Les Trois Accords
Joie d’être gai
La Tribu
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Reconnu pour leurs chansons de type soft-rock «humoristico-niaiseuses», le quatuor de Drummondville offre ici un cinquième album plus mature sans pour autant sacrifier son côté sympathique.
L’évolution du groupe se fait sentir à travers les trois derniers albums. Autrefois uniquement reconnu pour chanter des «jokes d’ados» que les jeunes vont fredonner, le groupe a transité vers un son un brin plus sérieux et plus mature, qui s’est amorcé avec Dans mon corps (2009). On sentait déjà avec des morceaux comme Le bureau du médecin que le groupe cherchait de plus en plus à raconter ses récits de façon plus habile et plus subtile sans pour autant perdre son côté ludique et naïf.
Cette transition s’est confirmée avec J’aime ta grand-mère (2012), un album qui mélangeait habilement des morceaux au son plus classique des premiers albums comme Je me touche dans le parc avec des essais «plus sérieux» et légèrement moins enfantins comme Bamboula.
Avec Joie d’être gai, le groupe consolide encore la transition vers une musicalité moins enfantine et se rapprochant beaucoup plus du son brit-rock d’un band comme Blur. Sans toutefois sacrifier les thématiques et la poésie un peu naïve de Simon Proulx.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de l’album, l’écriture du chanteur Simon Proulx, qui priorise une plume sans prétention sur une musicalité plus mature. On n’essaye pas ici de nous forcer la main à apprécier des poèmes sur-stylisés et sur-intellectualisés pour le simple fait de montrer qu’on est donc des bons auteurs, au contraire. Ici, Les Trois Accords s’exprime à travers des grandes chansons mélancoliques, dont le refrain n’est constitué que du nom de la ville de St-Bruno, chanté à pleins poumons, ou encore un bridge émotif où les seuls paroles sont «des fruits exotiques et du steak» répétés plusieurs fois dans un crescendo très ressenti. Mentions spéciales aux jeux de mots savoureux autour de la thématique de l’esthéticienne : J’ai un massage pour toi et C’est pas facial.
Le groupe de Drummondville emprunte à plusieurs courants populaires de diverses époques afin de concocter du soft-rock classique, bien maîtrisé et accrocheur. On sent que les gars écrivent ce que ça leur tente d’écouter et n’essaye pas de faire un Gros Mammouth Album 2, c’est une bonne chose.
En résulte un album facile à écouter, agréable et plus que sympathique. Ceux qui cherchent Les Trois Accords de l’époque d’Hawaïenne ne seront peut-être pas totalement comblés, mais pourront certainement y trouver leur compte à travers les mélodies envoûtantes qu’offre le band. À tout ceux qui ont adoré J’aime Ta Grand-Mère, Joie d’être Gai en est la suite logique.
L’album n’est rien de moins qu’un bol de Fruit Loops. Sucré, coloré et délicieux. L’emballage n’est peut-être brandé pour les jeunes, mais n’importe quel adulte qui est encore en contact avec son cœur d’enfant ne devrait pas hésiter à déguster un bon bol de Fruit Loops après une grosse journée d’adulte sérieuse.
«C’est pas parce que c’est niaiseux que ça peut pas être bien fait»
Chansons coups de cœur : Joie d’être Gai, Les Dauphins et les Licornes, Dans le coin et l’esthéticienne.
Mentions honorables : le titre de l’album et son artwork