Nous avons eu l’ultime chance de nous entretenir avec l’auteur-compositeur-interprète Claude Begin

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Claude Bégin/Photo: Léa Clermont-Dion

Le nom Claude Begin peut sembler peu familier (voire inconnu) aux oreilles de certains. Cependant, celui-ci est présent sur la scène musicale québécoise indépendante depuis maintenant une décennie. À travers ses explorations, Claude s’est dirigé vers diverses avenues musicales. Ses premières armes ont été faites au sein du duo rap acoustique Accrophone au milieu des années 2000. Il a ensuite collaboré au collectif hip hop Movezerbe. Par la suite, il a occupé un rôle d’arrière-plan mais essentiel à la musique éclatée post-rigodon d’Alaclair Ensemble. Il a parcouru des contrées dites plus pop avec l’univers de Karim Ouellet, dont il a réalisé les albums. Au terme de toutes ces expériences, le prolifique gars de Québec se retrouve donc devant un projet de taille : son premier album solo. Le projet en gestation est finalement venu au monde en février 2015 et porte le nom Les Magiciens. C’est lors d’un après-midi d’avril, au cours d’une traversée de la légendaire autoroute 20 qu’il a chaleureusement accepté de répondre à nos questions. Voici ce que ça a donné :

T’as fait partie d’Accrophone, Movezerbe, Alaclair Ensemble. Qu’est-ce qui t’a poussé à finalement te lancer en solo en 2015?

Après des projets de tous genres et de toutes sortes, ce qui me restait à faire en termes d’accomplissement personnel, c’était un projet solo. Ça faisait longtemps que je voulais me lancer dans un projet à travers lequel j’étais complètement libre de faire ce que je voulais. Dans mes autres trucs, il y avait un style dans lequel on était plusieurs à contribuer. Donc là, c’est un disque de moi à 100 %.

Ça fait 4 ans que tu travailles ici et là sur ton album solo. Sens-tu que ça a été laborieux  ?

Non en fait j’ai commencé il y a longtemps parce qu’il y avait d’autres projets sur la table, et il fallait que je termine tout ça, donc j’ai carrément arrêté pendant deux ans. J’ai même rushé l’album dans les 10 derniers mois avant la sortie. Ca pressait. Je pouvais pas dépasser une certaine date. Moi j’haïs pas ça la pression, et j’ai comme accepté de le faire dans cet échéancier-là. J’ai dû m’enfermer et faire ça super intensif. Le rush des deadlines, y en a qui aiment pas ça, moi j’aime ça.

Tu as notamment aidé à la conception des albums de Karim Ouellet. Est-ce que c’est ce succès plus commercial qui t’as donné envie de te lancer en solo ?

Oui, c’est sûr que ça aide. Ça aide à tous les niveaux. La maison de disques était partante de surfer sur ce succès-là qu’on a eu avec Karim. Ça a vraiment été positif.

Ça vous a surpris ?

Ben celui de Karim on s’y attendait un peu. On avait des attentes qui ont été hyper honorées. Les cartes étaient mises pour le deuxième album. Tout était là pour accueillir un album qui avait des chansons adéquates pour passer à la radio, surtout le single efficace. C’est ce qu’on a eu. Après coup, il fallait juste être opportuniste avec mon projet. Avec le mien, j’ai été encore plus surpris parce que c’est mon premier album, et mes attentes étaient vraiment basses. Je voulais juste avoir du fun et accomplir un album dont j’étais fier. Maintenant ça marche au bout donc tout le monde est très content.

Tu as produit pour des univers assez différents (Karim Ouellet, Maybe Watson). Est-ce que tu tires de l’expérience de chacune des sessions en studio que tu fais ?

Ben ouais, c’est tout ça qui a fait ça. Je suis carrément l’aboutissement de différentes écoles qui m’ont donné la capacité de faire cet album-là.

Tu te décris autodidacte et tu as appris beaucoup depuis tes débuts. Est-ce qu’il te reste des choses que tu veux apprendre ? Des nouveaux défis que tu veux te lancer ?

