Les demi-finales des 18e Francouvertes ont commencé sous un tonnerre d’applaudissements, hier soir. Les gens massés au Lion d’Or semblaient s’être tous déplacés pour voir Bobby One, qui demeure le seul artiste de la saison à avoir fait lever les gens debout.
C’est P.A.P.A. (Pas d’Argent, Pas d’Argent) qui a fait face aux juges en premier. Avec un long plaidoyer récité par un confrère, il a expliqué les grandes lignes de son parti « d’extrême centre ». Malgré la mise en scène intéressante en introduction, où l’on semblait entendre un discours électoral d’un monde parallèle, la suite de la prestation était plutôt fade. Tout comme lors des préliminaires, on ne pouvait comprendre, à « oreille nue », la majeure partie des paroles du rappeur qui étaient lancées avec désinvolture ou étaient bafouillées. P.A.P.A. a récolté la 3e place temporaire du palmarès.
En contradiction totale avec son prédécesseur, Bobby One s’est montré exactement sous le même jour que lors des préliminaires : prêt. Avec assurance et clarté, il a livré ses textes avec une diction travaillée, ce qui est normalement la lacune irritante qui pollue le rap. Se permettant une brève allocution à saveur politique, le rappeur a déclaré « qu’il n’avait jamais trouvé si important de chanter son rap en français qu’aujourd’hui. » Si P.A.P.A. semblait s’être trop laissé emporter par le feeling du moment, Bobby One était, à l’opposé, dans une mise en scène très (trop) propre, calculée. Plusieurs moments trop peaufinés et préarrangés dérangeaient par leur similitude avec la prestation des préliminaires. Le protégé de Koriass aurait eu avantage à sortir de son moule et à intégrer plus de spontanéité à sa prestation qui semblait avoir été faite 1000 fois exactement de la même manière.
Philippe Brach a bouclé le trio avec son folk doux et aride à la fois. Difficile d’expliquer les frissons qu’il réussit à nous arracher autrement que par le caractère brut de sa voix capable de tout. Qu’il se fasse plus tendre dans les aigus ou qu’il adopte un ton plus saccadé dans les pièces à saveur humoristique, il agit comme un capteur d’attention absolu. L’authenticité de ses interventions est palpable. Rien n’est écrit à l’avance et le charisme fait son œuvre. Le fil conducteur dressé par son set list est percutant : on comprend d’abord sa maîtrise des rythmes, on atteste qu’il manie les mots, on s’entend pour dire qu’il a « le petit quelque chose » pour nous faire sourire et on est finalement submergés par son émotion à lui, livrée sans aucun masque. Drôle, beau, touchant, poétique, intense. Tout est là.
Ce soir, voyez les demi-finales de Joëlle Saint-Pierre, MARITZA et Julie Banche à 20h au Lion d’Or.
Le palmarès des demi-finales après la première soirée :
1- Philippe Brach
2- Bobby One
3- P.A.P.A. (Pas d’Argent, Pas d’Argent)