Les choses étant ce qu’elles sont, on n’a pas d’autre choix que d’être admiratif devant l’histoire de l’équipe du Pantoum. Alors que tout est parti de trois amis musiciens qui louaient un loft en basse-ville de Québec (qu’ils transforment en studio et salle de spectacle ad hoc), quatre ans plus tard, c’est devenu une véritable plaque tournante des musiques émergentes de la Vieille-Capitale, incubateur et propagateurs des sons enivrants auprès des résidents de la ville. Le samedi 7 mai, l’équipe élargie proposait son premier festival, le MammiFest, au Complexe Méduse.
Orienté autour de l’électro et/ou des talents locaux, l’événement proposait quatre groupes locaux à découvrir, chapeautés par deux habitués du Pantoum, les Winnipegois de Royal Canoe et les Estriens-devenus-Montréalais d’Organ Mood. Nous nous concentrerons sur les noms moins connus; d’abord parce que Feu à Volonté est une plateforme de découverte, ensuite parce que le préposé du Parking Dorchester m’a laissé me garer gratuitement et je flairais l’arnaque à plein nez. Mieux valait partir tôt et éviter le ticket, quitte à rater les deux gros noms.
Une fois entré, on découvre – ou plutôt se rappelle – que le public est invité à se déguiser en son mammifère préféré. Ayant prévu le coup, j’ai enfilé mon habit de bal costumé favori, celui du gars pas dans la gang; look développé à perfection durant mon secondaire au Séminaire Saint-François. Cependant, ce n’est pas tout le monde qui semble avoir reçu le mémo: entre autres, le public présent de la salle d’à côté, qui s’est déplacé pour les finissantes et finissants du programme de danse interprétation du Cégep de Sainte-Foy.
Pour sa part, le groupe Floes, pour sa première présence sur scène, a opté pour le costume de technicien de scène, cet animal nocturne qui se nourrit de pizza dans le cue-in-stand-by-deux-heures-avant-le-show. Tout de noir vêtu, le trio donne dans l’électro introspective qui garde ses éléments groovy. La présence et la précision du groupe nous étonnent. À découvrir.
S’ensuit la performance de De La Reine, trio formé par des membres de X-Ray Zebras et Men I Trust. Leur électro minimaliste en français a de quoi séduire la grande majorité du public. Qualifiant eux-mêmes leur production de trip-hop post-rock, on comprend vite l’idée dans leur musique à la fois groovy, épurée et rythmiquement complexe. Leur tour de force se termine avec leur costume sonore: une reprise de Say My Name de Destiny’s Child.
Le troisième groupe de la soirée, Medora, a une plus longue carrière derrière la cravate. La formation présentait le matériel de ses deux EPs avec un bon aplomb et un caractère rock qui venait rompre un peu le rythme de la soirée sans toutefois jurer avec les autres propositions. On leur découvre, en performance live, une certaine sensibilité «math» dans les arrangements et dans les manières de mener à bien les mélodies par les unissons de guitare et de basse. Leur costume sonore est une reprise du titre Talent d’Avec Pas d’Casque, qui, bien que brillamment exécutée, déçoit certains spectateurs qui auraient voulu plus de Destiny’s Child.
Notre partie de soirée se termine avec Harfang, où l’on voit réapparaître le chanteur Samuel Wagner de Floes dans son même apparat. La formation œuvrant depuis belle lurette dans la Vieille-Capitale vient raffermir ses assises auprès de son public avec son indie folk unique et maîtrisé.
Le temps file et ma confiance envers le préposé au parking s’effrite. C’est tant pis pour les deux autres formations. On sait cependant qu’ils ont bien fait ça, par expérience (vous pouvez d’ailleurs relire notre appréciation d’Organ Mood au Agrirock en septembre dernier ici). Pour le reste, l’initiative du Pantoum brille encore une fois et nous souhaitons revoir une édition aussi enrichissante du MammiFest à l’avenir. Une raison de plus pour laisser sortir le mammifère en nous.
Photos: Etienne Galarneau