Ça a brassé sur tous les fronts hier soir au Lion D’or dans le cadre de la deuxième soirée de demi-finales des Francouvertes. Retour en bonne et mauvaise forme.
D’abord, c’est le grand cirque d’Anatole qui prend place. «Anatole, c’est moi», envoie-t-il, après une intro saisissante, appuyée de main de maître par quatre musiciens tout de blanc vêtus. Avec sa cape aux paillettes scintillantes multicolores et son one-piece de squelette, Alexandre Martel (alias Anatole) manie la guitare électrique comme un prince ténébreux du rock, multipliant les mouvements lascifs autour de ses musiciens. Sa synth pop musclée aux guitares vives a de quoi attirer l’attention, sans aucun doute, tout comme ses chorégraphies sensuelles, démesurées. Très à l’aise sur scène, le chanteur n’hésite pas à se lighter une cigarette sur scène et à la faire fumer à son claviériste avant de la jeter par terre. Un peu plus tard, il danse collé sur les spectateurs, profitant de l’occasion pour monter sur une table et caler une pinte de bière qui y traînait. Le charisme est indiscutable ; la musique, elle, est captivante grâce à ses changements de ton. C’est bien parti.
Ensuite, Yokofeu s’amène avec son mélange soi-disant post-punk motorique. Rapidement, on se rend compte que le chanteur Francis Rose sera le principal pôle d’attraction du spectacle. Entrant sur scène d’un pas assuré, alors que les cinq autres musiciens déploient déjà leurs énergies, Rose entreprend une danse malhabile qui évoque les balancements aux résonances épileptiques d’un certain Ian Curtis. Les mélanges musicaux pleuvent, sans jamais réellement trouver leur raison d’être. On nage entre synthés new wave, constructions prog et vapeurs funk psychédéliques. C’est disjoncté, et ça ne coule pas vraiment naturellement. Évidemment, les musiciens sont talentueux, et on sent qu’ils ont un plaisir fou à trouver des moyens de nous en mettre plein les oreilles. Résultat : ça sonne extrêmement surchargé. De son côté, Rose multiplie les mouvements saccadés et finir par se laisser tomber sur le sol au terme de la plus planante et compacte des six pièces jouées, S’en aller. À cet instant précis, c’est d’ailleurs ce que fait le groupe.
Enfin, PONI amène la barbe en guise de dessert. Paradoxalement, Bordel amorce de façon bien rangée et tranquille le spectacle. «Quand y’ont parti mon film, les couleurs étaient clean», chantent les deux Nicolas (Beaudoin et Gosselin), qui se complètent bien à travers leurs harmonies vocales. Les guitares stoner rock, elles, sont bien aiguillées et capables de devenir lourdes quand le gars au bout du manche décide que ça lui tente. Au fond de la salle, Vincent Peake, membre du jury et légende du rock québécois, brasse la tête avec une intensité soutenue, signe que le band obtiendra probablement des bons commentaires. «Bravo aux deux bands qui nous ont précédés. Faut qu’on fasse des shows avec vous, c’est trop cool», lance l’un des chanteurs, courtois et poli, comme on les aime. Les guitares intraitables poursuivent leur petit bout de chemin avec une constance épatante. Le groupe, qui contient notamment des membres de Black Piranha, Deux pouilles en cavale et Les Guénilles, a de l’expérience, et ça s’entend. Bref, une performance supérieure à la moyenne des Francouvertes jusqu’à maintenant.
Palmarès des demi-finales des Francouvertes après le soir 2:
1- Dylan Perron et Élixir de Gumbo
2- PONI
Les demi-finales se poursuivent ce soir, 20h au Lion d’Or avec C-Antoine Gosselin, Émile Bilodeau et Samuele.