Tame Impala
Lonerism
Modular Recordings
Australie
Note : 8.5/10
En 2010, après la sortie du premier opus de Tame Impala, Innerspeaker, j’ai quitté tous mes potes. En fait, non, mais presque. L’album me possédait tellement que j’en étais rendu à avoir hâte de les quitter pour aller prendre le métro et enfin pouvoir mettre mes écouteurs. Ce genre d’album. Et puis, je me suis demandé comment Kevin Parker, leader du groupe qui compose et enregistre presque tout en solo chez lui, allait réussir à ne pas offrir un Innerspeaker 2. Parce que, disons-le, Tame Impala, c’est une formule gagnante. Prends le côté psychédélique de Pink Floyd et tu le smash avec la pop des Beatles, rends ça hyper-actuel et le tour est joué. Ça sonne toujours un peu pareil, mais sac à papier qu’on aime ça!
Hé bien, croyez-le ou non, mais avec Lonerism, le groupe prouve une fois de plus que quelque chose de carrément génial se passe dans leur tête. De carrément génial. Effectivement, le nouveau disque sonne comme une agréable bataille entre le son unique et propre au groupe que l’on connaît et toutes nouvelles idées franchement flabergastantes. Il donne le goût de se battre avec un bon ami pour le plaisir lors d’un doux après-midi d’été.
Dorénavant, c’est le plus psychédélique de Pink Floyd qu’on doit mélanger avec les chansons ridiculement pop des premiers albums des Beatles. Et, on ne sait trop comment, mais Supertramp vient se glisser à quelque par là-dedans aussi. C’est avec des sons de clavier énormes et planants ainsi qu’avec le jeu inattendu du batteur Julien Barbagallo que les gars arrivent à rendre ça si psyché. Par contre, la contre-attaque des mélodies chantées par Parker et les lignes de basse si funky par moments rendent le tout si pop et joyeux.
Toutefois, ça a tout de même son désavantage. Si Innerspeaker plaisait à tous et qu’il s’introduisait dans n’importe quelle situation, en passant d’un souper chez mes parents à une compétition de cheerleading, c’est loin d’être le cas de Lonerism. Certaines plages sont difficiles à suivre. Par exemple l’ouverture de l’album, Be Above It, avec ses percussions effacées et ses quelques notes de guitare avec effet. Ou encore, la pièce la plus psyché de tout l’album Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control, demande plusieurs écoutes afin d’être apprivoisée. Malgré tout, j’ai la forte impression qu’avec le temps, la dernière chanson mentionnée deviendra rapidement le chef d’œuvre du groupe pour les fans. Après tout, elle est tout simplement déconcertante, mais incroyable.
Cependant, le groupe perd son côté première écoute pour laisser place à des structures plus complexes et plus sophistiquées. Même si je suis en amour avec ce changement de direction, c’est dommage en un sens. Avouez.
Ne vous découragez pas mesdames/messieurs. Mis à part ces quelques titres plus buzzés (disons-le), l’album reste complètement délectable. Après s’être habitué au nouveau son plus éclectique, on n’a plus qu’envie de chanter à tue-tête les refrains et les mélodies des pistes plus pop. Par exemple, Apocalypse Dreams, Music To Walk Home By, Feels Like We Only Go Backwars, Elephant font rayonner l’album. Mais surtout Why Won’t They Talk To Me?, selon moi, est la meilleure pièce de l’album, joignant des mélodies pop à une ambiance paisible et explosive, le tout avec une structure et des subtilités musicales qui font baver.
Au final, même si j’ai dû un peu plus me botter le cul pour tomber sous le charme hypnotisant et addictif de Lonerism qu’il y a deux ans avec Innerspeaker, l’effet est tout simplement amplifié par mille. Je suis pris dans les griffes de Lonerism pendant encore un bon bout de temps.