Entre des soirées folk, rock et post punk échevelées, les Francouvertes devaient trouver le moyen de caser des musiques «exotiques», comme le gospel, le hip-pop et la «musique de moune». C’est ce qui est arrivé hier au Lion d’Or. Retour du mieux que je pouvais à 23:48 avant d’aller me coucher.
Après avoir pris bien soin de manquer la mini-perfo de Chloé Lacasse, on profite du vibe bien spécial de Miss Sassoeur & Les Sassys, un groupe en partie natif de Baie-Comeau. On nage dans un jazz cabaret tapissée de soul, de gospel et de chanson québécoise des années 60, le tout saupoudré de poésie franglaise virée de bord.
Menue et charismatique, Sassoeur est accompagnée par trois choristes aux personnalités éloignées: Rose Royce et son accoutrement d’hôtesse de restaurant d’époque, Tiny Turner et son look hipster cool à casquette style Milk & Bone et, surtout, Féline Dion et son enveloppant charisme de douch scintillant de Chomedey. Bref la visuel est dynamique, à l’instar des harmonies vocales qui, à défaut d’être toujours très surprenantes, donnent une profondeur aux mélodies de piano de Sassoeur, autrement correctes.
Après avoir «catché la vibe» d’une ballade un peu longue, qui carburait pas mal «sur le swagger», la chanteuse enjoint les gens à bouger. «C’est le temps de bouger! Ça dérange pas que tu sois assis. Ça t’empêche pas de sortir tes moves de gars assis», envoie-t-elle. Sans embarquer unilatéralement, les gens brassent la tête et apprécient le moment. Pas mal dedans, un gars interrompt sa grosse gorgée d’eau pour dire «YES».
«Ça a tellement été vite. Ça a passé comme un pet dans bouette. Merci à tout le monde, à toi aussi avec ta face de musique émergente», dit Sassoeur, lol, avant d’entamer une chanson qui semble s’appeler Joie.
Forte du succès estimé de son premier album lancé l’an dernier, la rappeuse Sarahmée, également sœur de Karim Ouellet, arrive avec la confiance dans le tapis. À l’aise sur scène, la Sénégalaise amorce sa prestation avec une énergie percutante, que les musiciens traduisent avec des mélodies/percussions rap rock typiques de 2001. Surprenant comme entrée en matière.
«On est venus vous réveiller, public en délire», envoie la chanteuse, d’une façon aussi enthousiaste qu’ironique. Les deux chansons qui suivent se passent moyennement. Il semble y avoir des problèmes techniques, et le guitariste jase sur un moyen temps avec le gars de son. Au revenir de ce fuckaillage, Sarahmée nous éclaire: le pitch du beat était trop rapide, et tout le monde avait un peu de la misère à suivre. «C’était une course, c’était pas pire… Là, on va faire des chansons à des vitesses normales», dit-elle, essoufflée.
La vitesse ralentit ainsi promptement, le temps d’un exercice de style trap qui lui va moins bien. Heureusement, la sœur Ouellet embarque sur une rythmique boom bap sur laquelle elle semble être à sa place. Juste le fait de voir, pour une fois, sur la scène des Francouvertes, une rappeuse québécoise (ou bien «sénégalaise nord-américaine» comme elle le proclame), ça vaut tout l’or du monde, comme dirait Céline. Bref, même si elle est jonchée de lieux communs, la proposition hip-pop franchouillarde de Sarahmée est bien ficelée et gagne à être découverte en show.
En plus, ses musiciens sont Colombiens.
Pour finir: Guillaume Mansour Expérience, un groupe exceptionnel puisque l’ensemble de ses membres a déjà travaillé au marché Jean-Talon.
Entre funk, disco, punk et psych rock, le groupe de la Côte-Nord propose un gros foutoir de plein d’affaires, auto-appelé «musique de moune». Deux choses transparaissent toutefois dans l’ensemble de toute: le groove et la personnalité attachante du chanteur, qui parle souvent pour signifier qu’il est heureux. «Je suis vraiment nerveux, mais chus tellement content de vous voir. Même assis, vous êtes chaleureux», dit-il à une foule conquise, quelque part au début.
Accompagné par cinq musiciens, ce chef dirige la patente comme un chef, bousculant ses nombreuses influences l’une par-dessus l’autre avec une candeur euphorique. «Je veux juste souligner que c’est une belle soirée», ajoute-t-il, plus tard. «C’est vraiment diversifiée, mais en même temps, t’as plein de monde de Baie-Comeau, comme moi et Sassoeur… Si vous voulez savoir c’est quoi la Baie-Comeau wave, c’est à soir que ça se passe.»
Résultats des Francouvertes 2016 après la semaine 2 :
4 Guillaume Mansour Expérience
La semaine prochaine, voyez Mclean, Les Passagers et Édwar7.