Les Deuxluxes
Springtime Devil,
Bonsound
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Ça fait un petit bout de temps qu’on les connaît, mais voici officiellement le premier opus complet des Deuxluxes, duo anglo-montréalais formé d’Anna Frances Meyer et d’Étienne Barry. Le genre d’album qui s’écoute pas mal mieux au volant d’un Thunderbird que d’un F-150 blanc.
Springtime Devil est, oui, le premier album du duo, mais il vient probablement avec moins de stress que ce qu’on pourrait anticiper chez d’autres groupes. Les Deuxluxes ont déjà un fanbase acquis et pas mal de shows derrière la cravate et on les sent donc bien à l’aise dans leur musique sur un album assez facile d’accès. Très old school, il s’apprécie donc plus comme un bon vieux record de chez Sun que comme une œuvre narrative contemporaine. Je ne me lancerai donc pas ici dans une psychanalyse complète de l’objet, mais peut-être plus dans un survol thématique de la chose.
Pour commencer: les thèmes et les textes. Comme dans tout bon album rock aux racines bien ancrées dans les années 60, on se casse pas trop le bécyk côté thématiques: l’ensemble des textes tournera autour du sujet de l’amour et de la sexualité. Le tout est entrecoupé, bien entendu, de références au démon, à la cigarette, pis, le coup de cœur de la rédaction, aux pitous. L’audace est même poussée jusqu’à débuter l’album sur une note canine avec, comme première ligne: «I ain’t a lot of bark, I’m a lot of bite too». On est conquis.
Musicalement parlant, on a ici affaire à du rock & roll, donc je sais quelle question vous vous posez présentement: le riff le plus efficace de l’album, c’est lequel Mathieu? Je mets mon petit deux sur la très dansante et déchaînée So Long Farewell. Mais ceci dit, la compétition reste assez féroce avec My Babe and Me et Tobacco Vanilla, qui arrachent aussi pas mal, surtout lorsque qu’écoutées dans une piscine non-chauffée, en septembre, à Rouyn-Noranda. En finissant, faut préciser que les Deuxluxes, c’est pas juste de la guit pis du criage: un bel effort est aussi mis sur les harmonies vocales. Le duo chante souvent ensemble, mais avec la magie de l’enregistrement, Anna Frances Meyer est aussi en mesure de chanter avec la seule personne au Québec capable d’accoter sa voix: elle-même. Ça pis une petite chorale cute sur la conclusive Bloody Queen.
Au final, je trouve que l’album est un peu trop confortable. J’aurais aimé voir quelques essais ou explorations. Il manque dans Springtime Devil un élément de nouveauté et de réactualisation d’une musique déjà exploitée à fond et qui permettrait réellement au groupe d’éviter de tomber dans les clichés trop faciles du rock 60’s. Peut-être que quelques chansons plus longues, dépassant les 4 minutes 30, laisseraient un peu plus de place à Étienne Barry et ses instruments? Ceci dit, avec ce premier album, l’identité du projet est clairement établie: du rock garage fort en énergie avec un son rêche, plein de cuir, pis brumeux comme il ne s’en fait plus beaucoup par chez nous. Mission accomplie pour le duo que j’ai surtout hâte de revoir en spectacle après tout ça pour constater encore mieux leur explosivité déjà légendaire.