Jagjaguwar
États-Unis/Nouvelle-Zélande
Note : 8/10
Devant à la base être le projet solo, et anonyme, du chanteur/compositeur Ruban Nielson, Unknown Mortal Orchestra est découvert en 2010 lorsque la piste Ffunny Ffrends fait surface sur internet, sans information aucune sur l’auteur à l’époque. Nielson s’entoure éventuellement du bassiste Jake Portrait et du batteur Riley Geare et sort un album éponyme sur Fat Possum l’année suivante, très bien accueilli par la critique.
Le deuxième disque du groupe, lancé en début de février, et savamment intitulé II, marque non seulement un changement quant à l’étiquette de disque choisie, puisque c’est Jagjaguwar qui assure la distribution du LP, mais propose aussi d’explorer une avenue musicale légèrement différente du premier opus, sans toutefois s’aventurer dans un territoire auditif complètement inconnu.
En effet, le rock plus cru, peut-être un peu trash, «distortionné», définitivement plus carré du premier essai laisse ici place à un produit aux mélodies beaucoup plus évidentes à la première écoute, harmonieuses, essentiellement amenées par la guitare et la voix de Nielson. La fougue et la colère juvénile de l’album éponyme semblent donc s’être effacées au profit d’airs plus sereins et nostalgiques.
Les moyens de production dont dispose Ruban Nielson en sont évidemment pour quelque chose. Alors qu’Unknown Mortal Orchestra fut presque entièrement enregistré à même la chambre de l’auteur, II s’offre une enveloppe beaucoup plus léchée, qui, de surcroît, rajoute beaucoup au charme de l’album. J’irais presque jusqu’à dire que c’est ce travail au niveau de la sonorité plastique de l’opus, émulant à la perfection les conditions d’enregistrement des années 50 et 60, qui constitue le point fort majeur du disque.
En ce qui concerne les pistes de II en tant que tel, le tout est relativement égal. Parmi les points forts du LP, on compte les trois premières pièces de l’album, From The Sun, qui nous transporte un demi-siècle dans le passé, Swim and Sleep (Like a Shark), qui rappelle beaucoup les premières pièces des Shins et qui donne indéniablement envie de se taper The Graduate, et So Good At Being In Trouble, à la progression d’accords et à la construction un peu plus inventive que les deux premières. Un bon blues. Étonnamment, on ne compte pas de pièces particulièrement mauvaises sur l’opus. Seulement, ce dernier semble tranquillement perdre son souffle plus les pistes se succèdent, faisant de la fin de l’album, outre Monki, qui reste une des meilleures pistes du LP, quelque chose de peu mémorable.
Avec II, Nielson nous prouve donc qu’il est capable de continuer à faire évoluer ses créations, de préciser le son de son groupe et de l’amener vers quelque chose de plus adulte. Cependant, nous continuerons à attendre le chef-d’œuvre puisqu’il n’est pas au rendez-vous ici. Plusieurs écoutes extrêmement agréables néanmoins.
À Montréal le 3 mars prochain, au Il Motore.