On sent que Dallas Green a mis tous ses efforts pour construire un album plus riche, plus travaillé que ses précédents efforts.
« I don’t wanna be revolutionary / No, I’m just looking for the sweetest melody », chante Dallas Green sur la pièce Commentators (qui se veut en quelque sorte un bon jab en pleine tronche de tous ces critiques musicaux, professionnels, mais surtout amateurs, comme celui que vous êtes en train de lire). À l’écoute de ces paroles, j’ai dû repenser la façon dont je critiquerais cet album. Car jusque-là, je me disais justement que City and Colour continue à se plaire dans un style convenu, une recette qui lui a valu un bon succès populaire au fil de la dernière décennie, mais qui manque certainement de piquant lorsqu’on en est à son quatrième album solo. Sauf que cette pièce prouve qu’il s’assume complètement, et c’est tout à son honneur.
J’étais de ceux qui avaient nettement mieux aimé son dernier effort, plus diversifié au niveau des instrumentations, que ses deux premiers, où on se morfondait sans arrêt dans de tristes mélodies. The Hurry and The Harm confirme en partie l’évolution entamée avec Little Hell en 2011. Exit le simple combo de la guitare acoustique et de la voix langoureuse. City and Colour, maintenant pleinement investi à son projet solo depuis que son groupe post-hardcore Alexisonfire n’est plus, construit de bien meilleure façon ses chansons, les agrémentant de percussions, de guitares électriques, de claviers et même d’orgues. Je suis un peu surpris que l’on doive se réjouir de tels ajouts sur un album de folk-rock, mais dans le cas de City and Colour, le changement est le bienvenu.
Cette plus grande richesse au niveau de l’instrumentation vient aussi du fait que Dallas Green s’est entouré d’une belle palette de collaborateurs pour la production de ce The Hurry and The Harm. Jack Lawrence (The Raconteurs, The Dead Weather), Bo Koster (My Morning Jacket), et le batteur Matt Chamberlin (Pearl Jam, Fiona Apple), entre autres, ont su assaisonner les mélodies et les arrangements de brillante façon. Bien sûr, on retrouve encore la touche emo-folk dont les fans de la première heure pourront se satisfaire. La pièce Paradise constitue en ce sens à un retour aux sources, où il chante langoureusement, accompagné de sa guitare acoustique, ces belles paroles quelque peu cheezy : « I’m searching for a paradise / That I just can’t seem to find / I’m searching for a paradise / For the time of my life. »
On est encore dans les thèmes très personnels, où on se plaint de la vie et de ses problèmes. C’est en effet très rare que l’on va retrouver du soleil dans les pièces de City and Colour, et ce dernier album n’en fait pas exception.
L’évolution est palpable, néanmoins. On sent que Dallas Green a mis tous ses efforts pour construire un album plus riche, plus travaillé que ses précédents efforts. Les treize pièces, on le sent, ont été plus recherchées, autant dans l’instrumentation que dans la construction couplet-refrain-couplet. Même s’il y a encore un certain sentiment de répétitivité, on ne peut pas, au final, avancer que l’on se lasse de sa voix profonde et de son jeu de guitare simple, mais efficace.