La série Révèle la relève présente ce jeudi un programme double 100% féminin. Sarah Toussaint-Léveillé et les Sœurs Boulay attaquent la scène de la Maison de la culture Maisonneuve, un spectacle produit en partenariat avec les Francouvertes. Riche d’un premier album qu’elle décrit comme « un premier pas, dans un soulier aux lacets détachés », Sarah attrape la musique au vol et y accole ses histoires, sans se mettre de pression. Feu à volonté a discuté avec elle… sans pression!
Quelle est ta perception des Francouvertes et de Révèle la relève. Qu’est ce que cette plateforme représente pour toi?
Pour moi, ç’a été des super belles rencontres. Je ne tripe pas sur les concours du tout. Je trouve qu’on y accorde trop d’importance. Le milieu mise beaucoup sur le nombre de concours que tu as gagné et à combien de reprises. Personnellement, je vois plutôt ça comme une foule de formations et d’ateliers, un lieu de rassemblement. En comparaison à l’aspect « concours », je préfère les « vitrines ».
Pour le 6 février, on parle d’une soirée de filles avec les sœurs Boulay. Avec toute la visibilité et le succès quelles ont eu dans la dernière année, qu’est-ce que ça te fait de passer une soirée sur scène avec elles?
C’est très cool pour moi. Je les connais déjà très bien et on a beaucoup de plaisir ensemble. Ça va être un petit clin d’oeil à nos expériences passées. Elles sont drôles et on a toutes un petit côté spontané qui fait qu’on se mélange bien.
As-tu l’impression que ta musique et celle des sœurs Boulay, c’est de la musique de fille? Peut-on attribuer un genre aux chansons?
Je ne me sens aucunement interpelée par ça. Je n’ai jamais été « fifille » et j’ai toujours voulu, au contraire, me positionner au milieu de tout et ne pas être associée à une étiquette en particulier.
La scène musicale québécoise féminine est elle en santé selon toi? Y a-t-il assez de femmes qui prennent les devants pour montrer leur savoir-faire?
Depuis les années 60, depuis Pauline Julien, je n’ai pas l’impression qu’on a eu à faire tant d’efforts. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’en musique on a officiellement notre place. Je n’ai jamais senti de combat, de complexe d’infériorité ou le sentiment que je n’avais pas le droit de parole. Ça dépend comment en tant qu’artiste tu te définis par rapport aux autres. Ça n’a jamais été un questionnement pour moi.
Quelles sont les plus grandes difficultés pour percer en musique, aujourd’hui, en 2014?
Le mot percer me donne toujours des frissons dans le dos. Tu veux percer quoi? Le ciel? Il va te tomber dessus. Je crois que les outils sont en nous. Il faut apprendre à déléguer. Il faut faire confiance aux gens et aller chercher les gens dont on a besoin. C’est vraiment du cas par cas, du hasard, des contacts. C’est un milieu comme ça. Si tu veux vraiment faire ça, il y en a qui partent de milieux où ils n’ont pas accès du tout à la scène musicale, ou à la scène tout court et ça finit par fonctionner quand même. De mon côté, je suis toujours tombée sur le bon monde.
Quelle est ta plus grande fierté par rapport à ton premier album, La mal lunée?
Je suis contente de ne pas m’être posé trop de questions. Mon album me fait rire. Il est cute. Il y a deux, trois tounes pour lesquelles je ne me suis pas censurée; je dis tout ce que je pense. Il n’y avait pas de concept à cet album-là. Ça a vraiment été au jour du lancement avant que je commence à m’en faire. J’ai réalisé que les gens allaient le critiquer. Mon album me rappelle d’où je viens et pourquoi je fais ça. C’est spontané. Je passe du coq à l’âne. Ça me permet de rester groundée. C’est facile de te perdre, dans notre milieu. Tout le monde a un commentaire à faire sur ce que tu fais, tes parents, tes amis… Ça peut devenir aliénant, mais l’album, tu n’as pas le choix de le faire pour toi.
Quels sont tes projets musicaux pour les prochains mois et les prochaines années?
Je travaille sur un 2e album pour bientôt. J’ai envie de faire un album conceptuel cette fois-ci. Qui se tient. C’est difficile pour moi parce que j’essaie de combler mon désir de « touche-à-tout » en même temps. J’ai fait quelques tounes en une seule journée chacune avec mon contrebassiste Alexandre Blais. On a appelé ça les clips boboches. On s’est mis au défi. Ça fait un travail de production incroyable et j’ai hâte d’amener ça sur scène.
Un artiste qu’on ne connaît pas et qu’on devrait connaître selon toi?
Il y a sept ans je mettais ma musique sur Myspace. J’avais découvert un artiste de l’Oregon qui se somme Cars & Trains. C’est de l’électro acoustique un peu pétée. J’avais téléchargé ses pièces il y a bien longtemps et j’ai réalisé récemment qu’il avait plusieurs albums et ça m’a fait vraiment plaisir de les écouter.
Voyez Sarah en concert avec les Sœurs Boulay, le jeudi 6 février 20h30, à la Maison de la culture Maisonneuve.