Secretly Canadian
États-Unis
Note: 6,5/10
Peu de temps avant la sortie de leur nouvel album, Yeasayer a annoncé les couleurs de Fragrant World avec la publication d’une série de vidéos psychédéliques sur la toile. Dans ses minifilms ou, plutôt, dans ses courts extraits visuels d’un rêve sous l’influence d’acide, des tourbillons de lignes multicolores se confondent sans fin au rythme de nouvelles chansons. Si le visionnement de ces capsules interdites aux épileptiques a envoûté les oreilles des adeptes déjà conquis, il aura du moins causé la nausée de quelques spectateurs moins habitués aux délires du groupe.
Yeasayer est déjà un initié de la scène «hip» nord-américaine. Bien connu pour ses deux premiers disques, le quintette new-yorkais n’a jamais passé inaperçu avec son amalgame de rock, d’électro psychédélique et de pop. Pourtant, après deux albums, le groupe tente encore de convaincre un auditoire plus vaste que son succès dans une marge de la scène «hip» n’est pas un feu de paille.
Malheureusement pour eux, Fragrant World ne sera pas le disque-révélation. En vérité, ce dernier album ne répond pas aux attentes et ne dépasse pas les limites fixées sur les deux opus précédents. Fragrant World se voulait le meilleur des deux mondes pour Yeasayer. Réunissant le style plus audacieux et électronique de All Hour Cymbals –premier disque- et le côté plus sincère et rock de Odd Blood -second opus-, ce troisième effort semble tomber dans une craque entre les deux premiers.
Mais il n’est pas sans bons côtés. Quelques excellents morceaux y figurent. Les simples y sont particulièrement intéressants. Henrietta et Longevity sont probablement deux morceaux dignes de mention pour les palmarès de fin d’année. Pour ce qui est du reste, Yeasayer démontre de grandes qualités dans la conception d’enchaînements musicaux psychédéliques et pop. Cependant, le groupe arpente son style fragmenté si rapidement qu’il en étourdit son auditeur. À moins d’avoir un estomac solide, le mélomane se risque au vertige psychédélique sur ce disque.