On t’ouvre la porte du 180g, un café-disquaire du Mile-Ex qui met de l’avant la culture du vinyle et le café de torréfaction dans une ambiance des plus DIY. C’est au 6546 rue Waverly que ça se passe!

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Photo: Alexandre Demers

Le Mile-Ex est reconnu pour sa vibe très hétéroclite qui regroupe vieux garages maganés, bars trendy, Home Depot monstrueux et barbershop à la page. Au cœur de ce cocktail de business se trouve le 180g, un café-disquaire lancé par deux diggers de vinyles et amateurs de produits locaux. Le premier, Christophe, est un artiste visuel qui cumule les contrats à gauche et à droite. Le second, Charles-Étienne, est perchiste dans le domaine cinématographique et télévisuel. Les deux amis partagent une passion pour la musique depuis longtemps. Le 180g fait d’ailleurs référence à un vinyle dit de qualité audiophile, un des nombreux plaisirs de leur vie!

On est allé à la rencontre de Christophe. C’est avec une sympathique et sincère aisance qu’il vient prendre place dans un des confortables bancs pour venir discuter avec nous de son commerce au concept plutôt hors du commun: une aire de paix où l’odeur du vinyle cohabite avec celle du café de micro-torréfaction.

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Photo: Alexandre Demers

La genèse et le premier grain de café

L’histoire du 180g commence il y a quelques années (techniquement). Les deux co-fondateurs sont originaires des Cantons de l’Est et se sont connus dans le seul record store de Granby, où Charles travaillait. Christophe y a passé des heures à fouiller dans les piles de disques.

En sortant de l’université, Christophe a commencé à travailler à la pige en arts visuels à Montréal. Il avait donc un horaire de travail plutôt instable. «Ça me laissait beaucoup de temps pour aller flâner dans les magasins de disques, se souvient-il. Le Death of Vinyl était mon préféré. À force d’y passer du temps, je suis devenu chum avec Dan [employé du DoV]. Il avait amené sa machine à espresso et me fournissait en café pendant que j’écoutais des disques. J’aimais le concept de marier les deux activités. C’est pas mal de là que l’idée est venue!»

C’est à grands coups de «t’es pas game» que les deux amis relançaient l’idée de partir leur propre record store à Montréal. Charles pensait à un coffee shop avec l’option vinyle. Christophe pensait à un disquaire avec l’option café. Ils cherchaient vraiment à offrir les deux cultures dans un même endroit.

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Photo: Alexandre Demers

Un jour, par pur hasard, un collègue de Charles l’accoste sur un plateau et lui propose d’ouvrir un café dans un entrepôt loué qu’il voulait transformer en studio. Son idée était que les clients qui veulent louer le studio puissent y prendre un café sans avoir à sortir. Charles et Christophe ont discuté. Ils ont dit go! «C’était le coup de pied au cul qui nous manquait pour faire le move, avoue Christophe. Étant des contractuels avec des horaires instables, on n’avait pas de job à laisser pour s’investir dans le projet et le loyer était ridiculement bas. Les planètes étaient alignées!»

Un branding très DIY

C’est en mai 2015 qu’ils ont accès au local. Christophe, ayant déjà un peu travaillé en cinéma à faire des décors, s’organise lui-même pour faire le set-up de la place. «On a fait du gros Kijiji pour la machine à café, le comptoir, la porte de garage, etc. On a tout monté nous-mêmes sans emprunter une cenne!»

Étant un artiste visuel à la base, notre hôte s’est également occupé du look de la place. «J’ai fait l’identité visuelle, les cartes d’affaires, les designs, dit-il. Je voulais évidemment mettre ma touche perso, mais je voulais aussi laisser de la place à des artistes talentueux du milieu. Comme la murale, c’est Dalkhaphine et Blaster qui l’ont faite.»

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Une idée de départ qui prend un virage

L’idée du studio était en chantier, mais finalement, côté assurances, ça n’a pas pu fonctionner. Ils ont donc un peu tiré la plug sur l’idée du studio pour se concentrer sur le café-disquaire.

«La surprise, c’est qu’il y a plein de business autour et y a pas d’autres offres en resto dans les environs à part le déprimant Subway situé dans le Home Depot avoisinant (shots fired!). C’est un bon petit snack pour pas cher.» La clientèle se surprend à faire des découvertes musicales dans la sélection des disques tout en dégustant un repas simple et abordable.

