22 février, il est passé minuit à Londres, Peter Doherty et ses compagnons sont toujours sur scène au JAMM à Brixton, au moment où l’explosive Don’t Look Back into the Sun nous déchire les tympans: le poète maudit se lance avec sa guitare dans la foule en plein sur moi, je suis au zénith, les young lads qui m’entourent aussi!

Peter Doherty / Photo: Mathieu Catafard
Peter Doherty / Photo: Mathieu Catafard

Alex, un gars de Newcastle m’ayant offert une clope avant le spectacle m’apprenait que le cher Pete  n’avait pas mis les pieds en Angleterre depuis belle lurette. De son accent martien «geordie» aggravé par les litres d’Ale, j’arrivais à discerner certaines phrases. Il avait roulé huit heures en bus pour pouvoir être là et pour lui c’était clair que si Doherty était en forme, le spectacle finirait en riot. J’avais bien de la misère à le croire, du moins je ne m’attendais pas à une soirée punk rock, Doherty annonçait un spectacle acoustique seul avec sa guitare, sans plus.

C’est dressé d’un chapeau style borsalino et d’un complet noir des plus élégants que le chanteur arriva sur scène pour le deuxième set. Le dandy avait donné un premier spectacle plus tôt dans la soirée et il était évidemment en retard pour la deuxième partie.

Sans même nous adresser la parole, accompagné d’une violoniste, Doherty entame sa nouvelle chanson intitulée Flags Of The Old Regime composée en hommage à Amy Winehouse. Il est en forme le Pete, le gain en poids qu’il a pris depuis sa désintoxication en Thaïlande lui va bien; apparemment que son éternel flirt avec l’héroïne est réellement terminé selon ses propres paroles… Peter remontait sur scène après une très longue période de combat contre sa dépendance à la drogue dans un centre de désintoxication en Thaïlande, il y était depuis le mois d’octobre passé. Son comeback en terre anglaise n’était l’histoire que de quelques concerts à Londres avant de repartir en Asie pour enregistrer le nouvel album des Libertines avec son pote Carl Barât.

Peter Doherty / Photo: Mathieu Catafard
Peter Doherty / Photo: Mathieu Catafard

La salle du JAMM est très petite, les 300 personnes collées comme des sardines les unes sur les autres scandent «Pete! Pete! Pete!» après la fin de sa première chanson. L’enfant terrible du rock, âgé de 36 ans, impressionne, il est totalement dans son élément sur scène, il a une sorte d’aura, de charisme hors pair qui fait en sorte qu’on ne peut être autrement qu’attiré par lui et sa voix éraillée. Les gens dans la salle le contemplent comme une sorte de demi-dieu.

Rejoint par ses acolytes des Babyshambles à partir de The 32nd of December, Peter range sa guitare acoustique pour l’électrique. La foule s’anime. Dès les premières notes de la classique chanson des Libertines Death On The Stairs, les gens sont totalement fous, les verres de bière à moitié pleins s’envolent au-dessus de nos têtes alors que la foule bien polie, à l’anglaise jusque-là, se met tout à coup à se transformer en hooligans à la recherche de baston. Plusieurs fans sont littéralement projetés au sol par le mouvement de la foule assoiffée de l’énergie qui a fait la renommée des spectacles de Doherty.

Mon nouvel ami de Newcastle, un peu trop bourré, aura finalement eu raison, cette soirée a viré beaucoup plus sale que prévu. Le dandy musicien maîtrise son art à la perfection, il sait exactement quoi donner à la foule, Il  ensorcelle et nous embarque dans son monde.

J’ai marché dans les rues de Brixton après le concert, le sourire fendu aux lèvres, les oreilles sifflantes et les souliers couverts d’Ale collée et de saletés, la tête plongée dans le paradis d’Arcadie.

Je vais dire comme Alex après le spectacle : «This guy is the last real one mate!».

Une réponse

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