The Bewitched Hands
Vampiric Way
Sony Music
France
Note : 8/10
Il paraît incontestable, sur ces dernières années, que l’activité musicale à Reims a littéralement explosé avec Yuksek, The Shoes, Brodinski ou encore le groupe qui m’intéresse aujourd’hui, The Bewitched Hands. Désormais, Reims n’évoque plus seulement le champagne et la grande équipe de foot des années 50 et ce n’est pas pour déplaire à mes oreilles. Comme beaucoup en 2010, j’ai été séduit par la pop joliment foutraque du premier opus Birds & Drums où notre bande des 6 démontrait une réelle maîtrise des mélodies pop psychédélique et séduisait par la qualité de ses chœurs, malgré une production un peu en dessous et quelques titres moins percutants. Pour ce deuxième album à la pochette plus sombre et au titre plus mystérieux de Vampiric Way, les mains ensorcelées ont accordé leur confiance à Julien Delfaud qui avait déjà œuvré pour Herman Dune ou Phoenix. Comme un passage de témoin entre Versailles et Reims, pour la ville la plus trépidante musicalement…
L’impression générale de Vampiric Way est particulièrement positive et le plaisir d’écoute quasi instantané tant les mélodies pop sont accrocheuses, les chœurs toujours aussi enthousiasmants et la production générale sans faille. Le genre d’album facile d’accès (et on évitera le raccourci facile du facile à composer) que l’on prend plaisir à savourer, car le temps reste précieux et l’exercice du déchiffrage d’albums peut parfois devenir fastidieux. C’est parti pour 40 minutes de régal pop.
Westminster commence sur des orgues (hommage à peine voilé à Neon Bible?), dans une ambiance sépulcrale. Ces quelques secondes sont vite effacées par la voix d’Anthonin qui évoquerait David Bowie (uniquement sur ce titre) et l’explosion du chœur qui nous plongerait davantage dans du Beach Boys. Cette ouverture pop est particulièrement percutante et le fantôme d’Arcade Fire, jamais bien loin dans cet opus, rôde en fond. Thank You, Goodbye, It’s Over continue dans la veine de la pop mélodique, comme si Konstantin Gropper avait décidé de délaisser l’aspect baroque de sa pop. 50 s Are Good vient alors frapper un très gros coup, à s’y méprendre on se retrouve plongé dans Funeral et la voix de Marianne n’est pas sans rappeler par certaines intonations celle de Régine. De la pop foisonnante débordante d’énergie au pouvoir mélodique imparable. Un Words Can Let You Down au rythme plus lent et à l’atmosphère plus mélancolique, Let Me qui met à l’honneur la voix de Marianne, Ah! Ah! Ah! Ah! et ses chœurs, les bons titres s’enchaînent de manière cohérente. She Bewitched vient très clairement encore élever le niveau, morceau pop plus en contraste et rupture de rythmes qui brille par la justesse de ses chœurs et m’évoquerait Los Campesinos.
Boss s’impose ensuite comme un autre sommet de l’album, morceau plus psychédélique collant parfaitement à la pochette de l’album, créature hybride entre Madness, MGMT et Dead Man’s Bones pour l’aspect plus inquiétant. Un instant de répit avec la rythmique plus lente de Modern Dance avant la fin en feu d’artifice. Un Hard Love qui m’évoque Eels par la qualité du chant, Vampiric Way en superbe délire pop invoquant la folie d’I’m From Barcelona et la maîtrise technique d’Arcade Fire. Et que dire du superbe The Laws of Walls qui clôt l’album sur une ambiance plus sombre? Le refrain porté par les chœurs est juste addictif…
The Bewitched Hands passe donc haut la main le cap du deuxième album, gardant son talent à créer des mélodies ensoleillées impossibles à ne pas fredonner et y ajoutant une sobriété et une maîtrise technique incontestable. Une bien belle réussite!
Morceaux préférés: 50 s are good, Boss, The Laws of walls, She Bewitched me, Vampiric Way