Nick Cave and the Bad Seeds
Push the Sky Away
Bad Seed Ltd.
Australie
Note: 9 /10
Mais comment ai-je pu ignorer ce poète australien et sa bande pendant tout ce temps? Peut-être que ma rencontre avec Nick Cave et ses Bad Seeds était ma dernière chance de rédemption?
Le poète est de retour avec sa bande pour la sortie de leur quinzième opus. Leur premier sans le compagnon et guitariste de toujours de Cave, Mick Harvey. Harvey a quitté le groupe en 2009, un après la sortie du dernier album du groupe nommé Dig, Lazarus, Dig!!!
L’album Push the Sky Away est d’une beauté lyrique. Nick Cave y écrit des textes noirs pas toujours jojo racontés et chantés avec une voix grave dans une intonation rappelant Lou Reed. L’effet est canon, on mange ses mots et on devient vite disciple de l’évangile Cave. Tout au long de l’album, il fait référence à la religion, au sexe, à l’amour dans des métaphores lyriques brillantes. «Their legs wide to the world like bibles open to be speared and taking their bodies apart like toys», raconte Cave sur Water’s Edge, à propos de jeunes femmes menacées d’êtres les prochaines victimes d’un gang. Sur Jubilee Street, il parle de l’histoire d’un homme qui perd la trace d’une prostituée qu’il fréquentait, probablement devenue enceinte : «I ought practised what I preach/ These days I go down town, in my tie and tails/ I got a foetus on a leash». Ça glace le sang!
Parlant de Jubilee Street, celle-ci est clairement la meilleure de l’album. On se laisse bercer par les cordes et le magnifique jeu de la guitare et puis ça monte, ça monte, voilà, on s’envole avec les chœurs, on se laisse emporter, ça y est on vole comme Cave. Les Bad Seeds sont franchement bons, sans jamais prendre les commandes devant le charismatique Nick Cave, ils apportent un son achevé, lent et mélancolique à souhait. Il faut souligner le jeu de basse et de violon de Warren Ellis qui fait la différence sur des morceaux comme Water’s Edge et We Real Cool. L’excellente Higgs Boson Blues, embarque l’auditeur dans un blues lent et vaporeux qui donne une place prépondérante au batteur et à la guitare.
Ma seule déception est la chanson titre de l’album, Push the Sky Away. Elle est incomplète, le jeu de synthétiseur n’arrive pas à envelopper la chanson, il reste froid, voire austère.
Enfin, la bande de Nick Cave a clairement réussi son coup, un gros coup. Nick Cave and the Bad Seeds sont loin d’être vieux malgré leur âge, ce qu’ils viennent de sortir est d’une fraîcheur et d’une richesse créative à en faire rougir plusieurs nouveaux groupes de l’heure.