Ah c’est une bonne question ça ! Tu vois, j’ai expérimenté un peu sur des orchestrations de violons, violoncelles avec une vraie violoncelliste qui s’est retapé les arrangements de cordes que j’avais déjà fait sur l’album. D’habitude, je gosse avec des vieux samples et c’est un peu ca mon style. Là je me suis dit : je me gâte et je vais engager quelqu’un qui va carrément rejouer ce que je lui chante. J’ai comme composé live ce qu’il fallait ajouter sur les cordes dans l’album. Ça, j’irais plus loin là-dedans éventuellement. Même faire des orchestrations de strings sur d’autres projets. Être engagé pour ça, ce serait super pour moi. En tant que fan de musique, j’essaie toujours d’expérimenter avec plein d’instruments. J’en ai plein chez-nous. Je réussis pas mal à gratter de tout, sauf le violon qui est pas jouable. Ça, pis la trompette. J’ai fait de la trompette avec ma bouche et après je la fais dubber par un vrai trompettiste. C’est trop difficile. C’est trop long d’apprentissage, je suis un peu paresseux hahaha.

Pour les shows de ta tournée solo, tu vas être en avant-plan et sans instrument. C’est un gros challenge pour toi ou c’est un peu devenu seconde nature ?

C’est un mélange des deux. À date, j’ai fait un spectacle et demi, si on veut, en incluant la Nuit Blanche à Montréal. Je me suis agréablement surpris. J’ai décidé aussi de ne pas jouer d’instrument pour l’instant. J’aurais pu jouer de la guit mais le band est déjà suffisant et j’avais un malin plaisir à prendre le micro dans les shows de rap. J’ai incorporé le côté théâtre/rap/gestuel d’Alaclair. J’ai comme fait un mélange de tout ça. Avec Accrophone, j’étais en avant-plan, ça ramene donc cet aspect-là aussi. Le côté théâtre d’Alaclair je vais le chercher aussi pour l’incorporer à la scène.

Le clip Avant de disparaitre dans ton costume d’Adam a fait beaucoup jaser. D’où est venu le concept ? C’était ton idée ?

Honnêtement, je fais presque tout d’habitude. Même dans les clips, j’étais du genre à diriger dans les autres projets, surtout avec Accrophone dans le temps. Donc, mon projet, c’est moi qui a tout fait, sauf que pour le clip, c’est carrément Baz, le réalisateur, qui est arrivé avec l’idée. T’sais, sortir un album solo, c’est déjà lourd, c’est un gros poids sur les épaules. Je lui ai vraiment laissé carte blanche puis il est arrivé avec un truc complétement sauté. La journée même du tournage, j’étais encore surpris de ce qu’il me disait. Il me disait « es-tu game de faire ça carrément pas habillé ?». J’ai vraiment laissé ca entre ses mains. Je lui ai dit « regarde, c’est à toi de juger si c’est une bonne idée ou pas. C’est toi le boss du video. » Donc non, ça ne vient pas du tout de moi !

C’était vraiment un « T’es pas game » dans le fond !

Ouais, mais je suis pas mal tout le temps game !

Duo du balcon, le premier album d’Accrophone, célèbre ses 10 ans cette année. Ça t’arrive de regarder derrière et constater tout ce qui s’est passé depuis ? 

Hein, on avait même pas pensé à ça ! C’est vrai. Merci du cue, on va peut-être faire un affaire. Mais ouais, on regarde derrière constamment. Dans les entrevues, ça revient souvent parce que ma carrière est pas mal basée sur mon expérience et mon cheminement. Ça a été particulier. Je repense souvent à ça. C’est fou à quel point ça fait longtemps, ce style de musique-là est loin, et même avec Alaclair, c’est pas du tout du Accrophone. Donc, ce n’est vraiment pas quelque chose que je referais, mais je le vois comme la genèse de notre affaire.

Les fans peuvent espérer un retour un jour ?

