On a traversé la fin de l’hiver en beauté avec tout le processus de sélection des Francouvertes. Du bassin de 21 groupes d’auteurs-compositeurs-interprètes francophones, il ne restait que trois formations pour la dernière bataille dans la bouette, hier soir, au Club Soda. C’est La Famille Ouellette qui a empoché le chèque de 10 000 $, mais pour le mettre dans leurs poches, ils ont dû le plier à de nombreuses reprises.
C’était un très gros chèque.
Pour célébrer les 20 ans des Francouvertes, plusieurs bands qui ont emprunté le chemin des Francouvertes durant les dernières années ont fait la première partie des soirées régulières du concours de cette année. Quoi de mieux qu’une ouverture par les deux porte-parole officiels de cette édition pour clore avec magie le concept.
Koriass et Vincent Peake s’exécutent donc pour une courte prestation délicieuse mêlant le rap cinglant de Koriass et le punk-rock décoiffant de Vincent Peake. On s’incline bien bas devant la perfo mash up entre Y’a tu quelqu’un, de Groovy Aardvark et Tséveudire de Koriass, preuve que tous les oeufs peuvent être dans le même panier. Quand ta mère te dit qu’on ne peut pas comparer des pommes avec des oranges, elle a tort.
Après cette perfo-là, on se sent déjà comme cet émoji:
Notre animateur Claude Grégoire monte sur scène, pour une première fois sans lunettes. «Est-ce bien Claude?», murmurent quelques convives. Il annonce qu’il reste un obstacle avant de pouvoir entendre les groupes jouer: LUI. Il explique le processus de vote en réitérant qu’il ne faut pas juste mettre une bonne note au groupe «dans lequel ton fils joue de la basse, Gisèle».
Gisèle est de même:
C’est Caltâr-Bateau qui brise ensuite la glace, usant avec brio de la force de dualité entre les deux voix principales: celle d’Alexandre (le dude) et celle d’Alex (la fille). Vous n’êtes pas trop mélangés?
Même si Alexandre est surpris par son propre oubli de brancher sa guitare lors de la première chanson, le groupe démontre à nouveau une solide chimie et une cohésion qui transcende le naturel de la simple performance.
Le côté orchestral du groupe a beaucoup plus d’impact dans le Club Soda, le groupe réussissant à combler l’espace beaucoup plus grand que celui du Lion d’Or.
On apprécie le fait que chaque chanson semble se renouveler d’une étape du concours à l’autre. Et pour ce qui est de la pièce Personne ne le sait pas, on a un faible pour la version dans un bain, mais celle du show est pas pire aussi.
Pendant la chanson Hey lumière, la voix d’Alex mérite cet émoji illustrant la perfection:
Très poli, Alexandre conclut en demandant: «Avez-vous des questions?». Un homme lui demande un crayon pour remplir son bulletin de vote.
«J’ai pas de crayon c’est Grégory Charles qui écrit les textes», lui répond-il.
Avant de chanter la fameuse phrase «On est La Famille Ouellette, on a des criss de beaux jackets», La Famille Ouellette y va d’un sondage sur les aliments qu’ils ont préparé aux spectateurs lors des précédentes étapes du concours.
C’est alors qu’ils présentent leur recette du jour: DE LA LIMONADE (c’est parce qu’ils crient que c’est en CAPS, pas parce qu’ils font un solo avec Marie-Chantal Toupin).
Ils admettent avoir considéré des rouleaux aux fruits avec leurs faces dessus et les lasagnes miniatures.
La succession de chansons humoristico-sensibles et de pièces ambiantes plus orchestrales est accrocheuse, mais l’enchaînement était légèrement plus fluide lors des demi-finales.
On applaudit la chaise musicale entre les différents chanteurs et musiciens. La polyvalence, c’est beau.
La perfo se termine sur Ce ne sont que des mots, un texte vraiment magnifique qui a d’ailleurs remporté un prix individuel à la fin de la soirée.
Cette chanson nous met dans cet état-là:
«Bonne Saint-Jean-Baptiste», exprime Emerik de Mon Doux Saigneur, fidèle à son étrangeté. «On fraternisera plus tard, je vous vois même pas», ajoute-t-il.
C’est sur un long instrumental que le groupe amorce Chu tanné d’attendre, juste avant qu’Emerik ait besoin d’accorder sa guitare. «Fa c’est après Mi hen?», demande-t-il à la foule.
Il joue d’audace, interprétant plusieurs de ses pièces qui commencent à être connues, mais avec des paroles qu’il semble changer sur le vif, selon le mood. Téméraire quand même!
Cassant une corde de sa guit en pleine toune, il lance «J’ai pété mon g-string». Empoignant une autre guitare, il s’adresse à la foule: «J’ai pas de guit qui m’appartient qui mérite d’être présentable, s’il y a un mécène dans la salle…»
Sur la dernière toune, le groupe nous apprend à groover, nous invitant à taper sur le beat. Les pièces de Mon Doux Saigneur sont fortes et les textes puissants. La performance live est parfois difficile à suivre à cause des quelques anicroches et des mots qui varient selon l’humeur, mais le talent brut de tous les musiciens est palpable et c’est la raison pour laquelle le groupe a su faire bonne figure durant toutes les étapes du concours.
Le Prix du public est décerné à La Famille Ouellette.
Une quinzaine de prix variés sont distribués parmi les trois groupes finalistes et on annonce ensuite la victoire de La Famille Ouellette.
Pour ce qui est de leur limonade, on n’a pas pu y goûter, mais notre enquête journalistique a mené à la cueillette de ces commentaires:
«Fraîche et bien citronnée»
«Goûteuse et sucrée»
«Je dirais même veloutée»