amigo.the.devil.manimals.epAmigo the Devil
Manimals (EP)

Indépendant
États-Unis
Note : 7.5/10

Une seule écoute de l’artiste folk Amigo the Devil et de son EP Manimals est suffisante pour comprendre à qui l’on a affaire.

Amigo the Devil est un personnage dépravé, un American Psycho de Brett Easton Ellis qui chante Le Cri d’Edvard Munch dans des balades meurtries à la Johnny Cash et où il donne vie à des images horrifiantes, pas tout à fait humaines, tout à fait Guillermo del Toro.

Une seule relecture de cette conclusion est suffisante pour comprendre qu’après tout le name-dropping effectué plus haut, l’homme n’est finalement pas si facile à cerner.

Pour Amigo the Devil, sa musique c’est simplement du Murderfolk. Pour le commun des mortels, c’est surtout mystérieux. Surtout troublant. Troublant parce que même si Manimals est essentiellement glauque il reste par moment tout aussi charmant qu’un Hey There Delilah.

Oui voilà, il s’agit peut-être de la version 18+ et beaucoup moins quétaine de Hey There Delilah. Quoi qu’il en soit, Husband, la première chanson de l’EP, n’est pas si loin de ça.

Les noires paroles que Amigo vient glisser dans les oreilles insouciantes, ce sont des « I hope your husband dies », des « Under the bridge there’s a man who eat kids », des « I took her little finger as a souvenir » et pourtant… et pourtant même lorsqu’il vient hanter les tympans d’un glauque « I‘m capable of making you disapear », on est trop captivé pour ignorer, trop captivé pour ne pas être séduit.

Captivé parce que l’atmosphère musicale assez minimale laisse toute la place aux paroles afin que leurs histoires puissent prendre vie, parce que les silences et les changements de rythme viennent périodiquement monter le suspense d’un cran.

Séduit comme si l’on écoutait The Weeknd et on l’admet sans gêne. Pas qu’on soit psycho ou monstrueux. Loin de là (enfin, j’espère).

Certes de The Weeknd à Amigo the Devil, on passe d’un univers à un autre. Musicalement, du R&B au folk, thématiquement, de l’amour à la violence. Mais là où les deux artistes se rejoignent, c’est que dans un cas comme dans l’autre, ils sont venus altérer les bases habituelles d’un genre musical auquel on se croyait accoutumé pour offrir quelque chose de nouveau. C’est pourquoi l’on est séduit, rafraîchi.

C’est fascinant de voir comment Amigo the Devil a su adapter son folk à la turbulence et aux décors affligeants de ses chansons. Même lorsque le banjo joyeux de Perfect Wife se rapproche d’un folk plus traditionnel, ne vous faites pas avoir, il n’en est rien, ce n’est qu’une excuse pour augmenter de quelques niveaux le sanglant des paroles.

Au final, les histoires de Manimals sont intelligentes et convaincantes. On se retrouve donc avec un très bon EP, qui reste cependant un EP. On attendra donc avidement la suite. D’ici là, tu sais comment bien investir ton prochain 4 $ sur iTunes.

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