Polydor
Grande-Bretagne
Note : 9,5/10
Oui, c’est bien un 9,5 qui est inscrit ci-haut. Non, ce n’est pas un délire et, non, ce n’est pas le nouvel album des Sœurs Boulay. C’est bien la note donnée au tout dernier disque du très britannique et très jeune James Blake. Je tenais à le préciser d’entrée de jeu parce que le Londonien n’a pas la meilleure réputation sur le continent américain. Mieux connu pour certains comme étant un chanteur dépressif qui n’a pas le charisme mélodique de Bon Iver, James Blake est la tête de turque facile des «haters» du dub britannique.
C’est qu’en 2011, James Blake a arrêté de produire des EP électroniques pour concevoir un album éponyme épuré aux sonorités soul et dub. Ce disque a, selon les dires des critiques, séduit autant qu’il a endormi. Alors que les adeptes du rythme urbain américain tergiversaient sur leur amour pour l’artiste, James Blake s’est toutefois attiré les sympathies de nombreux artistes, notamment Bon Iver et Kanye West.
Deux ans et quelques EP plus tard, il nous revient avec la suite logique de son album éponyme, un disque complexe qui porte bien son nom ; Overgrown. En deux ans, l’artiste n’a pas perdu sa touche pour les harmonies et encore moins sa sensibilité. Pourtant, il subsiste une différence majeure entre les deux productions. James Blake a perdu à tout jamais l’innocence qu’il avait en 2011. Le Britannique réalise qu’il n’est plus un jeune artiste en voie d’acquérir une carrière. Il est déjà le professionnel qu’il voulait devenir. Il dépose cette perspective sur différents aspects de sa vie. Il ne cherche plus l’amour. Il l’a trouvé. Il ne cherche plus d’orientation. Il sait quelle direction prendre. C’est à travers cette crise existentielle qu’est né Overgrown. Comme quoi devenir un adulte sans s’y attendre est le plus grand drame qu’un jeune dans la vingtaine peut vivre.
Pourtant, cette confidence musicale de l’artiste ne peut pas s’écouter n’importe où. Disons que James Blake ne fera danser personne à votre prochain party. Ce deuxième opus de l’artiste est beaucoup trop intime pour cela. Overgrown est fait pour les solitaires ou pour ceux qui veulent faire l’amour passionnément. Ce disque a la force de transformer votre salon en une grande enveloppe amniotique, où les vagissements caractéristiques du chanteur ont leur place. Il métamorphose votre chambre en cet endroit caché, loin de la vue de tous, où les soucis du quotidien ne peuvent plus vous atteindre. Et si vous ne l’avez toujours pas compris en arrivant à la pièce Retrograde, c’est que James Blake n’est pas fait pour vous.
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