, un resto mexicain non loin. Je mange rapidement des tacos aux cactus avant de quitter à la course pour la Fédération ukrainienne.
Et j’arrive finalement vraiment tight pour le début du concert de Colin Stetson, un événement que j’attends depuis déjà 6 mois puisqu’il y présente probablement pour la seule fois l’intégrale de sa réécriture de Sorrow. Et je suis rapidement très déçu. Un choix vraiment étrange me frappe dès le début: ils ont décidé de micker l’ensemble – un genre d’orchestre de chambre – et de retransmettre le son sur un petit système de son clairement pas prévu pour ce genre de présentation. On entend donc finalement avec un buzz excessivement désagréable le saxophone basse de Stetson, pierre angulaire du premier mouvement de la symphonie de Gorecki, et un peu trop la section de corde sur le mix, qui ne comporte que deux micros pour nuire encore plus. C’est surtout triste parce que les musiciens sont tous vraiment très bons et que l’on rate les subtilités de l’arrangement magistral de la symphonie. J’aurais vraiment aimé voir ce spectacle sans micro, présenté comme une vraie performance orchestrale classique dans un environnement plus approprié que la Fédération ukrainienne, qui reste une très belle salle, mais pour des concerts de musique populaire à mon avis. Je quitte donc la salle bien déçu et retourne essayer de trouver mon groupe du côté du Rialto.
J’arrive à la salle principale à temps pour attraper les dernières chansons de Rodrigo Amarante, un gars que je ne connais honnêtement que pour avoir commencé à écouter Narcos au début de la semaine. Du peu que j’en entends, je trouve le concert assez mellow, mais vu que c’est une première partie pour Angel Olsen, ça passe. Je me pointe ensuite au Barfly pour arriver en plein milieu d’un entracte et décide ensuite sur un coup de tête d’aller au Divan Orange où on m’apprend que le concert qui y était présenté est terminé. Je profite donc de l’occasion pour aller retrouver mon lit et récupérer un peu de forces pour demain.