Garbage
Not Your Kind Of People
V2 Records
Angleterre
Note : 6.5/10
Après 7 ans de silence, à quoi peut-on vraiment s’attendre d’un groupe qui a connu ses belles années entre 1995 et 2000? Dans le cas de Garbage, on ne peut s’attendre qu’à beaucoup de prudence. Not Your Kind of People a visiblement été conçu pour satisfaire les fans de la formation américaine, au prix de l’originalité, de l’innovation et de la cohérence.
Leur premier album éponyme sorti en 1995 rendait un rock alternatif brillant, à la fois éclaté, vaporeux et bruyant. Version 2.0 avait tout pour séduire avec son côté pop savoureux, frôlant par moment le techno. Le disque Beautiful Garbage jouissait d’influences encore inexplorées par le quatuor comme le R&B, alors que Bleed Like Me constituait un retour aux sources vivifiant.
Garbage a réussi à traverser le temps en ajoutant à sa musique une touche d’effets et de sons modernes au fil de ses compositions. On sent cependant cette force s’être épuisée sur ce cinquième opus.
Automatic Systematic Habit, première pièce de l’album, révèle un amalgame de sons électros et industriels non justifiés qui empiète sur une mélodie accrocheuse. Même combat sur Battle In Me qui est parsemé de sons discordants, alors que la voix de la chanteuse est emplie d’effets. Sur I Hate Love le groupe frôle le dance, alors que Man On A Wire rappel maladroitement les Yeah Yeah Yeahs.
L’album contient tout de même quelques bijoux comme Blood For Poppies, Big Bright World et Control, qui sont des morceaux d’une composition complète et efficace. On aime les refaire jouer plutôt que d’écouter l’album en entier et d’un seul trait. Les pièces les plus marquants demeurent Felt et Sugar pour leur trame musicale tourmentée qui rappelle les premiers albums du groupe. Elles laissent aussi davantage place à la voix unique et vaporeuse de Shirley Manson, grâce une structure plus simple et répétitive.
Au final, Not Your Kind of People laisse perplexe. Il y a nul doute que la formation a su y rendre une musique accrocheuse et à son image, mais sans y révéler un son plus mature et élaboré. Garbage, par souci de satisfaire ses admirateurs, demeure ancré dans une musique alternative qui semble dépassée. Ainsi, pour s’assurer de ne pas déplaire, ils ont fait le pari de passer inaperçu en 2012.
