Liberté, eau fraîche et passion sulfureuse, le tout surmonté d’une nostalgie amoureuse si envoûtante qu’elle nous donne envie de ne jamais en sortir. Himalaya mon amour, ce deuxième album d’Alex Nevksy, nous laisse le droit de trahir tout l’horizon pour l’écouter éternellement.
Du même sentiment enveloppant que l’on vit lorsqu’on lit un livre, chaque chanson nous amène dans un tout autre univers, où les corps dénués de vêtements et autres artifices valsent au son du piano et des tambourins. D’un sommet de l’Himalaya à l’autre, on y assume notre solitude et nos aventures. On passe de l’euphorie dansante de Mieux vaut vivre pauvre et du courage joyeux des Coloriés, qui donne envie de refaire le monde, à la tristesse de Tuer le désir et la blessure déchirante de Katharina, Je te quitterais et de Loin.
Par ailleurs, Loin, interprétée par Alex Nevsky lors du festival Vue sur la relève, et encadrée des voix chorales des sœurs Boulay, avait su tirer quelques larmes à l’assistance par la douceur de sa mélodie et ses paroles incisives.
Sorties fin avril, On leur a fait croire et Tuer le désir avaient pu trouver une place privilégiée dans nos cerveaux mélomanes. Puis, le vidéoclip d’On leur a fait croire, publié la semaine dernière, a su donner le ton de l’album où s’emboîtent folies, langueur et rêve ; larmes, sueurs et océan. Il n’en fallait pas plus pour que les fans d’Alex Nevsky, dans l’attente d’un nouveau produit depuis De Lune à l’aube (2010), s’emportent et n’en puissent plus d’attendre.
Outre les pièces accrocheuses teintées d’une pop rosée entraînante, la deuxième moitié de l’album est plus mélancolique. Enracinée en plein milieu, la 6e pièce, J’aurai des mains, est un vrai monument. Les paroles sont dignes des grandes chansons, des classiques, celles qu’on se répète comme un mantra. Un phénomène musical qui se poursuit dans la très belle Si tu restes, et jusqu’à la toute fin.
Le dernier morceau, Koh Tao, chanté en anglais, révèle une voix d’une gravité sensuelle qu’on connaissait moins à l’auteur-compositeur-interprète. Une berceuse qu’on fredonnera encore dans 100 ans, qui parle de force et d’espoir, et qui pousse à essayer jusqu’à la fin.
Ce qui marque de ces 12 chansons ce ne sont pas seulement la musique, qui donne dans des rythmiques entraînantes et créatives, sans être répétitives, ni les textes, bien qu’ils soient d’une somptueuse poésie (même si parfois un peu redondante), mais bien le monde qui s’ouvre à nous lors de l’écoute.
Himalaya mon amour nous donne envie d’y vivre, de nous y lover pour toujours, vautrés dans la cruelle beauté des mots versés sur chaque note au son feutré et pétillant. Un son d’ailleurs si près de l’oreille, comme si le chanteur n’était qu’à quelques centimètres, sa voix souvent soutenue par le timbre cristallin des sœurs Boulay. Le résultat est d’une pureté irréprochable sans être léché, s’approchant du live intime que sait livrer Alex Nevsky.
Cet album, c’est la caresse qui se grave au plus profond de l’être, les souvenirs auxquels on revient souvent, les images qu’on garde cachées pour y puiser de la force, pour se rappeler la beauté du moment. Réalisé par Alex McMahon (Plaster, Cargo Culte), ça sort officiellement le mardi 27 août, chez Audiogram.