Le hip-hop comme saveur principale

Ce qu’il y a dans le commerce, côté musique, c’est le reflet des goûts personnels de Christophe et son partner Charles. «L’endroit est pas super grand, donc ça restreint la sélection de disques. En revanche, je connais tout c’que j’ai en stock», confirme le connaisseur. Notre mélomane caféiné aime un peu tous les styles musicaux, mais dernièrement, c’est surtout le hip-hop qui retient son attention.

Ayant d’abord été charmé par les Beastie Boys et Rage Against The Machine dans sa jeune adolescence, Christophe s’est ensuite dirigé vers le trip-hop de Portishead et Massive Attack. Il s’est mis à tripper quand il a découvert le sampling. Par la porte du hip-hop, il s’est ensuite mis à découvrir le jazz, le funk et le soul qui ont grandement été réutilisés dans le style. C’est donc le large spectre du hip-hop (et ses origines) qui est particulièrement poussé dans les crates du disquaire.

«Il y a une espèce de stigmate autour du hip-hop. Je travaille fort pour aller chercher des trucs underground, dit-il d’un ton franc. Je tiens des vinyles de la scène instrumentale hip-hop et électro en Allemagne avec Jakarta Records, qui a d’ailleurs sorti le premier EP de Kaytranada. J’ai des produits de la scène électro hip-hop californienne de l’étiquette Stones Throw. Je vais chercher des produits de répertoire intéressants.» Tranquillement pas vite, il attire une clientèle qui recherche des trucs plus nichés.  Il sépare une partie de sa sélection par labels.

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Christophe aime aussi la scène hip-hop locale du moment. Il sourit comme un chef quand on mentionne Alaclair Ensemble. «Ils m’ont redonné foi en la musique locale. Ce sont eux qui sont au sommet du game en ce moment, selon moi. J’adore leurs choix de beats à la Dilla, Madlib, Flying Lotus, etc. Ils réussissent à être drôles sans être ridicules.» Il suit tous leurs side-projects: Eman x Vlooper, Rednext Level, etc. Notre hôte apprécie LLA et Dead Obies, mais trouve que ça reste plus proche des USA. Il préfère le positivisme d’Alaclair!

Il affirme ressentir l’intérêt pour tout ce qui est vinyle sur la scène locale également. On lui demande fréquemment s’il a des copies de Brown et Toastdawg. Il s’assurera certainement d’avoir quelques copies de l’édition spéciale de 24,99 d’Alaclair, qui sortira sous peu.«On soutient tout ce qui est local finalement, de l’assiette aux oreilles», dit-il.

Seconde main et service amiable

Malgré la concentration principale sur les produits neufs commandés chez les distributeurs, le 180g alimente une section de disques usagés par le biais de trouvailles sur Discogs. «On peut trouver des trucs un peu plus communs comme des vieux Hendrix et Beatles. Ce sont en partie des disques que mon partner a accumulés. Ca clash avec le reste, mais y a une clientèle aussi pour ça. Des fois, on a même des trucs à donner.»

Si tu ne trouves pas ce que tu cherches en magasin, Christophe t’offre de te commander des items usagés par le biais de son site fétiche! Tu pourras sauver un peu sur le shipping et tout.

À faire spinner sur la table

Comme Christophe consomme énormément de musique, on est en droit de lui demander ce qu’il recommanderait par les temps qui courent. Assez rapidement, il répond que depuis son show surprise au Théâtre Fairmount, il est retombé dans Malibu d’Anderson .Paak! «Y a aussi le EP de NxWorries qu’il a sorti avec Knxwledge que j’aime beaucoup. Malibu est plus R&B.» À découvrir si ce n’est pas déjà fait!

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Tu peux visiter Christophe et ses complices entre les chaleureux et colorés murs du 180g. Tu pourras y apprécier l’ambiance ultra décontractée dans laquelle tu peux savourer des sympathiques soupes et/ou sandwichs faits à la bonne franquette. Café au bout d’une main, tu pourras fouiner les raretés, les classiques et versions inédites dans les racks à vinyles. Dig en paix!

Le 180g est situé au 6546 rue Waverly, dans le Mile-Ex.

Va donc les voir sur Facebook.

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