L’album donne l’impression d’avoir une bonne ligne directrice et d’avoir une suite logique, plutôt que d’être un amas de chansons que le groupe a rassemblé.
C’est avec un nouveau look aux allures des années 1950 que les membres des Arctic Monkeys ont annoncé qu’ils allaient présenter au public une version quelque peu différente du groupe. Enregistré en Californie sur une période de quelques mois (comme les deux albums précédents d’ailleurs), AM s’annonçait comme un album avec de nouvelles influences. Le frontman du groupe Alex Turner a annoncé en entrevue que ça allait sonner comme un mélange de beats de Dr. Dre avec des tournures à la Ike Turner dans le désert californien. Malgré tout, le groupe assure tout de même qu’on retrouve le son indie rock britannique des Arctic Monkeys qui a fait grossir leur bassin de fans depuis leurs tout débuts. Cela est en partie assuré par le fait que James Ford produise ce nouvel opus (Ford produit les albums du groupe depuis Favourite Worst Nightmare, paru en 2007).
Le groupe prend un peu de risques puisqu’il est actuellement au sommet de sa popularité, principalement dans sa terre natale en Angleterre. Ils viennent tout juste de se produire au méga festival Glastonbury en juin en tant que tête d’affiche.
Le résultat de leurs longs mois à faire la fête aux États-Unis avec Josh Homme, à faire toutes sortes de rencontres intéressantes et à écouter toutes sortes de musiques se fait sentir sur AM. Le produit final est un album plus conceptuel, plus thématique que ce à quoi ils nous ont habitués. Les membres du groupe nous offrent un album un peu plus débauché, sexy et qui, malgré ses influences diverses, réussi à faire un tout homogène intéressant. Cet album marque un renouveau dans le parcours des Arctic Monkeys
Dès les premières secondes, le premier extrait Do I wanna know ? donne le ton. Il représente bien l’album dans son ensemble où rock accrocheur, désir et mélodies efficaces s’entremêlent. L’album offre un équilibre bien dosé entre les pièces plus mielleuses et celles qui brassent un peu plus. Cela dit, les pièces les plus lourdes se trouvent au début de l’album pour capter notre attention. R U Mine est terriblement accrocheuse.
Une des pièces qui illustre le mieux le mélange des styles est Arabella. Les couplets offrent une ambiance plus hip-hop avec la batterie et les guitares fondues ensemble avec une bonne production qui pourrait donner l’impression qu’effectivement, Dr. Dre est derrière la console. Le refrain, quant à lui, présente un riff saccadé très rock qui rappelle War Pigs de Black Sabbath. Arabella contient aussi, chose plutôt rare pour le groupe, un solo de guitare.
La vibe hip-hop se retrouve également sur Why’d You Call me Only When you’re High?. Un peu simple, mais efficace et elle se place bien dans l’album.
Knee Socks m’a aussi donné la légère impression que le band s’est approprié le sample de guitare sur Gorgeous de Kanye West (parue sur l’excellent My Beautiful Dark Twisted Fantasy en 2010) pour en faire une version bien à eux.
Cela dit, le groupe ne perd pas de sa sonorité originale. Ceux qui avaient aimé l’ambiance un peu plus groovy et dansante du groupe dans les premiers albums peuvent la retrouver sur des pièces comme Snap Out of It. Toutefois, dans l’ensemble, AM opte pour le son un peu plus obscur que le band a adopté depuis Humbug.
Autre fait intéressant, le groupe a intégré des éléments musicaux qui leur sont inhabituels, notamment l’utilisation d’un piano dans No.1 Party Anthem ainsi que le drum machine, au détriment de Matt Helders.
Lyricalement, AM donne l’impression qu’Alex Turner et sa bande ont passé beaucoup de bon temps au courant des derniers mois en Californie, en prenant bien soin de savourer tout ce qu’elle a à offrir. Josh Homme, stoner rocker notoire, semble avoir eu une influence plus significative cette fois-ci. On y traite beaucoup de relations parfois éphémères, d’attachement maladroit, d’abus d’alcool et d’autres substances illicites, de désir, etc. Si les Arctic Monkeys l’ont déjà fait dans le passé, cette fois-ci ils le démontrent plus clairement.
Outre les thèmes, Alex Turner livre des paroles comme ce à quoi il nous avait habitués au niveau du chant et de la structure. Le seul élément nouveau est une écriture qui se rapproche davantage à celle d’un poème traditionnel sur I Want it All, par exemple.
Trois artistes invités font une apparition sur AM. Il y a Josh Homme des Queens of the Stone Age qui est omniprésent dans l’univers du groupe depuis qu’il a produit la majorité des morceaux sur Humbug lors de leurs premiers enregistrements aux États-Unis (Alex Turner a d’ailleurs contribué au plus récent album des Queens, … Like Clockwork). Homme fourni des backing vocals sur One for the Road et Knee Socks. Ses collaborations n’apportent pas grand-chose, mais elles restent sympathiques.
Il y a aussi Bill Ryder-Jones, anciennement de The Coral, qui vient poser une track de guitare sur Fireside. La contribution la plus intéressante, à mon avis, reste celle du poète anglais John Cooper Clarke. Ce dernier signe l’entièreté du texte sur I Wanna be Yours, le dernier morceau de l’album. Le texte est court, simple, imagé et poétique. Ajoutée au texte, la musique du groupe donne l’impression que la pièce est le générique qui coule en douceur pour clore l’album.
AM est un tout très conceptuel. Il a une allure obscure, parfois osée, qui oscille entre le rock, des éléments de hip-hop et certains éléments de blues. Il forme un tout plus ramassé et mieux planifié que ce qu’avaient offert Humbug et Suck It and See. Le groupe a pris de légers risques auprès de son fanbase pour arriver avec cette mixture. Quoique l’album puisse sembler manquer un peu de son mordant après les premières pièces, il ne perd pas de son intérêt et se place aisément parmi les albums les plus intéressants de la discographie du groupe. Cet album pourrait marquer un changement de cap important dans la direction des Arctic Monkeys.
Tu m’enlèves les mots de la bouche!
J’adore cet album comme tout les autres des Artic Monkeys!