Patrick Watson Adventures In Your Own BackyardPatrick Watson
Adventures in your own Backyard

Secret City Records
Canada
Note : 9/10

Une douce ouverture au piano à la ErikSatie. Puis la voix mielleuse de Patrick Watson se fait entendre, réverbérée, mélodieuse. La guitare, subtile, fait son entrée. On sent que la tension monte quelque peu, au fil des couplets.

Puis, l’éclat. Les cuivres, les guitares électriques, les percussions. Voilà comment on est introduit à la toute dernière offrande des montréalais du groupe de Patrick Watson. Lighthouse, première pièce d’Adventures in your own backyard, promet un disque à plusieurs teintes. Aussi langoureux que, comme de fait, aventureux.

On y retrouve bien sûr la tendresse de Watson, ainsi que sa folie qui le rend si intéressant. Ce mélange gagnant est grandement dû à l’originalité du jeu à la batterie de Robbie Kuster qui, subtilisant son manque d’adresse professionnelle en le remplaçant par une technique peu orthodoxe, rythme à sa façon les chansons. Simon Angell, à la guitare, a tout aussi le crédit du son unique du groupe, de la même façon que Kuster.

Si le précédent opus de Watson, Wooden Arms, se souciait beaucoup (trop) de la finesse arrangements, ici on y va de façon beaucoup plus simple. Au lieu de se perdre dans une instrumentation trop riche et vaste, on se limite aux instruments relativement « de base ». Et on n’y perd rien de la facette ingénieuse du groupe, tellement les musiciens savent aller chercher le maximum d’une seule et même arme. L’ajout ici et là de cuivres, de vents et de cordes ajoutent du coffre aux pièces déjà bien construites. Exit, donc, les bruits de bicyclette, et autre engins dont Wooden Arms était empreint.

Qu’on ne s’y méprenne : j’ai adoré Wooden Arms et son indéniable ingéniosité, mais ici, ce qu’on ne cherche pas dans le bruitage externe, on le retrouve dans un environnement plus terre à terre. Et c’est tout à l’honneur des gars de chez Patrick Watson.

Enregistré minutieusement dans la tranquilité d’un studio-maison, Adventures in your own Backyard nous permet aussi de retrouver l’enchanteresse voix de Watson pratiquement seule avec une guitare à l’arpège (Words in the fire). Mélodique et touchant à souhait. La pièce qui suit, The Things you do, instrumentale, sous grande influence encore une fois de Satie – on ne s’en plaint pas, ici –, nous transporte ailleurs (pardonnez le cliché, mais c’est très vrai).

Adventures in your own Backyard porte d’ailleurs très bien son nom. Non seulement parce que Watson sait s’aventurer musicalement tout en restant en terrain connu, mais aussi parce qu’on nous amène littéralement dans une aventure épique. Notamment dans la chanson-titre, où la valse à la guitare de l’intro laissera lentement sa place aux cuivres et à une ambiance quasi-western, à la John Wayne. On adore.

Il est bien difficile de trouver des défauts à ce disque. Vraiment. Ce serait littéralement de chercher des bibittes là où il n’y en a pas. Les textes sont justes, la voix de Watson bien présente, mais sait laisser sa place aux musiciens, qui remplissent eux aussi leur mandat. Un album riche, où l’intensité des pièces douces et veloutées se mêle à celles plus coriaces et rythmées. Un disque parfait? Je n’irais pas jusque là, quoiqu’il me serait difficile d’en débattre mes raisons.

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