Indépendant
États-Unis
Note: 6,5/10
Bien peu de choses ont changé dans l’univers de Timothy Showalter depuis la parution de Pope Kildragon en 2010. Pourtant, les choses auraient pu être bien différentes sur ce troisième enregistrement complet. Premièrement, l’artiste originaire de l’Indiana pouvait compter sur les conseils de John Vanderslice en studio. Deuxièmement, Dark Shores est le premier essai de Strand of Oaks conçu en tant que groupe.
Les thèmes de prédilection de Showalter n’ont pas vraiment évolués avec les années. Toujours les mêmes histoires. Vraies ou fausses? Peu importe… Même chose pour sa livraison vocale. C’est principalement dans le rendu musical que les choses ont sensiblement bougé. Alors que le fini imparfait de Pope Kildragon pouvait plaire aux fans du duo Two Gallants (de passage au Il Motore le 28 septembre), Dark Shores baigne plutôt dans un sentiment d’intimité qui est propre au travail solo de Mark Kozelek (Sun Kil Moon, Red House Painters). Un sentiment qui laisse l’impression d’être parfois trop parfait et de ne pas toujours convenir aux observations souvent tragiques de Showalter.
Autre constant, l’ajout de nouveaux musiciens en studio ne rehausse en rien le son de Dark Shores. Bien au contraire, cela semble le limiter. Jamais le travail de Showalter n’aura été habité par une si grande part de minimalisme. Les arrangements y sont pratiquement inexistants. On peut entendre quelques touches de claviers par moment, mais rien de plus. Ces mêmes claviers, bien exploités sur Pope Kildragon, servaient à merveille les textes du jeune auteur-compositeur.
Dark Shores est loin d’être un album désagréable, mais contrairement à ses prédécesseurs, il est trop facile de mettre le doigt sur des artistes qui pourraient avoir influencé sa création. Outre Mark Kozelek qui hante l’œuvre dans son ensemble (et qui s’arrêtera au Il Motore le 5 octobre), on peut aussi y entendre The National (Satellite Moon), Kurt Vile ou même Pearl Jam (Little Wishes) et Iron & Wine époque Women King (Spacestations). Encore là, ce n’est pas si mal. Là, où les choses peuvent se corser, c’est quand Showalter décide de faire un Springsteen de lui-même et de se pencher sur les grandes préoccupations du peuple américain (Last Grains). Dans le genre, disons que le Boss est beaucoup plus convaincant. Sinon, les compositions de Conor Oberst (Bright Eyes, Desaparecidos) ou The Nightwatchman (Tom Morello) se veulent de meilleures options.
Au final, on se dit que Showalter aurait peut-être mieux fait de continuer à faire cavalier seul.
Album en vente sur iTunes et sur sa page Bandcamp.