C’est bien connu qu’écouter la musique en vinyle, c’est pour les hipsters. Pour ceux qui veulent avoir l’air cool de traîner à l’Oblique et au Atom Heart. Pour ceux qui veulent faire semblant de savoir c’est quoi le dynamic range.
Mais au-delà du fait que « ça sonne bien meilleur en vinyle » parce que t’as une table RP3 avec des speakers d’une valeur dans les quatre chiffres, les amateurs de vinyles semblent souvent oublier qu’il s’agit du support permettant le mieux d’apprécier l’Album avec un grand A.
Je m’explique.
Le format le plus pratique et le plus versatile, c’est le MP3 (ou n’importe quel format numérique pouvant se traîner dans votre cellulaire). Tu peux le transporter partout avec toi, brancher ton iPhone lors d’un party pour twerker sur Miley Cyrus, l’écouter dans le métro, l’autobus, à l’école… C’est aussi le format avec la moins bonne qualité de son (compression oblige), mais c’est surtout le format qui déconstruit le plus l’Album tel qu’on le connaît.
Avec le MP3, tu peux skipper tes chansons quand tu veux, construire des playlists qui regroupent plein de singles bref, tu peux jouer avec les chansons, ce que ne permettent pas le CD, ni le vinyle.
Cette versatilité a ses avantages, mais aussi ses défauts. À force d’écouter la musique en MP3, on tend de moins en moins à apprécier l’objet qu’est l’Album. Tu pèses sur play, tu pèses sur next, tu choisis la toune que tu veux dans iTunes, c’est aussi simple que ça.
Quand tu écoutes un vinyle, tu dois te lever de ton sofa, trouver un vinyle dans la bibliothèque, prendre le vinyle, le placer sur la table-tournante, descendre l’aiguille, refermer le couvercle, te rasseoir sur ton sofa, te relever à la moitié de l’album pour changer le vinyle de côté, le remettre dans la pochette quand c’est terminé et répéter le processus pour l’album suivant.
L’air de rien, c’est un mini-effort qui, pour beaucoup de personnes, n’en vaut pas la peine.
Mais d’avoir la pochette du vinyle dans les mains, de l’ouvrir et de regarder l’artwork permet une certaine communion avec la musique qui dépasse le simple son. On connecte un peu plus avec l’artiste, avec ce qu’il a voulu nous transmettre. Changer le côté du vinyle crée une sorte de rituel de mi-parcours. On a l’impression de perpétuer une tradition ancienne, de connecter avec l’époque où l’auto-tune n’existait pas.
Ça donne une vibe à l’expérience qui n’est pas présente avec la musique digitale. Avoir un support physique ancre la musique dans le réel, dans le concret.
Et même si ça coûte plus cher un vinyle neuf qu’une chanson en MP3, ça vaut la peine d’aller à l’Oblique et au Atom Heart ne serait-ce que pour demander conseil aux disquaires, parce qu’ils en écoutent pas mal eux, de la musique, et ils s’y connaissent énormément.
ps. Tout ce que j’ai dit peut surement s’appliquer aussi au CD. Mais le CD est beaucoup moins hipster que le vinyle, tsé.
[Image: utilisateur Flickr Ed Uthman]