Dans un petit local sans fenêtre du centre-ville de Montréal vit un monstre à quatre têtes nommé Cherry Chérie. Mais c’est un monstre pas mal gentil (un peu comme dans Monsters Inc.) qui danse avec un sérieux mouvement de bassin (comme Beyoncé) sur le son d’instruments anciens (genre Les Classels, mais avec moins de cheveux blancs).
C’est dans une caverne d’Ali Baba qu’Étienne, Paolo, Alexandre et Gabriel ont conçu leur bébé-monstre: J’entends la bête. Enveloppés dans un amas de jouets rétros datant des années 40, 50 et 60, ils ont produit un album 100 % analogique. «Tout a été enregistré avec des micros étampés URSS en arrière, lance Alexandre. On a aussi utilisé un mellotron, l’ancêtre du synthétiseur. Chaque touche fait jouer une cassette de sept secondes.» L’ambiance antique est donc tangible du début à la fin de l’album. «Au lieu de mettre le filtre Instagram, on avait la vraie caméra», ajoute Paolo. Les quatre têtes et leurs instruments, accompagnés de Simon Gauthier à la coréalisation, ont passé une partie de l’été dans la caverne pour concocter le produit livré aujourd’hui. «On a appris à se marcher sur les pieds, à ne plus pouvoir se sentir», relate Étienne. «La principale source de conflit, c’était les odeurs, ajoute Paolo (rire général). Ça chauffait au rock!» Malgré tout, le quatuor est demeuré soudé. Le monstre n’a pas failli. Quiconque a déjà observé Cherry Chérie en concert est en droit de se demander si l’énergie fougueuse des concerts pourra se retrouver sur disque. Pour Alexandre, chaque élément est à sa place et le plaisir auditif est intéressant dans les deux situations. «Il y a l’enthousiasme des shows, mais il y a tous les textes et les nuances à redécouvrir chez soi en écoutant l’album, dit-il. C’est comme quand tu rencontres une belle fille. Tu te dis ouais elle est belle, mais tu commences à lui parler et en plus elle a quelque chose à dire. C’est le genre de deuxième niveau qu’on retrouve sur le disque.»
Les Francouvertes
Cherry Chérie a fait une courte apparition aux Francouvertes cet hiver, mais le groupe n’a pu se tailler une place en demi-finale. «Si on avait voulu jouer safe, on aurait fait du folk, lance Paolo. Ce n’est pas nous. Ce n’est pas notre style. On s’assume à 100 % et on a décidé de foncer, peu importe l’issue des concours.» Pour ce qui est de la commercialisation de leur musique, les quatre amis demeurent optimistes. «Après Lady Gaga, notre son analogique ne rentre pas si bien que ça à la radio, explique Alexandre, mais un jour ils n’auront pas le choix de nous faire jouer (rire).» «Certaines radios, en régions, ont déjà commencé le faire», complète Gabriel.
Forêt Noire
En fondant sa propre maison de disque, Forêt Noire, Cherry Chérie se dit fier de garder le contrôle sur le processus créatif. «On avait déjà commencé à s’autoproduire et à se construire une équipe, explique Alexandre. C’est comme si on l’avait déjà notre maison de disque. C’est comme une relation de couple. On a juste dit bon, ça fait 6 mois qu’on couche ensemble, on est un couple. On s’est mis in relationship sur Facebook.» Forêt Noire est une analogie globale qui représente très bien le groupe. «Au mois de décembre, on savait qu’on se lançait dans beaucoup de dépenses, peu de revenus, seuls. On a comme traversé la forêt noire durant l’hiver, raconte Paolo. C’est une vraie forêt, en Allemagne où les rayons ne passent pas parce que la forêt est trop dense. Il y a bien sûr le petit lien avec Cherry Chérie ;-) et le fait qu’on est soudés tous les quatre. Tout est là-dedans.»
Créer un baby-boom
Provoquer la naissance de tonnes de bébés, rien de moins! Telle est l’ambition de Cherry Chérie avec cet album. «Les déhanchements sur scène agissent comme des messages subliminaux», commente Gabriel. «C’est notre solution aux mesures sur l’austérité», ajoute Étienne. En embarquant dans le délire du groupe, des couples se sont formés pour vrai (preuves scientifiques à l’appui). «On fait des shows pour des gens qui apprennent à danser le jive alors, ça allait de soi en dansant sur notre musique», complète Alexandre.
Fait intéressant
«La pièce Interlude (Ses Tentacules), c’est carrément un trip nuptial. Pendant la nuit, ça faisait seize heures qu’on jouait et on avait besoin de sommeil. Le café ne faisait plus effet. C’est parti d’un riff sur un lap steel et après on a ajouté des choses: sons de laveuse, de réservoir à eau chaude et percussions issues du cadran d’un vieux téléphone.» – Gabriel
Le lancement de l’album J’entends la bête, de Cherry Chérie aura lieu ce soir, 26 mai, à la Sala Rossa. Tu peux te joindre aux invités ici ou bien débarquer là-bas de manière impromptue.
L’album J’entends la bête est juste ici ou juste-là. C’est une bonne manière de dépenser ton argent de poche. Tu peux aussi choisir de chanter les tounes dans ta tête, mais c’est loin d’être la meilleure option.
Plusieurs concerts dans les confins de l’univers (du Canada) sont prévus durant l’été. Tu peux voir les dates/lieux ici.
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