La cinquième ronde des préliminaires de la 18e édition des Francouvertes aura lieu ce soir. Durant sept semaines, trois candidats participent au concours-vitrine chaque lundi. Les vainqueurs des préliminaires remporteront une place en demi-finale où ils tenteront d’atteindre la grande finale, le 12 mai prochain. Près de 120 000 $ en bourses et en prix seront remis aux participants. Feu à volonté vous présente chaque lundi vos trois candidats du jour. Cette semaine, Coroner Paradis, Jacques Bertrand junior et Bobby One tenteront de gagner vos oreilles et celles des juges.
Coroner Paradis
« Je fais de la chanson tendre et mélancolique. C’est franco-poétique. Je me promène entre le folk classique, le grunge et le punk, mais pas pour le style, plus pour l’esprit qu’on y met. On est comme Brassens. On est anarchistes et bruts. »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
On a tapé un démo en deux jours. C’est un coup de tête. C’est vraiment une belle vitrine, parce qu’on a un projet tellement récent. On n’a jamais joué à Montréal et on est vraiment heureux de passer d’abord par les Francouvertes plutôt que de devoir aller chercher notre visibilité dans les 5 à 7 des petits bars.
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
C’est moi le meilleur. C’est évidemment une blague. C’est très éclectique, ce qu’on voit aux Francouvertes alors tout le monde est un peu différent à sa manière. On fait vraiment de la chanson à textes. La musique est uniquement un prétexte. Je suis un poète qui fait de la musique; je ne déconne pas avec les mots. C’est là où je deviens sérieux, même si dans la vie je suis plus loufoque.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
Ça plaît ou pas. Je ne mérite pas de place en finale. Mon but est de toucher les gens, pas de gagner un concours.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Je pense qu’il y a énormément de musique. Nous sommes saturés. Internet et les nouveaux médias amènent une autre perception de la musique. Personne ne prend le temps d’apprécier la pochette d’un disque comme une œuvre, de l’ouvrir et de lire les textes. Les iPods des gens jouent des playlists sur random. Le défi est d’essayer de ne pas être dans l’air du temps. La musique doit être là pour ta survie. Tu fais ça ou tu meurs. Tu ne fais pas ça pour pogner.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
Vous le connaissez déjà, mais Keith Kouna. C’est un ami et il suit une démarche tellement intègre depuis 20 ans. C’est ironique qu’il soit considéré comme un artiste de la relève. C’est un immense poète, dans la lignée des artistes purs. C’est un gars de mots qui a su développer son propre style. J’adore aussi Jacques Bertrand junior. Il n’a jamais eu de subvention et il fait rouler sa propre affaire. Je me sens comme un imposteur de jouer à ses côtés, mais ça me soulage énormément que l’on joue la même soirée parce qu’il est très inspirant. Je dirais aussi Gab Paquet, qui est complètement dans un autre registre. C’est le gars le plus drôle que je connaisse.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
Léo Ferré. C’est un intouchable. Dans mes meilleurs et mes pires moments, il y a toujours une chanson de Ferré. Sa façon d’aborder la poésie m’inspire énormément.
Le premier disque que tu as acheté?
J’ai écouté beaucoup de musique achetée par mes sœurs et dont j’ai un peu honte, mais avec le premier 20 $ que mon père m’a donné, j’ai acheté Smash de Offspring.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
Le thérémine. Une espère d’instrument avec lequel le son est émis par des fréquences. Ça ne me ressemble aucunement. J’aimerais ça être chose que moi des fois.
Jacques Bertrand junior
« On est un peu trop doux pour les durs et un peu trop durs pour les doux et on n’aime pas le reverb. Ce que je fais, c’est le contraire de planant. C’est plus rough. »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
Ça me ramène mes contradictions en pleine face. Ça fait longtemps que je fais de la musique et je me tenais loin de ces choses-là. Pour aucune raison en particulier, j’ai changé d’avis et je me suis inscrit pour la visibilité que ça me donnerait. Je voulais faire de la musique plus sérieusement. J’ai écouté une amie qui m’a encouragé à m’inscrire. Il y a plein de genres de musique différents qui sont dans ce concours. Ça nous fait faire de belles découvertes.