Non, c’est fini Accrophone. On a dit à trois reprises que c’était notre dernier show. Le tout dernier était surement le dernier, mais je pense que ça ne tente ni à moi, ni à Eman de rechanter ça. Des fois, on le fait en joke en show avec Alaclair, mais ça ne nous tente plus. C’est tellement pu nous que ça a pas rapport.

Les fans vous en reparlent souvent ?

Ben oui, ça a comme marqué ma génération, même des fois des gens plus jeunes des fois qui disent : « Hey j’écoutais ça, j’avais 11 ans ! » C’est vraiment resté.

Gardes-tu un lien de création avec ton complice Eman ? Vous supervisez vos projets solos respectifs ?

En fait, lui, en parallèle de mon album, il faisait son album avec Vlooper. J’étais supposé participer, je voulais justement checker ça avec eux, réaliser un peu, et lui peut-être participer au mien, mais finalement, on a vraiment fait ça chacun notre bord en appréciant le travail de l’autre à distance. Par contre, plus récemment, on a fait un remix ensemble d’une chanson d’Eman, Nat King Cole. C’est la seule chose qu’on a fait.

Le rap traditionnel, c’est quelque chose que tu as mis un peu de côté ?

J’écoute du rap quand on est plus en mode party. Moi dans la vie j’en écoute pu vraiment. J’écoute vraiment du folk, du rock. Des nouvelles affaires qui sonnent vieilles, je suis vraiment là-dedans. J’ai vraiment aimé le groupe Cults avec ses vieux sons justement. J’écoute Buffalo Killers, que j’adore aussi. J’ai énormément écouté Bon Iver. J’écoute vraiment beaucoup de trucs.

Ta musique est généralement assez positive. Est-ce que c’est voulu que ça se reflète  ?

Tu vois, je ne voyais pas ça de même, et on me dit toujours ça. C’est pas voulu. Ça se fait très naturellement. J’écoutais les Beach Boys quand j’étais petit. et ça a comme été la première influence, ça ressort tout le temps. Toujours très pop et positif. Il y a quelque chose de rayon de soleil qui est plus fort que moi.

T’as pas beaucoup de dates de tournée d’affichées pour le moment. Est-ce que tu vas faire des annonces bientôt ?

Ouais ben en fait je pense qu’actuellement on a 10 shows de bookés. Le succès radio et du vidéoclip fait en sorte que le téléphone sonne. D’après moi, on va être bon pour une vingtaine de dates cet été. Ça devrait être un peu partout à travers le Québec. On va essayer d’aller chercher le plus possible les régions.

Y a des nouveaux clips en préparation pour aider à la promotion des shows ou tu vas te concentrer sur ton premier single Avant de disparaitre ?

Je pense qu’on va surfer sur ce single-là longtemps. Évidemment, on est en train de checker pour un deuxième clip. Je sais pas encore ça va être quoi ni avec qui je vais faire ça, mais éventuellement ça va s’éclaircir. On sait pas trop sur quelle chanson on va se fixer. C’est un peu les traqueurs radios qui décident. J’pense qu’on va choisir entre Au 1036 et Celle qui chante.

Après la tournée, as-tu déjà un plan ou une idée de sur quoi tu vas travailler ? Retour à un groupe ?

Il va falloir que je travaille plus intensément sur le prochain album à Karim pour qu’on puisse le livrer pour les bonnes dates. J’essaie vraiment de prendre le moins d’affaires possibles.

Ton deuxième album solo est déjà avancé ?

Je note toujours des idées sur un notepad, mémo vocal et autres. Je me base là-dessus. C’est vraiment des petites affaires pour m’inspirer, j’appelle ça des noyaux. Si c’est une bonne idée, à partir de là, je fais le reste. J’y vais vraiment au feeling.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite des choses ?

Que l’album fonctionne le mieux possible et que ça motive tout le monde à sortir le deuxième en grande pompe.

Claude Begin sera en spectacle au Cercle de Québec le 16 avril, puis au FEQ le 9 juillet. Surveillez son site web officiel et ses réseaux sociaux pour l’annonce éventuelle de ses nouvelles dates de spectacles à travers la province. 

 

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