regina.spektor.what.we.saw.from.the.cheap.seatsRegina Spektor
What We Saw from the Cheap Seats

Sire Records
États-Unis
Note : 9/10

 

 Quand une femme arrive à insérer dans un seul et même album de 37 petites minutes une voix grave et aiguë, des mots poignants, une poignée d’onomatopées, du beatbox, un peu d’humour et de coeur brisé, la satisfaction auditive culmine. Regina Spektor nous sert de délicieuses métaphores sur un registre de voix qui n’a d’égal que son talent. What We Saw from the Cheap Seats, son sixième opus réalisé par Mike Elizondo (Eminem, FionaApple) est l’album qui charmera le plus ceux qui avaient déjà Spektor au coeur et qui gagnera l’attention des néophytes.

L’auteur-compositeur-interprète ouvre son album sur Small Town Moon qui s’amorce avec une phrase toute simple d’une mélancolie éloquente : I must have left a thousand times. Elle ébauche ensuite une métaphore filée au sujet de cet endroit étrange situé à l’intérieur d’elle-même. Imagé et senti. Oh Marcello permet de démontrer aux indécis qu’elle sait chanter avec un grand C. Elle s’y amuse avec son trésor vocal telle une enfant à qui l’on a donné carte blanche.

Elle apporte à son public exactement ce que l’on attend d’une musique alternative : suffisamment pop-sucrée pour que la masse puisse l’entendre sans rechigner, mais juste assez éclatée pour garder les connaisseurs dans sa mire.

Dans The Party, Spektor se fait romantique dans une indie pop amoureuse très accrocheuse. La belle chanteuse se fait revendicatrice et remet en question – un peu comme nous tous – les institutions politiques dans Ballad of a Politician. Intéressant. Plus calquée sur ce que l’on était habitués d’entendre sur Far en 2009, Patron Saint n’est pas pour autant désagréable. Une percussion frénétique teinte All the Rowboats, le premier simple de l’album qui se fait un peu plus commercial. Sur Open, on sent la marginalité de la femme derrière toutes ces belles musiques avec un genre de hoquet accentué qui regorge d’originalité. Avec une version franco/anglo de sa pièce Don’t Leave Me Now de 2002, elle manie le français et l’anglais sur une rythmique pop savamment décorée de cuivres et de xylophone.

Deux balades nous accrochent à la première écoute et sont systématiquement en répétition dans le lecteur : Firewood et How. Je vous dirai d’abord que c’est à cause des paroles qui sont un mélange d’honnêteté et de sensibilité : You’ll want to go back. You’ll wish you were small. Nothing can slow the crying. You’ll take the clock off of your wall. And you’ll wish it was lying dans la pièce Firewood et Guess you know by now that we will meet again somehow. Time can come and wash away the pain; I just want my mind to stay the same dans le morceau How. Et je vous confierai ensuite qu’une rythmique de balade jazzée enveloppe ces deux bijoux, faisant de la jeune chanteuse russo-américaine une nouvelle incarnation de Joni Mitchell. Jessica ferme la marche en deux minutes bien rythmées sur un air léger et sentimental de guitare. C’est joli.

La version Deluxe de l’album propose trois pièces supplémentaires dont Call Them Brothers chantée avec le mari de Regina Spektor, Jack Dishel (Only Son). Cette pièce avait été enregistrée sur un album de celui-ci il y a quelque temps. Cette version est magnifique.

What We Saw from the Cheap Seats est une construction qui mêle finesse, humour et mélancolie comme s’ils étaient les trois seuls ingrédients de la meilleure recette connue. Spektor vous offre un de vos albums estivaux favoris. Appréciez le présent.

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