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
Je suis différent parce que je me maquille les yeux avec du rouge à lèvres. Je suis aussi un joueur de badminton. Je fais des parties de badminton avec ma blonde dans la cuisine.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
J’aime rigoler avec cette question: je serais un investissement sans risques pour l’industrie. On va jouer dans toutes les radios, on va faire plein de records. On va se marier avec l’industrie.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Définitivement, c’est de devoir enjamber les cadavres des artistes qui n’ont pas survécu. Beaucoup ont échoué. J’en ai vu beaucoup s’en aller vers le succès et devoir arrêter.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
Je dirais Rabin Kramaslabovitch. Vous pouvez obtenir sa musique gratuitement sur Bandcamp. Il chante avec sa copine et je trouve le mélange des voix magnifique. Les textes sont superbes. Ce n’est pas le genre d’ambiance qu’on entend généralement au Québec.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
Daniel Johnston.
Le premier disque que tu as acheté?
Ce sont deux 45 tours: Blondie, Heart of Glass et Born to Be Alive de Patrick Hernandez. Ce sont, encore aujourd’hui, des succès sur les planchers de danse.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
Un klaxon, car ça avertit d’un danger éminent et ça exige une réaction. Un instrument doit faire ça. Sinon, une flûte de paon, car ça aide avec les femmes…
Bobby One
« Je fais du rap. Je suis un rappeur. C’est une musique à textes qui est combinée à des basses lourdes mélodiques. Je suis un peu inspiré par le rap de la Côte Est des États-Unis à la fin des années 90. Les textes priment et ensuite la production alourdit le tout. »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
C’est un honneur. C’est la première fois que je m’inscris à un concours. Il y a beaucoup de rock et de folk aux Francouvertes et je suis heureux de la place que l’on offre au hip-hop là-dedans. C’est une certaine reconnaissance, une notoriété.
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
J’ai quand même un bon bagage de scène. Je suis allé aux Francouvertes voir les autres. Il y a des gens qui n’ont pas fait tant de spectacles que ça. Moi je fais des spectacles pas mal chaque semaine. Cette énergie-là, on la sent. J’embarque sur une scène pour m’amuser et ça parait que je n’ai plus le stress, car ça fait 10 ans que je tourne.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
Je propose un package intéressant. Si on évalue la qualité musicale, la qualité des textes, la prestance, l’expérience. J’ai pas mal toutes les qualités requises. C’est un set bien rodé. On peut mettre un crochet à côté de tous les critères.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Définitivement c’est de la couverture médiatique. Même si tu as le meilleur album au monde, si t’as pas les bons journaux, les bons blogues pour en parler, c’est ben triste, mais ça va être relégué aux oubliettes. C’est une question de trend, ce qui est cool en ce moment. Il y a beaucoup de petits bijoux émergents. Je vois pas mal de bons bands. Si ces bands-là avaient de l’exposure, ils vendraient pas mal plus. D’autres sont bien ordinaires et sont très médiatisés, ce qui me laisse perplexe.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
Elle est déjà connue, mais elle me fascine. Salomé Leclerc. J’ai eu la chance de faire des shows en France avec Koriass et elle était là aussi. J’ai été sidéré par cette fille. Elle a une voix, une chaleur, une intensité. Elle mériterait beaucoup plus de visibilité. Je suis tombé sur le cul quand je l’ai entendue.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
Youssoupha. Ce qu’il fait, c’est lourd de sens.
Le premier disque que tu as acheté?
L’École du micro d’argent de IAM.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
Je pense que ce serait le piano parce qu’il peut être à la fois festif et émotif. Ma mère joue du piano depuis que je suis petit. J’ai toujours aimé ça.