Island
France
Note : 8/10
La recette de Yoann Lemoine, alias Woodkid, est simple : développez une aisance cinématographique auprès des plus grands, devenez un virtuose du graphisme et de l’image léchée à son plus-que-parfait et créez ensuite un son orchestral sur des rythmiques modernes. À ce moment, vous êtes un artiste à temps plein. Après avoir travaillé sur Arthur et les Minimoys, de Luc Besson en 2006, Yoann Lemoine a développé sa propre fibre créatrice en réalisant des vidéoclips qui ont fait sensation (Blue Jeans et Born to Die de Lana Del Rey et Teenage Dream de Katy Perry) et en nous titillant progressivement l’oreille avec un EP en 2011 et un second en 2012.
Les critiques ont été rudes ou élogieuses envers le virtuose mi-français mi-polonais. On reproche au prodige d’avoir su maîtriser la notion de buz et non sa fibre musicale. En d’autres mots, on lui dit « t’es bien bon pour faire parler de toi, mais ta musique est bien ordinaire ». Il serait exagéré, voire erroné, d’affirmer que Woodkid révolutionne son genre en 2013. Toutefois, qu’importe ce qu’en disent les critiques français, Woodkid est un artiste multifonctionnel qui s’inscrit parfaitement dans le courant indie (comme un maillon de la chaîne et non comme l’initiateur de la chaîne).
Sans réinventer la musique de son temps, il a su se présenter comme un phénomène en symbiose avec son époque, c’est-à-dire étant capable de tout faire. Le fait même que l’artiste soit en mesure de construire la monumentale attention entourant sa musique est fascinant. On ne peut que saluer le talent de l’artiste qui a su ébaucher l’ambiance émanant de cet album.
À mi-chemin entre le voyage épique d’une soundtrack de Lord of the Rings et les dictats de la musique indépendante actuelle, Woodkid impressionne par la beauté froide de son produit. C’est une musique souvent grandiose à laquelle on réussit à s’attacher rapidement. La puissance instrumentale provoque un contraste élégant avec sa voix calme et nuancée. Certes, on entendra plusieurs erreurs vocales. Les mots de Woodkid sont véhiculés par une voix qui se veut touchante et profonde avant d’être juste. Il s’agit du principal bémol de l’œuvre.
Les ballades au piano inspirent une profonde tristesse, alors que les pièces plus rythmées sur des séquences frénétiques de percussions dévoilent une facette plus orchestrale de Golden Age qui traduit une urgence de vivre, une hyperactivité artistique unique.
Même si la formation technique de Yoann Lemoine est plus forte en musique qu’en image, on ressent parfois dans Golden Age une volonté d’emballer le produit musical avec une image qui fait tout le travail.
Âgé de 30 ans, on peut affirmer que le Lyonnais d’adoption new-yorkaise a su mettre toutes les cordes à son arc pour créer quelque chose de grand. The Golden Age n’est probablement pas ce « quelque chose », mais les virtuosités hétéroclites de Woodkid seront à surveiller. Cette voix qui semble vouloir s’apparenter à celle d’un Rufus Wainwright en quête, devra être travaillée et peut être améliorée pour mener à un produit plus fini, à un tout réellement parfait.
Au Canada, The Golden Age est disponible en physique dès aujourd’hui, mais il est déjà disponible en téléchargement intégral sur iTunes depuis quelques semaines.
À écouter : Where I Live pour l’émotion, Run Boy Run pour le rythme et surtout The Golden Age pour l’amalgame de toutes les qualités woodkidiennes…
Woodkid sera en spectacle au Métropolis, à Montréal le 1er juillet 2013.
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