Du 23 au 26 juillet dernier se déroulait la sixième édition du Festif! au cœur de Baie-Saint-Paul. Cette grande fête musicale qui prend d’assaut le centre de la municipalité de Charlevoix est l’occasion pour plus d’une aventure abracadabrante.
Sachant que Patrice L’Écuyer était trop occupé à décompresser de son animation de gala au ComédiHa! il y a deux semaines, Feu à Volonté à décidé de m’envoyer dans une formule rappelant celle du fameux animateur de jeux à Radio-Canada. Dans cette revue, vous verrez trois histoires farfelues dont seulement deux sont réellement arrivées. Pourrez-vous trouver laquelle?
Dans le cadre du Festif! …
1 J’ai failli me faire écraser au milieu de la foule par un dandy à vélo
À prime abord, Le Festif! charme par sa programmation éclectique, mélangeant avec brio des artistes bien établis et célébrités locales en besoin criant de visibilité à grande échelle. Cependant, c’est une fois sur le site que l’on découvre la force de l’organisation du festival. Entre les performances de la grande Scène Desjardins, les spectateurs ont droit à des prestations impromptues de nombreux artistes. Certains d’entre eux ont été de bons coups, comme Caltâr-Bateau, The Seasons ou encore la fanfare punk What Cheer? Brigade, provenant de Providence, Rhode Island, qui a sans nul doute été une grande révélation pour plusieurs festivaliers. Je soupçonne d’ailleurs que ces derniers aient joué pendant vingt-quatre heures sans interruption dans les rues de Baie-Saint-Paul du samedi soir au dimanche, ce qui ajoute à leur charme et à l’émerveillement qu’ils causent.
Toutefois, les performances d’entre-actes n’ont pas toujours été du même calibre. La pause entre les performances de Groenland et de Marie-Pierre Arthur, le jeudi soir, a permis aux festivaliers présents de faire la connaissance d’un amuseur public dont l’attrait principal est d’avoir une bicyclette antique de type grand-bi, une belle moustache et un chapeau haut-de-forme. Si son accueil a été acclamé par des spectateurs criant «Monopoly! Monopoly!» en voyant son accoutrement, on s’est lassé bien vite de cette distraction, d’autant plus que le cycliste se promenait sans crier gare au milieu de la foule. Sans doute que plusieurs, dont moi, ont craint pour leur intégrité physique.
2 Je me suis fait renvoyer du site après m’être battu avec des joueurs de vuvuzela
Contrairement à de nombreux autres festivals, Le Festif! semble, pour un observateur externe, bien se mélanger à la vie courante des résidents de Baie-Saint-Paul. Les rues sont propres (on remercie les verres consignés réutilisables), les gens sont souriants et tout le monde se respecte. Il y a cependant, comme partout, quelques exceptions. Lors du spectacle de Robert Charlebois, mes voisins de derrière ont eu l’éclair de génie de souffler, vis-à-vis ma tête, dans une trompette de carnaval à plusieurs reprises pour accompagner le légendaire Garou le fou qui chantait Je reviendrai à Montréal. La musicienne improvisée s’est excusé d’avoir soufflé si près de mon oreille, mais, lorsque je lui ai souligné que la chanson n’était peut-être pas la meilleure pour ce genre d’intervention sonore, elle m’a demande «dans laquelle ça serait mieux?». Aucune. Fait ça entre les chansons.
L’histoire aurait pu en rester là si je n’avais pas croisé les mêmes énergumènes au spectacle de Sweet Grass et Bernard Adamus dans le sous-sol de l’église de Baie-Saint-Paul. Souffler dans son engin au milieu d’une salle pleine, pendant que le chanteur de Brun s’égosille, m’a prouvé que certaines personnes ne se soucient peu de leur voisin. Le lendemain, lorsque j’ai aperçu quelqu’un sur le point de souffler pour ponctuer les musiciens de la Scène Desjardins, ma patience, sans doute affectée par l’alimentation festivalière, a flanché, de même que mon civisme. J’ai obtempéré et décidé de rester éloigné de la grande scène pour la fin des festivités, ce qui n’était pas si grave: je voyais très bien la scène de la cuisine de mon logement pour la fin de semaine et j’ai pu jouer à la pétanque avec Élixir de Gumbo, mais sans Dylan Perron, que l’on soupçonnait être parti à la SAQ pour préparer sa fin de soirée.
3 J’ai vu des citoyens déranger la performance de Louis-Philippe Gingras pour acheter des cigarettes
La série «Les Imprévisibles» du Festif! est sans doute l’élément le plus excitant de la grande fête musicale de Baie-Saint-Paul. Les festivaliers armés de l’application mobile de l’événement pouvaient recevoir une notification indiquant l’ajout de certains spectacles secrets. Si certains ont été déçus que la grande rumeur voulant que Jean Leloup performe dans le cadre de cette série se soit avérée fausse, les plus chanceux des spectateurs ont pu profiter de quelques grands moments de félicité musicale. En commençant par Karim Ouellet autour d’un feu à minuit le jeudi soir, la série a vu défiler Fred Fortin, Louis-Philippe Gingras, Dylan Perron et Élixir de Gumbo ainsi que Mara Tremblay dans des lieux aussi inusités qu’un sous-sol de dépanneur ou le milieu de la rue principale. Quelques chanceux ont aussi pu profiter d’un «off-spectacle caché» avec une performance intime de Caltâr-Bateau (encore eux!) dans la cour du Gîte Terre-Ciel.
Du point de vue de l’inusité, c’est Louis-Philippe Gingras qui gagne le premier prix. Derrière le comptoir du dépanneur L’Accommodation, le chanteur abitibien en a profité pour casser quelques nouvelles chansons d’un album qui paraîtra en 2016. On souligne aussi sa pièce finale, une composition qu’il a, semble-t-il, complétée la journée même qu’il a interprétée a cappella, avec les solos de batterie, les riffs de guitare et le texte délirant parlant d’une résidente du boulevard Saint-Laurent. Cette charmante performance n’a pourtant pas ému les Baie-Saint-Paulois qui entraient quand même dans le dépanneur en souhaitant acheter leurs paquets de MacDonald King Size sans attendre la fin des chansons. On remercie et félicite pour sa patience le commis, assis à côté du chanteur, qui agissait comme employé du dépanneur et roadie.
LE MENSONGE EST…
L’affirmation numéro 2!
Évidemment. L’ambiance du Festif! est trop détendue et joviale pour en venir à une intervention musclée contre des spectateurs irrespectueux. Les autres détails de l’histoire sont, par contre, absolument véridiques. Ces différentes opportunités et la détente générale font de ce festival un incontournable du calendrier estival du mélomane. En plus, si j’avais été chassé du site, j’aurais manqué Philippe Fehmiu qui se faisait aller l’arrière-train sur la scène avec la moitié de la foule pendant que Loud Lary Ajust interprétait son succès ONO. Ce que je n’aurais voulu manquer pour rien au monde.