EMI
États-Unis
Note : 8/10
Il n’est pas toujours reposant d’avoir régné sur les années 90. Surtout dans le cas de Billy Corgan et de ses citrouilles. Depuis la sortie d’Adore (Virgin, 1998), mais encore plus depuis son échec commercial (qui, soit dit en passant, coïncidait avec le déclin de la vente de disques), les critiques et les fans ont pris la mauvaise habitude de remettre en question chacune des nouvelles idées musicales que le grand rocker de Chicago leurs proposait. Avec Oceania (huitième album complet des Pumpkins et premier avec sa toute nouvelle mouture), Corgan semble bien déterminé à retrouver ses lettres de noblesse.
Pour ceux qui avaient pris la peine de télécharger les deux premiers volets de Teargarden by Kaleidyscope, Oceania n’a rien de surprenant. Il s’inscrit dans la même tangente pop que les deux EP offerts gratuitement en 2010. Il faut dire que cet album représente la pièce centrale de l’ambitieux projet imaginé par Corgan au cours des dernières années. Un album concept de 44 morceaux se développant autour de l’obsession du chanteur pour le tarot. Un album qui ne devait pas vraiment en être un. Puisqu’à la base, il souhaitait présenter les pièces une à une. Une démarche qui obligerait les critiques et les fans à bien écouter chacune de ses créations avant de pouvoir les juger.
Au-delà de toutes ces histoires de concepts (qui sont plus ou moins marquantes), Oceania se veut aussi le premier album des Pumpkins sur lequel on ne retrouve aucun autre membre original du groupe pour l’épauler, Jimmy Chamberlin ayant plié bagages en 2009 après avoir démontré quelques réserves face à certaines décisions prises par Corgan quant à l’intégrité du groupe. Il jugeait que Corgan n’avait pas besoin de vendre les droits de Today à Visa ou bien ceux F.O.I. à Hyundai (durant le Superbowl), afin d’arriver à boucler ses fins de mois… Avec une vingtaine de millions d’albums vendus aux États-Unis seulement, il n’a probablement pas tort.
Après plusieurs écoutes d’Oceania, on serait porté à dire que l’album devrait plaire à ceux qui n’ont été convaincus pas la période mégalomane de Corgan (Machina/The Machines of God, 2000). La dernière phrase pourrait aussi s’appliquer à ceux qui n’ont pas réellement été emballés par sa première incursion électronique en solo (The Future Embrace, 2005) et les longues sessions de jam de Zeitgeist (Reprise, 2007). Sur beaucoup de points, Oceania se rapproche beaucoup plus de Zwan (le supergroupe que Corgan avait fondé en 2001 avec des membres d’A Perfect Circle, Slint et Chavez).
L’album s’ouvre sur un pastiche réussi de Cherub Rock (pièce d’ouverture de Siamese Dream, 1993) et les premières notes de The Chimera démontrent que l’habit d’astronaute aluminium que Corgan portait à l’époque de Rocket est toujours d’actualité. Pour sa part, Pinwheels prouve que sa courte collaboration de 2001 avec New Order aura été profitable (à l’époque, il avait tourné avec le groupe et participé à un morceau de l’excellent Get Ready). Et comme un album des Pumpkins ne peut être concevable sans un long morceau épique, Corgan remédie au tout avec la pièce titre. Un titre aux inspirations gothiques qui est parfait sur disque, mais qui promet d’être interminable en spectacle (ceux qui ont déjà assisté à un concert des Pumpkins comprendront…)
La musique des Smashing Pumpkins est peut-être moins aventureuse et diversifiée musicalement qu’à l’époque de Mellon Collie and the Infinite Sadness (Virgin, 1996), mais il faut rendre à Corgan ce qu’il lui revient. Il vient d’accoucher de sa meilleure galette pop depuis Adore et pour ça, on lui réserve le droit d’utiliser de sa voix nasillarde pour le crier sur tous les toits.
Je les ai vu l’année du split. Le reste c’est pour amuser la galerie. Ce groupe n’est plus, un point c’est tout.
A 45 piges Billy ferait mieux d’oublier le passé…
Je les ai aussi vu pour cette (supposée) tournée d’adieu et c’était loin d’amuser la galerie. Je préfère (et de loin) leurs enregistrements classiques du milieu des années 90, mais je continue de croire qu’un album moyen de Corgan demeure supérieur à bien des trucs encensés par la critique ces jours-ci… Mais bon, la critique est loin d’être une science exacte, c’est plutôt une question de goûts.
Merci de nous lire,
Math