One of Us Is the Killer confirme la place de ces métalleux du New Jersey non seulement parmi les groupes les plus populaires actuellement dans le métal, mais aussi dans la catégorie des virtuoses du genre.
Le danger avec un groupe comme The Dillinger Escape Plan, c’est de ne se baser que sur des idées préconçues issues de la place qu’occupe ledit groupe dans son genre musical pour évaluer la qualité de sa musique. En tant que groupe en marge des nombreux sous-genres de la musique métal, Dillinger a souvent été étiqueté comme pas seulement unique, mais aussi virtuose dans son approche du style.
Peu importe la qualité réelle de ce One of Us Is the Killer, il s’en trouvera pour dire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre, d’un album d’anthologie par la formation du New Jersey à l’apex de sa carrière. Certains font un raccourci trop facile entre originalité et qualité et estiment qu’un groupe qui se démarque par ses idées originales mérite nécessairement de voir ses albums bien cotés. Ce n’est pourtant pas toujours le cas.
Qu’en est-il donc réellement de One of Us Is the Killer? Partisan de Dillinger, rassure-toi : il s’agit d’un excellent album qui s’inscrit dans la continuité des autres de la formation américaine. Ne s’assoyant pas sur les lauriers que leur avait apportés le succès de Option Paralysis, The Dillinger Escape Plan a poursuivi dans sa propre voie, quelque part entre le mathcore, le metalcore, le jazz, le progressif… Au bout des 40 minutes que dure le CD, on ressort éreinté tant l’écoute est exigeante par moments. Mais c’est une fatigue mentale qu’on accepte sans problème en échange de la satisfaction procurée par le travail impeccable des cinq musiciens.
Le chanteur Greg Puciato a beaucoup à voir avec la réussite de One of Us Is the Killer. L’excellent frontman est un des principaux vecteurs des nombreuses émotions transmises à l’auditeur sur l’album. Les premières chansons démontrent d’entrée de jeu sa variété vocale. La férocité du morceau d’ouverture, Prancer, est suivie des couplets inquiétants et presque troublants de When I Lost my Bet. Sur la chanson-titre, c’est une mélancolie sentie que Puciato insuffle à ses paroles. Tout au long du CD, la voix apporte toujours une dimension supplémentaire à l’ambiance musicale.
One of Us is the Killer est le cinquième album de Dillinger Escape Plan, et leur maturité paraît. Une première écoute peu attentive peut donner l’impression qu’il ne s’agit que d’une orgie de sons discordants formant un chaos illogique. Toutefois, l’auditeur plus attentif aura compris que tout se tient en un ensemble d’une cohérence jamais atteinte par la formation. Le tout en ne compromettant que peu la complexité et l’excentricité du son, un exploit.
Dillinger explore moins que par le passé et s’installe un peu plus dans sa zone de confort, ce qui pourrait déplaire aux purs et durs de la formation. Ces mêmes amateurs pourraient être décontenancés par la chanson éponyme à l’album, plus calme et radiofriendly que ses comparses. Et pourtant, comme avec Widower sur l’album précédent, Dilinger Escape Plan donne à sa chanson la plus pop une tournure très personnelle et unique. Au lieu de suivre une formule gagnante pour s’offrir un single qui vend, le groupe a étendu ses influences musicales sur un horizon encore plus large. Le résultat est poignant et puissant.
Préparez-vous à une écoute essoufflante de cet album sans compromis, où la rage s’entremêle de façon inattendue avec la douceur et le mystère.