Edward Sharpe & the Magnetic Zeros
Here
Vagrant
États-Unis
Note : 2/10
Le désert est parfois synonyme de néant. Pourtant, il a été à la source des inspirations de nombreux artistes et même de quelques générations. Dans son film Zabriskie Point, le cinéaste italien Michelangelo Antonioni avait dépeint à sa façon une jeunesse américaine révoltée par son époque. Au cœur des années soixante, le réalisateur avait alors imaginé la désormais célèbre Dead Valley comme un refuge pour les jeunes Américains en marge de leur société. Sans autorité et sans surveillance, le gouffre désertique semblait être l’endroit propice pour renouveler le rêve américain sur deux mots simples : Peace and love.
Même s’il s’agissait d’une fiction, le portrait d’Antonioni représentait quelque peu le fantasme qu’avaient de nombreux jeunes idéalistes qu’on surnommait à l’époque les hippies. En 2009, le groupe Edward Sharpe & the Magnetic Zeros a repris ce rêve et l’a mis en application sur le disque Up from Below. Tous les éléments pour une grande fête estivale en plein désert étaient là — bandanas inclus. Au sifflement de la chanson Home, on se laissait tendre au jeu du hippie sans besoins pour qui l’amour est la seule nécessité d’une vie. La simplicité même de cette utopie suffisait pour charmer le plus grognon des auditeurs.
Sur leur nouvel album, Here, les troubadours du désert n’ont rien changé à leur simplicité. La première chanson raconte d’ailleurs l’histoire d’un homme en feu qui n’a d’âme que pour une guitare et quelques pas de danse. Et c’est un peu ce à quoi on s’attend d’Edward Sharpe & the Magnetic Zeros. Il s’agit pourtant de la seule pièce qui aura l’effet voulu sur l’album.
Dans leur joyeuse traversée du désert, la troupe du chanteur Alex Ebert s’est retrouvée légèrement intoxiquée par la folie des années soixante. Et ce n’est pas nécessairement les meilleures chansons de l’époque qui ont inspiré le groupe. En bref, Here est aussi agréable à l’écoute que la chanson Ob-la-di, Ob-la-da des Beatles. Cette même chanson qui avait suscité la grogne lors de l’enregistrement de l’album blanc des quatre mythiques. Cette composition de Paul McCartney était notamment décrite par John Lennon comme une « chanson de merde pour grands-mères ». Sans réutiliser la critique de Lennon, disons que l’album Here d’Edward Sharpe est un disque sans profondeur conçu pour de vieux hippies sur leurs derniers miles. Pour ce qui est des jeunes adeptes du genre, Here est une excellente arme pour éteindre le voyage interstellaire au bout de votre joint.
Le fantasme du désert tombe à plat. En fait, les pièces de ce disque semblent être toutes tirées d’une foire agricole en plein cœur du Midwest américain. L’ambiance est festive, mais désuète. À l’écoute, on peut se dire que Here est un disque aisément dansable. Pourtant, les sept carrés offerts sur cet album ne feront pas l’unanimité. Au moins, les adeptes du groupe pourront descendre leurs bandanas au niveau de leur taille pour en faire des ceintures fléchées.
Edward Sharpe & the Magnetic Zeros nous a promis deux albums pour 2012. Si la promesse se réalise, le groupe pourra regagner l’oreille de ses auditeurs avec des morceaux un peu plus actuels ou tout simplement un peu plus Up from Below. En attendant, la troupe est ici – dans le gouffre de Dead Valley.
Tres bonne critique, il a fait du mouvement hippie son cheval de bataille , et c’est assez limité au final , ca sonne assez « faux »