alaclairAlaclair Ensemble
Les maigres blancs d’Amérique du Noir

Indépendant
Montréal-Québec
Note : 34/10

 

C’est le 34 avril dernier que sortait Les maigres blancs d’Amérique du Noir, la toute dernière « soucoupe volante » de l’académie intersidérale Alaclair Ensemble, autodéclarée troupe post-rigodon bas-canadienne. Alaclair Ensemble réunit Mash, Vlooper (beat-maker extraordinaire), KenLo Craqnuques (beat-maker, MC et animateur de foule à ses heures), Maybe Watson (régulier du WordUp), Ogden (A.K.A. Robert Nelson), Eman et Claude Bégin (tous deux ex-Accrophone). Bref, une grosse gang de chums.

4,99$, première galette, toujours aussi fraîche, était le dernier « vrai » album du groupe. Depuis il y eu plusieurs petites « collations » (simples et EPs officieux) garnies de collaborations fructueuses et remixes mettant en vedette Yes McCan, Kaytranada (vidéo pour Dorothée), Ruffsound et High Klassified (parmi d’autres) ainsi que plusieurs excellents morceaux 100% Alaclair dont l’absurde Teflon dons (aucun lien avec Rick Ross) aussi paru en vidéo en 2011. Tout ça pour dire qu’en attendant Les maigres blancs d’Amérique du Noir, du hype, il y en avait.

Musiquepourritecompostéebenraide ouvre la danse, « all rights reserved », pour les enfants, avec un Robert Nelson qui drop des lignes non-sequitur de plus en plus straight. Le vrai décollage se fait quand même sur Pomme avec l’entrée de Maybe Nelson et puis le retour de Robert Nelson soudainement devenu philosophe : « Les femmes du 21e siècle c’est les hommes pis les hommes du 21e siècle c’est les femmes ».

Pour Snare Drum, la troupe décide de « run the trap » mais la saveur demeure très Alaclair. Ici, on ne se prostitue pas, on ne fait que flirter avec le soi-disant trap. Du trap on passe au pop avec Babouine, une chanson inusité anti-one-night-stand avec un refrain accrocheur. On se demande un peu si le groupe tente de passer un commentaire social. Les intentions ne sont pas claires, mais c’est pourquoi on aime Alaclair Ensemble. Les nostalgiques, quant à eux, apprécieront l’échantillonnage de Soucoupe volante. On y rap sur un extrait de la chanson d’ouverture de Soupe Opéra.

Avant la sortie de Les maigres blancs d’Amérique du Noir, Alaclair misa sur Mon cou et Mammifères pour promouvoir l’album, mais, de tous les morceaux, c’est probablement les chansons Jean-Claude Van Damme (GBD) suivie de Paul Desmarais (GDC) qui cognent le plus dur. La pièce C.R.È.M.E. se démarque également, mais ne rend pas nécessairement justice à C.R.E.A.M. (Wu-Tang).

Tout au long de l’album, Robert Nelson vole un peu la vedette puisque son style n’a pas vraiment d’égal dans la scène québécoise. Pre-Riff Raff francophone, en mieux, on sent qu’il n’est pas lui-même, mais il joue bien le rôle. Présidentiel convient bien à ce personnage de bas-canadien dominant et fier de son accent : « Robert y sort du bain, y faut qu’tu l’essuies ». Les cinq pièces qui suivent le monologue de Robert Nelson sur Air Bas-Canada présente le côté « soft » d’Alaclair et rappellent un peu Viande de chval sur 4,99$. C’est sexy.

Le rap bas-canadien est en santé, surtout celui qui n’a pas peur de l’anglais (responsable d’une controverse aux Francouvertes et d’un éditorial dans le Devoir) parce qu’au Bas-Canada, de l’anglais, il y en a. Loud x Lary x Ajust, Dead Obies (album à venir bientôt) et Alaclair Ensemble… Les plus games dans la game c’est euzôtes (A.K.A. 20 000 downloads, pas une cenne). Si vous n’avez toujours pas télélourdé Les maigres blancs d’Amérique du Noir, faites-le maintenant puisque pour 0$, ça vaut la peine non? Soyez un peu généreux les minces.

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