Odd Future
États-Unis
Note : 8/10
Le rappeur Tyler, The Creator, se métamorphose. Son nouvel album, Wolf, nous montre le jeune homme sous un nouvel angle.
Son album précédent, Goblin, paru il y a deux ans, était aussi désordonné que la jeunesse de ses 20 ans, agitée et chaotique comme la tempête internet dans laquelle Tyler et sa troupe, Odd Future, étaient plongés.
Cette fois sur Wolf, la tempête s’est dissipée et l’agitation s’est essoufflée, pour faire place à un Tyler plus posé sur ses textes. Le créateur livre enfin la féroce sincérité que sa voix grave laissait promettre, celle-ci atterrit lourdement sur un hip-hop dont seule la batterie arrive à percer l’ambiance lugubre.
Suivant une évolution similaire à celle qu’a connue Eminem entre Slim Shady et The Marshall Mathers, la rage irrévérencieuse de Tyler ne semble plus être alimentée par sa haine, mais par sa vulnérabilité. La nouvelle présence émotionnelle du jeune homme est évidente quand sa maturité vient combler le vide de la peine d’amour sur Awkward. Pigs témoigne de la même transparence, alors que l’angelin nous laisse pénétrer confortablement dans sa solitude tranquille.
C’est cependant sur Colossus que le rappeur de Los Angeles est à son meilleur, laissant libre cours à sa créativité débordante. S’inspirant du scénario de Stan d’Eminem, Tyler se met dans la peau de ses admirateurs pour témoigner simultanément de sa gratitude envers eux, ainsi que de son exaspération face à la célébrité. Confus et fatigué par sa place démesurée dans la société à 22 ans, Tyler répond sincèrement à un des fans qu’il personnifie dans la chanson, par l’intraduisible métaphore, « I see you’re lonving my shit, and I appreciate the fact that you would suck on my dick, but I’m not gay so it’s awkward ».
Honnête, dérangeant et créatif, Tyler est devenu ce qu’il devait devenir ; Wolf est son meilleur projet à ce jour.