Colin Stetson et Sarah Neufeld
Never Were The Way She Was
Constellation Records
***1/2
Les deux musiciens montréalais, l’un travaillant dans le post-jazz et l’autre reconnue pour ses collaborations avec Arcade Fire, signaient mardi dernier une nouvelle page de leur carrière avec Never Were The Way She Was, un album paru chez Constellation Records.
Avertissement: je parle ici de musique contemporaine. Bon, maintenant que j’ai fait fuir les trois-quart de mon lectorat, on peut se lancer dans les vraies affaires.
Faut que je vous l’avoue en commençant, je ne connaissais pas le multi-cuivriste Colin Stetson avant d’écouter Never Were The Way She Was. Faute avouée à moitié pardonnée, je me suis lancé dans une entreprise de rédemption pour l’autre 50 % depuis la dernière semaine en écoutant (trop) de ses anciens travaux. Tout ça pour finalement me rendre compte que ce gars-là tient vraiment du génie. Toutes ses compositions, ou presque, témoignent d’un doigté incroyable et d’une sensibilité à couper le souffle.
Il ne faut pas non plus oublier l’autre participante au projet, la violoniste Sarah Neufeld qui en revient à ses premiers amours. Même si on la connaît surtout pour ses collabos avec Arcade Fire, les puristes du post-rock, dont je suis, l’avait surtout découverte avec le Bell Orchestra, puis pour son rôle au sein de The Luyas. Mentionnons finalement Hero Brother, son premier album solo sorti en 2013.
Quand je titre mon article en parlant de «poésie sonore», c’est la pure réalité. Les pièces présentées sont toutes évocatrices et nous amènent à chaque transition vers un nouveau paysage à explorer, le tout dans un calme de plomb. Ce calme se fait même un peu déconcertant, tendant quelque peu vers l’inquiétante étrangeté freudienne par moments.
Malheureusement, comme tout album de musique contemporaine, celui-cine réussit pas à échapper complètement au difficile jeu des influences. On sent rapidement arriver Philip Glass, dans son temps avec le Kronos Quartet, et Cliff Martinez sur certaines transitions. Les compos restent aussi dans les limites confortables du formalisme tonal, ce qui ne dérange pas trop l’oreille de l’auditeur débutant.
On va se le dire: l’album est loin d’être facile d’approche. On se retrouve devant une quarantaine de minutes de musique impressionniste, purement instrumentale et très sobre au niveau de l’orchestration. Le but de l’opération n’était clairement pas de scorer la vente du siècle chez Constellation, mais je me réjouis de pouvoir encore constater l’intelligence et l’audace de cette maison de disque. C’est vrai que je passe mon temps à les encenser, mais avec d’excellents projets comme celui de Stetson et Neufeld, je n’y peux rien!
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