Four Tet
Pink
Text
Grande-Bretagne
Note: 8/10
Bon, on va se le dire, le dernier album de Kieran Hebden, aussi connu sous le nom de Four Tet, était relativement plate. There is Love in You (2010), souvent encensé par la critique, offrait certes de très belles idées, qui semblaient malheureusement se conforter dans leur simplicité, sans jamais vraiment vouloir mettre leurs auditeurs à épreuve. Décevant, provenant d’un artiste pour qui la musique est généralement en constante mutation.
C’est qu’il faut savoir que la vraie force d’Hebden est dans sa capacité à expérimenter avec les sons, les percussions, les rythmes et les structures musicales, et c’est bien ce qu’il nous prouve avec son plus récent opus Pink.
Sorte de retour sur la dernière année, Pink est en majorité composé de pièces produites durant les douze derniers mois, uniquement disponibles sur vinyle jusqu’à ce jour. S’ajoutent au lot deux nouveaux morceaux: Lion et Peace for Earth.
Inutile donc de constater que Pink est un album extrêmement éclectique. Alors que Lion (pièce pour laquelle je voue une affection particulière, au passage) s’apparente très fortement à un bon vieux morceau de deep house de Chicago, Peace for Earth, une épopée de synthétiseurs d’un peu plus de onze minutes, ressemble beaucoup plus à quelque chose qu’on aurait retrouvé sur un album sorti sous Warp. De chaque morceau semble donc vouloir émaner une aura singulière, une personnalité bien précise et chaque pièce explore ainsi une avenue musicale unique, différente du reste de l’album. À ce niveau (et à bien d’autres), 128 Harps est l’une des pistes les plus intéressantes de Pink, où percussions tribales viennent à la rencontre de sonorité semblant provenir du Moyen-Orient.
Cependant, ce qui fait la force de l’album est aussi sa plus grande faiblesse. Le manque d’homogénéité constant fait de Pink quelque chose qui s’apparente plus à une compilation best of qu’à un album à part entière. Alors que chaque morceau brille de lui-même, la succession des pièces les unes après les autres crée un certain ombrage sur l’ensemble de l’oeuvre. Par exemple, Jupiters, qui est à la base une symphonie de synthétiseurs très réussie, se voit coincée entre deux pièces qui ne lui ressemblent pas assez pour supporter son esthète.
Pink est donc plutôt difficile à juger en tant qu’album. Peut-être trop hétéroclites pour avoir été réunies, les huit pièces de l’album restent tout de même la marque d’un grand talent et la preuve que Kieran Hebden n’a certainement pas fini d’expérimenter.
Jugez pas si vite, « There is Love in You » n’est pas plate.
Ce n’est que mon humble opinion!