the-strokes_comedown-machineThe Strokes
Comedown Machine

RCA
États-Unis
Note: 7,5/10

Les Strokes… Que dire de plus ? Les héritiers de la « cool attitude » new-yorkaise des années 2000 n’ont plus besoin de présentations. Leur nom à lui seul suffit à piquer la curiosité des musicophiles, hipsters, moins hipsters et mangeurs gourmands de culture et contre-culture d’aujourd’hui. Pourtant, après douze ans de célébrité, le groupe lance dans la plus grande discrétion un disque qui ne lui correspond pas, mais qui sonne beaucoup mieux que ses deux prédécesseurs.

Depuis 2001, le groupe a retenu l’attention par son style, ses multiples apparitions dans les revues à potins du star-système et, surtout, par le culte entourant ses deux premiers disques Is This It ? et Room on Fire. Les Strokes représentaient le groupe indie new-yorkais « beaucoup trop cool » pour admettre qu’ils aimaient être des rockstar.  Leur attitude a même été parodiée par Sum41 dans son vidéoclip Still Waiting.

Douze ans plus tard, le punk est mort, et les Strokes aussi. Après une séparation difficile, des problèmes d’alcool, des disputes et un mauvais disque retour avec Angles en 2011, les Strokes sont devenus ce qu’ils craignaient : une parodie à la Spinal Tap. (Petite anecdote : la première des deux pochettes de Is This It ?, est inspirée de ce film). Au moins, contrairement à Spinal Tap, les Strokes se sont rendu compte qu’ils étaient devenus des hasbeen et que la meilleure façon pour eux de revigorer leur musique était de disparaître des médias.

C’est ainsi qu’en 2013, le groupe qui n’est plus basé à New York a préféré faire table rase et laissé parler la musique. Aucune conférence de presse, ni encore d’entrevues, pour la promotion de Comedown Machine. Le disque en soi ne contient aucune photo des membres du groupe. Chose rare du côté des Strokes, qui aiment bien miser sur l’image de leur chanteur Julian Casablancas. Même le nom du groupe se fait discret sur la pochette. C’est plutôt le nom de leur compagnie de disque, RCA, qui y est inscrit en grandes majuscules.

Derrière ces trois grandes lettres en couverture, se cache pourtant un très bon disque. Comedown Machine est cet album anachronique que bien des groupes tentent désespérément de réussir. Toutes ses pièces sonnent comme des photographies d’une autre époque. Et on doit se l’avouer, les clichés d’époque version Instagram, ça a un certain charme.

Les Strokes y sont pourtant méconnaissables. Si bien qu’à la fin de certains morceaux, on se sent obligé de vérifier s’il s’agit bien du nom du groupe qui figure sur l’album. Et en toute honnêteté, le nom de Phoenix semble bien plus cohérent. L’un des meilleurs morceaux de cet opus, Slow Animals, a toutes les caractéristiques d’une chanson typique du groupe français ; des guitares lentes, une atmosphère semi-planante et un refrain plus entraînant. Cette même recette sera reprise plus tard sur l’album avec Chances, mais de façon plus originale et vaporeuse.

Pour ce qui est des textes de Julian Casablancas, ce dernier semble absorber par le thème de la séparation. Est-ce qu’il s’agit d’un message à double sens? Le groupe conclut avec Comedown Machine son contrat de cinq albums avec la compagnie RCA. Ce qui signifie que le groupe peut désormais continuer sa carrière de manière complètement indépendante et qu’il n’est plus dans l’obligation de produire des albums. Les Strokes seraient en droit d’imiter LCD Soundsystem en 2010 et d’annoncer la chute du groupe. Chose qu’ils ont d’ailleurs voulu faire il y a cinq ans avant le désastre d’Angles, leur album raté. Soyez rassuré, avant de penser à la séparation qui les attend inévitablement un jour, les Strokes ont quand même le temps de rendre hommage au passé avec ce dernier opus.

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